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Petit parfum de dépression sur les vacances d’été 2016 des Français
©Reuters

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Les vacances se suivent mais ne se ressemblent pas ! Cet été, les destinations changent sous l'impulsion de la géopolitique, les pratiques sous l'influence des nouvelles technologies et les motivations selon l'humeur très fluctuante des Français.

Jean-Michel Hoerner

Jean-Michel Hoerner

Jean-Michel Hoerner, professeur de géopolitique émérite et président honoraire de l'Université de Perpignan, enseignant-chercheur à l'IDRAC-IEFT, auteur avec Catherine Sicart de Tourisme, une affaire de classe (Balzac Editeur, 2015)

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Atlantico : A-t-on déjà une idée des destinations des Français pour cet été ? Plage ou campagne ? Etranger ou France ?

Jean-Michel Hoerner : Les destinations de vacances des Français pendant cet été 2016 seront sans doute liées au climat qui est détestable depuis des mois, aux inquiétudes dues au terrorisme qui est toujours présent et aux conditions sociales qui ne se sont pas améliorées. On sait que les trois quarts des Français prennent des vacances surtout en France, où la campagne a toujours beaucoup de succès, et les plages, si le temps s’améliore, seront sans doute également assez recherchées. Il est certain, en tout cas, que l’année 2016 ne sera pas un grand crû, comme l’indiquent les actuelles réservations hôtelières : elles ne concernent pas la majorité des touristes mais leur baisse significative donne la tendance.

Que veulent les vacanciers pour 2016 ? Ont-ils des attentes particulières ?

On peut avoir l’impression que, cette année, les Français ne sont pas très ambitieux dans leur choix de vacances. Cela est dû probablement au terrorisme ambiant qui est très décourageant. Certes, les menaces ne sont pas insupportables mais l’ambiance se prête mal aux voyages de loisirs. On le constate, par exemple, à propos de la compétition de football de l’Euro 2016 : bien qu’il y ait beaucoup de visiteurs, notamment étrangers, et finalement peu de problèmes de sécurité pour l’instant, on a le sentiment de vivre une distraction par défaut ! Le cœur n’y est pas et le vote du Brexit au Royaume-Uni semble rendre la fête encore plus impossible… Il suffit de regarder le cours des actions du groupe hôtelier AccorHotels en Bourse : malgré l’intérêt d’investisseurs chinois, il ne cesse de baisser. Même financièrement, le cœur n’y est pas !

En cette période difficile, partir en vacances est une vraie dépense : quel budget les Français comptent-ils consacrer à leurs vacances en 2016 ?

Le tourisme est la première activité économique mondiale et française. Par exemple, les touristes français dépensent près de 50 milliards d’euros en France et plus de la moitié de cette somme à l’étranger : c’est considérable. Certes, cette année pourrait conduire à moins de dépenses mais ce sera tout de même de cet ordre. On oublie de dire que 15% de la population seulement consacre un budget important à ses voyages touristiques et que cet engagement reste peu lié à la conjoncture. Le tourisme de masse, qui existe toujours, n’est plus un phénomène important et c’est pourquoi, avec mon amie Catherine Sicart, on a écrit un livre sur le Tourisme, une affaire de classe (Balzac Éditeur, 2015). Par conséquent, les facteurs qui contrarient les voyages sont d’ordre plus géopolitique : les revenus, la sécurité, l’ambiance générale par exemple. Nous vivons des temps difficiles et si une activité peut être reportée, c’est bien le tourisme !

Quels outils privilégient-ils pour préparer leurs vacances ?

Ou les vacances restent coutumières et se ressemblent année après année, ne nécessitant pas beaucoup d’engagement. Ou, au contraire – mais ce ne serait peut-être pas le cas cette année – elles requièrent beaucoup de préparatifs. Par exemple, pour les séjours les plus sophistiqués, notamment à l’étranger ou qui exigent un hôtel, les touristes français font appel aux réseaux internet et, notamment aux sites de réservation en ligne. Ils peuvent même chercher des hébergements collaboratifs grâce à Airbnb ou Abritel, ce qui donne plus de piment à leurs voyages. Il est possible que ces nouveaux engagements augmentent le désir de partir et de privilégier les découvertes. Cependant, une fois encore, ce sera la classe moyenne supérieure qui choisira cette voie. Cela pourrait être notre conclusion : nous ne sommes pas dans un contexte favorisant les voyages et donc le tourisme, mais nous pensons que la diversification des choix, les nouvelles réservations, des sites inconnus ou jadis peu accessibles qui s’offrent à tous, peuvent révolutionner la traditionnelle activité des vacances d’été.

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