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Les secrets français qui expliquent pourquoi le pays n’est pas obèse-land
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Dans une enquête menée récemment, l'ANSES se pose la question des spécificités des habitudes alimentaires des Français pour expliquer sa résistance face au surpoids et à l'obésité.

Arnaud Cocaul

Arnaud Cocaul

Arnaud Cocaul est médecin nutritionniste. Il est membre du Think Tank ObésitéSIl a dernièrement écrit Le S.A.V. des régimes aux éditions Marabout.

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Atlantico : Dans une enquête menée récemment, l'ANSES se pose la question des spécificités des habitudes alimentaires des Français pour expliquer sa résistance face au surpoids et à l'obésité. Portions, aliments, alcool, etc. Parmi les 8 habitudes décelées, quelles sont, selon vous, les observations les plus pertinentes de la part de l'Agence ?

Arnaud Cocaul : Je pense que le plaisir alimentaire reste fondamental chez les mangeurs français et qu’à peine ¼ de la population surveille son alimentation. On mange de tout en France mais on note qu’un quart des répondants (étude INCA 2) appartiennent au groupe des petits mangeurs; et donc font attention à manger de tout mais en petits volumes. Cette notion de portion adaptée à nos besoins énergétiques quotidiens me paraît fondamental et bon nombre de Français en ont conscience.

Dans cette étude, nous apprenons que parmi les habitudes qui permettent aux Français d'être moins gros, il y a l'idée qu'ils ne renoncent ni au fromage, ni à la viande rouge, et qu'ils consomment cette dernière de manière raisonnable. Pourtant depuis des années, les campagnes sensibilisent les Français à la consommation d'aliments gras et sucrés. Dans quelle mesure est-il nécessaire de rappeler que les aliments transformés, industriels, ou ceux servis dans les fast-foods sont plus mauvais pour la santé que la fondue ou encore le boeuf bourguignon ?

Notre mode de vie change : bon nombre de personnes travaillent en ville mais habitent de plus en plus loin, en périphérie des villes où le prix des loyers est plus décent et où le cadre de vie est plus plaisant. Les grandes surfaces sont nombreuses dans ces coins et incitent les gens à faire des grosses courses hebdomadaires, faute de temps en semaine au risque de privilégier des plats préparés industriels plus riches en calories et moins intéressant nutritionnellement parlant. Les Français cuisinent plutôt le week-end et expédient plus la préparation en semaine (le manque de temps est le premier argument). 

Les personnes en précarité économique raccommodent les restes mais ont une alimentation plus monotone, moins diversifiée. La lutte contre la pauvreté est un impératif de bonne santé de nos concitoyens en parallèle d’une éducation au goût.

Quelles sont les spécificités de la lutte contre le surpoids et l'obésité en France comparé à d'autres pays comme les Etats-Unis, l'Allemagne ou encore la Grande-Bretagne ?

En France, nous sommes plus penchés sur le partage alimentaire (ce qu’on appelle la commensalité) et non sur le manger solitaire et fonctionnel.

Les pays anglo-saxons voient la nourriture comme un assemblage d’éléments fonctionnels tandis que la France met en avant le plaisir gustatif et le plaisir de manger ensemble. La différence culturelle majeure est là et tant que nous cultiverons ce particularisme dans le cadre du repas traditionnel français, à la manière du banquet final des albums d’Astérix, nous nous en sortirons mieux au niveau des chiffres de l’obésité.  

Il faut continuer à voir l’alimentation sous le prisme du plaisir alimentaire et non sur le côté médical car on médicalise trop la nourriture, et les successions de crises sanitaires renforcent la défiance et encouragent les diktats alimentaires prônés par des gourous autoproclamés . Pour lutter contre l’obésité, il faut renforcer les propositions d’activité physique et renforcer le commerce de proximité et le lien avec les producteurs locaux. La richesse du terroir français et la multiplicité des saveurs locales sur le territoire hexagonal sont une chance dans cette lutte. 

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