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Pourquoi la Chine voit rouge depuis la victoire du parti de Shinzo Abe aux élections législatives japonaises
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Soleil-Levant

En s'assurant la majorité à la chambre haute du Parlement nippon, le Premier ministre Shinzo Abe est maintenant en mesure de réformer la Constitution imposée par les Américains au sortir de la Seconde Guerre mondiale.

Le Japon est en train de tourner une page de son histoire. En remportant les élections législatives à la Chambre des conseillers le 10 juillet 2016 après celles de la Chambre des représentants en 2014, le Premier ministre Shinzo Abe s'est assuré une majorité confortable à la Diète, le Parlement bicaméral nippon. De quoi lui permettre de réaliser un vieux rêve originellement porté par son grand-père Nobusuke Kishi, ancien Premier ministre : réformer la Constitution rédigée après la défaite de 1947 sous occupation américaine, considérée comme une humiliation par les nationalistes de l'archipel, rapporte le site Quartz.

Nationalisme familial

Le neuvième alinéa est le point le plus sensible : l'article 9 de la constitution japonaise impose aux Japonais de renoncer à jamais à la guerre, de ne plus avoir recours à la force comme moyen de règlements des conflits internationaux. Cette sanction faisait suite aux crimes de guerre commis par l'armée et la marine impériales japonaises, appelés également "holocauste asiatique".

Si Shinzo Abe est le président du Parti libéral-démocrate (PLD), positionné en centre-droit, il est également membre du lobby ouvertement révisionniste  Nippon Kaigi, considéré comme la plus grande organisation d'extrême-droite du Japon dont faisait également partie son grand-père. Le Premier ministre a ainsi toutes les cartes en main pour lancer le processus de réforme constitutionnelle. Cela se traduirait par une émancipation militaire japonaise plus décomplexée, alors que depuis 2015, les troupes japonaises d'auto-défense peuvent être utilisées pour soutenir un allié.

Des vagues en mer de Chine

Et paradoxalement, les Etats-Unis accueillent bien la nouvelle. En effet, le rival américain a depuis la fin de la guerre lié une amitié forte avec le pays du Soleil-Levant, amenée par le Traité mutuel de sécurité de 1951 puis scellée par le Traité de coopération mutuelle et de sécurité. Les relations sino-étasuniennes et sino-japonaises, en revanche, sont plus compliquées. Alors que la puissance chinoise ne cesse de croître, les Etats-Unis voient dans le Japon un point d'appui important pour renforcer leur présence militaire dans le Pacifique. De son côté, le Japon devrait durcir le ton envers la Chine au sujet de leur différend sur la souveraineté des îles Senkaku, en mer de Chine.

Opposition pacifiste

Cependant, le chemin de la révision de la Constitution ne sera pas facile pour le Premier ministre. D'après un sondage mené par The Asahi Shimbun, plus des deux tiers des Japonais sont hostiles à la remilitarisation de leur pays, alors que le traumatisme d'Hiroshima est encore dans les esprits. Au sein du Parlement, l'opposition démocrate s'est alliée à de petits partis, notamment le Parti communiste japonais, afin d'empêcher les partisans de la réforme de l'emporter, indique La Tribune.

Pour le moment, Shinzo Abe cherche à ne pas précipiter les choses, en centrant l'attention médiatique sur ses fameuses mesures économiques, les Abenomics. Le Premier ministre devrait avancer dans l'ombre, comme il sait le faire : lors des dernières élections de la Chambre des conseillers de 2013, son parti avait fait passer une loi sur les secrets d'Etat qui n'était pas mentionnée dans le programme présidentiel de M. Abe. 

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