Infrastructures déjà délabrées et pollution à haute dose : les JO de Rio 2016 sont-ils un échec avant même d'avoir commencé ?<!-- --> | Atlantico.fr
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L'organisation des jeux de Rio a entraîné une métamorphose de l'aménagement de la ville. Mais faute de temps et de réflexion, cette opération de lifting urbain a été entachée de plusieurs erreurs chirurgicales, sans anesthésie.
L'organisation des jeux de Rio a entraîné une métamorphose de l'aménagement de la ville. Mais faute de temps et de réflexion, cette opération de lifting urbain a été entachée de plusieurs erreurs chirurgicales, sans anesthésie.
©Reuters

Jeux dangereux

Alors que les athlètes du monde entier viennent de déposer leurs valises au village olympique, de nombreux problèmes témoignant d'une organisation négligée et de travaux bâclés noircissent un scénario déjà largement évoqué : l'échec des jeux de Rio.

Le faux départ des JO de Rio est pressenti depuis longtemps. Depuis plusieurs mois, les facteurs négatifs s'accumulent et laissent pressentir un fiasco total. En plus de la pollution et du risque de propagation du virus Zika, les économistes ne sont pas optimistes quant au potentiel coup de fouet économique que ces olympiades pourraient donner au pays. "Économiquement, pour un pays en voie de développement, vouloir accueillir les Jeux olympiques est une perte de temps. [...] Ce n'est tout simplement pas rentable", avertissait l'économiste du sport Andrew Zimbalist dans les colonnes du site Inverse. Chronique d'un échec annoncé.

Pollution et dopage

Les Jeux olympiques se suivent et se ressemblent de plus en plus. Présentés comme de significatives mannes financières et moyens de lier les nations grâce au sport, ces jeux n'ont plus d'olympique que la hauteur de la pile des dossiers à charge qui s'accumulent contre eux. Coupables de plonger certains des pays qui les organisent dans la récession, d'être en partie faussés par les nombreux cas de dopage et d'être organisés dans l'opacité la plus totale, ces jeux sont pour le moins dangereux. Ceux de Rio, sauf miracle, devraient être voués à l'échec.

Récemment, les polémiques se sont multipliées. La présidente Dilma Rousseff a été suspendue de ses fonctions le 12 mai 2016 car embourbée dans une procédure de destitution pour maquillage de comptes publics, la délégation olympique russe a été amputée de nombreux membres à la suite du rapport McLaren ayant révélé un dopage d'Etat dans le sport russe et de nombreux rapports déplorent la pollution de l'eau de Rio jugée 1,9 million de fois trop polluée, pouvant déclencher de graves infections chez les athlètes qui devraient selon ce pédiatre interrogé par The New York Times, "littéralement nager dans la merde humaine".

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Médiocrité des installations et insécurité

Les athlètes ont d'ailleurs pu se rendre compte par eux-mêmes de la médiocrité des installations. De nombreuses délégations olympiques ont pointé du doigt le village olympique dans lequel sont à déplorer de multiples ratés : fuites d'eau, manque criant de finitions, toilettes bouchées. Les délégations australienne et brésilienne ont qualifié les chambres d'"inhabitables" tandis que les athlètes chinois ont partagé les photos de ces défauts sur les réseaux sociaux. Une situation que de nombreux médias brésiliens attribuent à des ouvriers mécontents des retards de leurs paiements salariaux. En outre, quelques 150 plaintes ont été déposées par des athlètes danois à la suite de vols au sein-même du village.

Et la liste est encore longue : malgré une démonstration de force de la part des autorités brésiliennes qui ont mobilisé pas moins de 85 000 hommes (soit deux fois plus qu'aux JO de Londres en 2012) ainsi que l'arrestation de suspects liés à Daech, la question de la sécurité pose problème, alors que le pays "n'est absolument pas familiarisé avec le terrorisme international", indiquaitThe Washington Post. Selon de nombreux journalistes locaux, cette présence policière accrue est inutile et inégalement répartie : "Il y a plus de police et la présence de l'armée, mais c'est bien pour les parties riches de la ville. Dans les favelas, ils sont toujours aussi violents. […] Plus de police égale plus de violence", confiait l'un d'entre eux à Grazia. Un écran de fumée qui n'arrange donc rien au climat social déjà délétère que les Brésiliens vivent, dégoûtés par la classe politique. Selon eux, il ne s'agit que d'un embellissement éphémère qui laissera place à la fin des jeux à l'état habituel d'insécurité et de violence.

Gestion urbaine incohérente

Enfin, comme le détaille cet article de The Conversation, l'organisation des jeux de Rio a entraîné une métamorphose de l'aménagement de la ville. Mais faute de temps et de réflexion, cette opération de lifting urbain a été entachée de plusieurs erreurs chirurgicales, sans anesthésie. Tout d'abord, les grands chantiers ont donné lieu à de nombreux arrangements et pots de vin. Le budget originellement alloué a été largement dépassé (voir document) bondissant de 40% depuis le début des travaux pour atteindre quelque 10 milliards d'euros, le tout dans l'opacité la plus totale, comme en témoigne le mémoire rendu par la doctorante Lidia Quieto.

Afin de mener à bien la construction des infrastructures et des voies de transport, des dizaines de familles ont été expulsées de chez elles. Les habitants de la favela de Vila Autodromo en banlieue de Rio ont longtemps résisté avant de finir par abandonner leurs foyers, détruits à coup de bulldozers. Même en centre-ville, 22 059 familles ont été forcées de trouver un autre logement. Une gentrification de grande ampleur qui risque de poser problème une fois les JO terminés et les riches touristes rentrés chez eux.

Certains bâtiments tels que des musées ont été construits pour l'occasion. Le Musée d'art de Rio et le Musée de Demain (consacré aux technologies) auraient pu être de bonnes idées, si seulement l'un ne demeurait pas inachevé la veille des jeux et l'autre n'était pas qu'une structure squelettique disgracieuse vouée à ruiner vos photos de vacances à Rio. Alors oui, la mise en place d'un vrai réseau de transport est un succès. À l'exception près que la dislocation d'une partie d'une piste cyclable aérienne a causé la mort de trois cyclistes.

Plus le temps de tergiverser dorénavant. À vos marques, prêts, partez ! 

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