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François Hollande, 
Dieu et les hommes
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EDITORIAL

Après sa prestation au Bourget, François Hollande a dévoilé ce jeudi ses 60 propositions pour la France. Retour sur certaines ambiguïtés de son discours.

Yves Derai

Yves Derai

Yves Derai est éditorialiste à Atlantico. Chaque semaine, il écarte les lourds rideaux de velours des palais de la République pour nous en révéler les secrets.

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Avant les 60 propositions de ce jeudi, François Hollande avait déjà marqué les esprits lors de son discours du Bourget. Quel cocktail paradoxal ! Aussi bien réussir l’exercice dans la forme, faire taire d’un coup d’un seul les mauvaises langues le disant dénué de charisme, d’autorité. Et à ce point se manquer sur le fond, mélanger des notions n’ayant rien à voir les unes avec les autres, conférer aux mots un sens qu’ils n’ont pas ou plus de sens qu’ils n’en ont. Je ne m’appesantirai pas sur l’attaque en règle contre « le monde de la finance », déconnectée de la réalité, démagogique, globalisante, là où l'on attend d’un candidat à la présidence de la République favori des sondages de la précision chirurgicale, voire même – on peut rêver – de la subtilité.

En écoutant ses lieutenants décrypter ces derniers jours le message de leur champion, j’ai compris qu’en réalité, François Hollande visait la spéculation sauvage. Il aurait dû se montrer plus clair. En outre, s’appuyer sur la vitesse des transactions pour conforter son propos relève aussi de la facilité. A l’heure du numérique, d’Internet et de la dématérialisation tous azimuts, tout va très vite. Les journalistes qui travaillent sur des médias en ligne le savent mieux que quiconque : ce n’est pas parce que l’information peut être publiée en un éclair qu’il faut en perdre la maîtrise.

Mais une phrase passée inaperçue m’interroge plus encore que ces considérations sur cette horrible « finance » à laquelle François Hollande, soit dit en passant, a quand même eu recours lors des quelques opérations immobilières qui lui ont permis de constituer un joli patrimoine : « Le rêve français, c’est la confiance dans la démocratie, la démocratie qui sera plus forte que les marchés, plus forte que l’argent, plus forte que les croyances, plus forte que les religions ! » Pourquoi opposer la démocratie aux « croyances » et aux « religions » ? La laïcité que souhaite promouvoir François Hollande dans son programme est-elle vouée à entrer en conflit avec les cultes et leurs pratiquants ou, au contraire, instaurer le respect de chacun quelle que soit sa confession et ses convictions religieuses ?

Dés le début des son allocution, avant d’annoncer son intention d’inscrire la loi de 1905 séparant les Eglises de l’Etat dans la constitution, le leader socialiste a pratiqué un autre amalgame inquiétant, affirmant que « présider la République, c’est préserver l’Etat, sa neutralité, son intégrité, face aux puissances d’argent, face aux clientèles, face au communautarisme ». Une bien trouble association d’idées ! Quels liens cherche-t-il à établir entre les « puissances d’argent » et le « communautarisme » ? Cible-t-il certains pays du Golfe qui financent des organisations islamistes sévissant sur notre territoire ? Nous n’en saurons rien.

En réalité, je pense que le candidat socialiste a suscité des ovations à bon compte, quitte à tailler ses formules à la hache.

« J’aime les gens quand d’autres sont fascinés par l’argent » a-t-il lancé, fier de sa charge contre son rival, Nicolas Sarkozy, qu’il a évité de nommer pendant plus d’une heure. Mais que sous-tend cette lourdingue allitération en « gens » ? Que celui qui gagne de l’argent, parfois en prenant des risques, souvent en créant des emplois, serait forcément dépourvu d’humanité ? Notre tradition judéo-chrétienne invite le riche à faire preuve de solidarité vis-à-vis de celui qui souffre. François Hollande s’en est sensiblement écarté, dimanche dernier, au Bourget.

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