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Présidentielle 2012 : 
à campagne sans passion, 
triomphe du vote blanc ?
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Comme un hic

Aucun candidat à la présidentielle ne semble pour l'instant susciter de véritable enthousiasme populaire. Peut-on alors choisir de ne pas choisir ?

Serge  Federbusch

Serge Federbusch

Serge Federbusch est président du Parti des Libertés, élu conseiller du 10 ème arrondissement de Paris en 2008 et fondateur de Delanopolis, premier site indépendant d'informations en ligne sur l'actualité politique parisienne.

Il est l'auteur du livre L'Enfumeur, (Ixelles Editions, 2013) et de Français, prêts pour votre prochaine révolution ?, (Ixelles Editions, 2014).

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C’est bien la première fois, sous la Cinquième république, que des élections présidentielles suscitent si peu d’enthousiasme. De Gaulle s’imposait par sa stature, Pompidou par son mélange de rouerie paysanne et de sophistication littéraire, Giscard par sa jeunesse réformatrice, Mitterrand 1 et 2 par le rendez-vous qu’il avait fait prendre à la gauche avec l’Histoire, Chirac 1 intriguait grâce à l’Ovni de la droite sociale. Pourtant, à chaque échéance, l’enthousiasme faiblissait déjà. Les choses ont commencé à carrément se gâter avec Chirac 2, élu un 21 avril de sulfureuse mémoire. Nicolas Sarkozy, en 2007, a interrompu ce processus de désenchantement. Il a donné le sentiment de bouleverser les codes en lançant un « enrichissez-vous » à la Guizot que la société française ne croyait plus entendre en ces temps de langueur économique. Mais ses promesses de rupture ont fait long feu. L’enrichissement à fait place à la précarité accrue. Et le désarroi est revenu au galop.

Aujourd’hui, aucun candidat ne fait rêver, ni même espérer.

Nicolas Sarkozy : "l'homme du passif"

Revenons à Sarkozy. Qu’est-ce qui n’a pas marché, au fond ? Passons sur les épisodes malheureux du Fouquet’s, du yacht de Bolloré et autres Epad ou sur le « Casse toi pov’ con » lancé à un imbécile qui le méritait bien. Si la croissance était revenue et avec elle la hausse du pouvoir d’achat, tout ceci serait déjà oublié ou au moins pardonné. Mais ce retour à meilleure fortune n’a pas eu lieu et Sarkozy se voit reprocher par l’opinion d’être un homme du passif, pour reprendre la cruelle formule de Mitterrand à Giscard en 1981.

En réalité, Sarkozy, tout en campant un rôle de réformateur, a tout fait pour défendre un équilibre européen et des institutions communautaires qui entravaient sa capacité de réformer. Le jour où Jean-Pierre Jouyet est venu siéger au gouvernement, le président était cuit. C’était en effet le retour de la « haute énarchie » ayant pour l’Europe bruxelloise et francfortoise la foi du charbonnier. Dans son intervention multi-télévisée de dimanche dernier, Nicolas Sarkozy, prisonnier de ce système, a égrené des mesures technocratiques auxquelles on peut facilement rétorquer : « trop peu, trop tard ». A quoi bon réduire les cotisations patronales pour diminuer marginalement le coût du travail quand l’euro reste surévalué de plus de 20 % face au dollar et de 50 % face au Yuan ? Les économies qui fonctionnaient avec une monnaie « faible » ne peuvent s’en sortir. Outre-Rhin, on ne veut pas soulager leurs misères et payer pour la Grèce, l’Espagne, le Portugal ou même la France. Le système est donc condamné à terme et ses partisans avec lui. La Banque centrale peut monétiser la dette publique autant qu’elle voudra, ces problèmes structurels de compétitivité demeureront. Au fond, c’est ce sentiment d’impasse qui plombe la candidature du président sortant et la prive de tout effet d’entraînement.

François Hollande : "politicien roublard et électoraliste"

S’agissant de François Hollande, l’enthousiasme n’y est pas davantage. Nous avons affaire à un « petit malin », un de ceux qui précisément ont mis la France dans l’état où elle se trouve, fonctionnaire reconverti en politicien roublard et électoraliste. D’un côté, on sous-estime les dépenses, de l’autre on surestime les recettes, on parie sur un improbable retour de la croissance (pourquoi reviendrait-elle dans une Europe plombée par l’Euro ?), on glisse quelques formules vipérines contre Sarkozy et l’on se contente d’attendre qu’il se casse tout seul la figure. Pourquoi se gêner ? « Sarkozy dégage ! » est un slogan qui suffirait à son électorat.

Dès lors, le candidat socialiste avance masqué sans rien dire de ce qu’il fera quand la situation européenne empirera. Du reste, il ne le sait pas. S’il a de la chance, la chose se produira peu de temps après son élection et il pourra jouer à l’innocent. Sinon, il sombrera avec ses camarades.

François Bayrou : "Ni à droite, ni à gauche : nulle part"

François Bayrou ? Qui est-il ? Que dit-il ? Il n’a pu décoller, en 2007, que parce que Ségolène Royal effrayait l’électorat socialiste modéré et que Sarkozy inquiétait la droite tiède. Aujourd’hui, ni Hollande ni Sarkozy ne font peur : le cercle de la raison est déjà occupé. Et Bayrou ne propose rien, lui non plus, de radical sur le sujet européen qui fâche. Ni à droite, ni à gauche : nulle part !

Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon : moins orthodoxes, mais qui mènent à une impasse

L’élan serait-il du côté de Marine Le Pen ou de Jean-Luc Mélenchon, moins orthodoxes certes ?

La première rassure davantage que son père mais son aspect « héritière de Saint-Cloud » galvanise moins son électorat que les éructations et le côté garnement provocateur de papa, plus distrayant et authentique. Elle a des chances non nulles d’être au deuxième tour mais il est encore trop tôt pour qu’elle puisse transformer l’essai. En revanche, elle constituera une vraie menace en 2017. Quant à l’ex sénateur Mélenchon, on le sent trop soucieux de négocier au mieux avec le PS des investitures législatives. S’il ne le faisait pas, ses alliés communistes l’y forceraient bien vite.

On comprend au total pourquoi les Français sont aussi perplexes face à ces élections « pour rien » et pourquoi le vote « blanc » devrait être la conclusion logique de ce tour d’horizon. Ceux qui prônent la prise de distance avec l’Union européenne n’ont pas les moyens politiques et intellectuels de l’organiser et ceux qui pourraient les avoir ne veulent pas prendre leur distance. Les Français ont le sentiment diffus qu’on leur demande de choisir entre un Monti ou un Papademos bien de chez eux. Mais attention ! La frustration ne donne jamais rien de bon. Surtout en France.

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