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Après l'attentat de Nice, l'Elysée peine à garder les rênes du pays
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Atlantico Business

Les rares chefs d’entreprise qui ont encore des contacts avec l’Elysée se demandent vraiment comment le régime va pouvoir tenir jusqu’en 2017 et surtout pour faire quoi ...

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Personne ne se fait plus d’illusions à gauche sur la capacité du triumvirat qui tient le pouvoir en France, à redresser la barre de ce bateau, transformé en galère qui prend l’eau de toute part.

La catastrophe terroriste de Nice a bouleversé tous les plans et toutes les dernières perspectives que le pouvoir en place essayait de dessiner.

Personne n’avait imaginé un attentat aussi fou et aussi destructeur. Après le Bataclan, on pensait avoir atteint le sommet de l’horreur.

Ce camion assassin a prouvé qu’il existait des actes encore plus violents, encore moins prévisibles.

L’attentat de Nice a fini par déboussoler complètement le pouvoir. Du moins, les hommes forts du pouvoir qui se révèlent de plus en plus perdus.

François Hollande qui espérait passer quelques jours de tranquillité en cette fin juillet, début août a été cueilli complètement à froid. Depuis cette funeste nuit du 14 juillet, il s‘agite comme un papillon pris dans les phares d’une voiture. Il tourne en rond, il parle tous les jours, sans rien dire, prouvant de plus en plus qu’il n’est plus capable de restaurer la confiance de l'opinion autour de lui, ce qui était encore le cas au moment du Bataclan.

En deux semaines, il a réuni un conseil de sécurité par jour ou presque. Il a fait prolonger l’état d’urgence alors qu’il venait d’en annoncer la levée, et recherche désespérément les moyens d’enrayer ce type de risques sans les trouver.

Manuel Valls lui, s’est refugié dans le rôle où il a encore le plus de talent : les actes et les discours d’autorité. Sauf qu’il n’a pas de projets, pas d’outils pour exercer cette autorité à partir du moment où il s’est engagé à ne pas changer la loi. Donc, lui aussi, tourne en rond.

Bernard Cazeneuve, le ministre de l'Intérieur, le dernier en qui les Français avaient globalement confiance, vient de se prendre les pieds dans le tapis de la communication sur l’attentat de Nice. Obligé sans doute d’expliquer trop rapidement, il a, coup sur coup, parlé trop vite. Quand il annonce que l’auteur de l’attentat de Nice s’est sans doute radicalisé dernièrement, il ment ou change un peu la vérité. En vrai, il n’avait pas d’informations.

Quand il soutient contre vents et marées que la police nationale a fait son travail, il ne savait sans doute pas que les bandes vidéo et les témoignages apporteraient la preuve que les voitures de police n‘étaient pas sur les lieux du drame pour empêcher le camion d’entrer dans la zone piétonne. Plus grave, il y avait forcément des gens qui, au plus haut sommet de l’Etat (l’Elysée ou Matignon) savaient ce qui c’était passé et ne l’ont pas transmis au ministre de l'Intérieur.

Ce faisant, c’est lui qui porte le chapeau des mensonges dans la communication. Et c’est lui qui n’a donc pas beaucoup d’autres solutions, que de préparer une lettre de démission.

Après avoir plutôt bien endossé le rôle de premier flic de France, le ministre de l'Intérieur se prépare à jouer celui de fusible.

Les autres ministres, poids lourds du gouvernement sont aux abonnés absents. Le ministre de la Défense n'a toujours pas expliqué ce que faisaient les deux militaires français quand ils ont été tués en Irak la semaine dernière malgré la demande pressante du sénateur Gérard Longuet au nom de l’opposition. Ils ne pouvaient pas être là-bas par hasard.

Le ministre des Affaires étrangères est complètement invisible et muet. Alors Jean Marc Ayrault ne s’est certes jamais distingué par un charisme fulgurant en période de crise, mais, il semblerait qu’à l’heure où les offensives de l’Etat Islamique reprennent de plus belle, il aurait pu avoir un éclairage à fournir.

Paradoxalement, le ministre qui continue d’être sous les feux des projecteurs est celui qui est par sa fonction un des moins concernés : le ministre de l’Economie. Emmanuel Macron continue de battre la campagne puisque ce lundi, il doit être à Nice pour remonter le moral des professionnels du tourisme.

Emmanuel Macron qui aurait dû démissionner avant l’été, a, semble-t-il reporté sa sortie du gouvernement à septembre juste après la présentation de la loi de finances.

Selon son entourage, Emmanuel Macron et ses amis sont toujours sur un scenario où le président de la République serait dans l'impossibilité de se représenter. Dans ce cas, il s’engagera et c’est bien ce que redoute Valls.  

La grande différence entre Macron et Valls est quasi générationnelle. Manuel Valls raisonne dans le cadre d'une logique de parti politique qui devrait le porter à la Présidence. Il raisonne comme un apparatchik (qu’il est) et vise principalement la présidentielle de 2022.

Macron qui ne s’affirme plus, tel un potache, ni de gauche, ni de droite, considère, lui, qu’il ne peut pas attendre 2022. A ce moment là, il sera trop tard pour réformer la France et la mettre en ligne avec les enjeux de la modernité. C’est en 2017 qu’il faut agir, pas après.

Sur le terrain des réformes et des moyens, Macron s’est beaucoup plus inspiré de Fillon que de Juppé.

Pour la majorité des politiciens, Macron est un peu un extra-terrestre qui estime que la clef de la sécurité du pays, c’est de retrouver sa puissance économique, pour le pays et pour ses habitants.

On est à cent lieues de la préoccupation déclarée des militants de droite comme de gauche. Mais qui sait si l'opinion n’est pas également préoccupée par ses intérêts quotidiens.

Si la gauche est complètement fracassée, sans projet alternatif à celui qui a échoué, sans ambition, sans cohérence et sans chef ... la droite est en train de se structurer autour des politiques sécuritaires.

C’est important parce que le travail au niveau des programmes de politique économique a été fait. On sent bien que les mesures économiques qui devraient être prises par le leader de droite qui sortira des urnes, sont en gros celles qu’il faudra absolument développer même si les opinions publiques s'y opposent. Même si les lobbies font de la résistance.   

De façon assez étonnante, le climat très sécuritaire va permettre à la droite de faire passer des réformes économiques un peu difficiles. Pour être en sécurité, mieux vaut être prospère que pauvre et malade comme nous le sommes actuellement. Et si pour être prospère, il faut sacrifier quelques rentes et casser quelques privilèges, l’opinion publique l'acceptera.

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