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Sadiq Khan : l’étrange complaisance de la gauche
©Capture d'écran Youtube

Censure

Le maire de Londres, Sadiq Khan, a d’ores et déjà commencé à prendre des mesures qui ne manquent pas d’inquiéter. Pourtant, la France, et singulièrement la gauche française, observent un étrange silence sur des décisions qui témoignent d’une intention claire de modifier les représentations occidentales.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Sadiq Khan et les femmes sveltes

Il l’avait dit pendant sa campagne électorale : Sadiq Khan n’aime pas les femmes sveltes et veut lutter contre leur représentation publicitaire. Il a donc ordonné à la compagnie publique londonienne de transports en commun de boycotter les publicités incitant les femmes à avoir un corps parfait.

As the father of two teenage girls, I am extremely concerned about this kind of advertising which can demean people, particularly women, and make them ashamed of their bodies. It is high time it came to an end".

Nobody should feel pressurised, while they travel on the Tube or bus, into unrealistic expectations surrounding their bodies and I want to send a clear message to the advertising industry about this.”

<En tant que père de deux adolescentes, je suis fortement inquiet par ce type de publicité qui peuvent humilier les gens, particulièrement les femmes, et leur donner honte de leur corps. Il est grand temps que cela cesse.

Personne ne devrait subir la pression, quand il voyage en métro ou en bus, de ces attentes irréalistes à propos de son corps et je veux envoyer un message clair à l’industrie publicitaire à ce propos.>

Et voilà comment la censure se justifie au nom du respect de la femme et de son corps, antienne bien connue de tous ceux qui justifient le voile islamique.

Le journal islamique Katibin s’en est d’ailleurs félicité :

Malgré les critiques de personnes dénonçant faussement la volonté du maire de confession musulmane de vouloir imposer les règles islamiques, saluons cette initiative visant à redonner confiance à la femme et à bannir ces représentations qui s’avèrent être idéalisées mais en aucun cas le reflet de la gente féminine actuelle.

Le même Katibin.fr publiait fin avril 2016 un plaidoyer pour le voile qui disait notamment ceci :

Dieu donne de la valeur et de la dignité à la femme en lui demandant de se couvrir et de n’exposer ses atouts qu’aux personnes les plus proches. Son corps n’est pas un objet, sa beauté n’est pas un moyen de rentabiliser des produits ou d’attirer les regards sur des spots publicitaires. La femme est bien plus que cela, elle a bien plus de valeur. (…)

Pour moi, être féministe, ce n’est pas s’exposer à moitié nue pour réclamer ses droits. Etre féministe c’est avoir le contrôle sur qui je suis, sur mon identité en tant que femme, sur ce que je veux exposer ou non de mon corps ou de ma beauté.

On retrouve bien ici la parenté étroite, pour ne pas dire le cousinage, entre la morale féministe et la morale islamiste.

Et on saluera aussi l’habileté du maire de Londres à s’emparer des thèmes préférés par les minorités de gauche pour justifier une mesure morale, rigoriste, liberticide, qui constitue un premier doigt dans l’engrenage d’une censure religieuse.

Le silence français sur la question

L’annonce de cette première vague de censure publicitaire a suscité un silence assez large en France. Le Monde s’est contenté de répercuter une dépêche d’agence, sans relever de point particulièrement gênant dans cette mesure spectaculaire. Le quotidien français mentionne juste cette information comme si elle était normal :

La compagnie de transports londoniens (TfL – Transport for London) et ses partenaires publicitaires (dont JC Decaux) devront donc mettre en place un groupe de surveillance qui sera chargé de passer en revue toutes les publicités susceptibles d’être affichées dans les transports.

Surveiller toutes les publicités affichées dans les transports… en quoi est-ce gênant ? C’est vrai. Ce n’est pas comme si nous vivions en démocratie.

Les partisans du Brexit opposés à la censure

Curieusement, les critiques les plus acerbes contre la décision de Khan sont venues du camp du Brexit, qui y ont vu (à juste titre) un déni de démocratie. On lira avec intérêt l’article de Spiked intitulé: "Nous ne sommes pas les petites filles de Khan". Il y est rappelé que Khan n’a pas tenu sa promesse de geler les prix des transports à Londres, mais bien celle de censurer la publicité.

Au-delà de ce point, l’article souligne combien la décision de Khan met en cause la liberté de conscience des femmes, supposées être des enfants fragiles à protéger contre un monde trop agressif.

Le reste de la presse anglaise n’a pas jugé utile de prendre position sur le sujet… en dehors de quelques articles sporadiques dénonçant l’infantilisation des femmes qui commence.

Khan partisan du "Remain"

Au passage, on aura noté que Khan s’est exprimé dans la presse contre le Brexit sur des arguments qui laissent songeurs.

"And staying in the EU is also the way we can be most true to our British values and our history. The Leave campaign try and sell the false notion that being part of Europe means we are somehow less British. But the very opposite is true. The true patriotic case is to remain and lead in Europe, not to turn our back on our history of being open, outward-looking and willing to engage with the world".

<Et rester dans l’UE est aussi notre façon d’être les plus fidèles à nos valeurs britanniques et à notre histoire. La campagne pour le Brexit tente de vendre la fausse idée qu’être dans l’Europe veut dire que nous sommes moins britanniques. Mais le complet opposé est vrai. La vraie posture patriotique est de rester et d’avancer en Europe, pas de tourner le dos à notre histoire d’ouverture, d’anticipation et de volonté de composer avec le monde.>

Il faudrait désormais décrypter le discours européiste de l’ouverture d’esprit… un superbe symbole caché d’une perte assumée d’identité.

Le patriotisme de Khan semble en tout cas très bien s’accommoder d’une indifférence pour la patrimoine architectural londonien, et d’une préférence pour un urbanisme commercial débridé qui éclipse l’histoire de la ville.

Les femmes reléguées au fond de la salle par le Labour ?

Dans le cadre de sa campagne pour le Remain, Sadiq Khan a participé à un meeting du Labour à Birmingham où un observateur a dénoncé la relégation des femmes au fond de la salle. Ce constat n’a guère surpris venant d’un parti où le sexisme est une tradition politique ancrée.

Là encore, le moment vient de s’interroger sur la continuité idéologique entre une vision du monde sociale-démocrate et celle d’un Sadiq Khan qui paraît y faire son miel.

L’éloge de la polygamie en Grande-Bretagne

Au passage, la presse anglaise annonce aujourd’hui le lancement urbi et orbi d’un site permettant aux hommes mariés de trouver une deuxième femme. Polygamy.com s’ajoute à un site dédié jusqu’ici aux Musulmans.

Elle n’est pas belle, l’Europe qu’on nous promet au nom de la lutte contre le racisme et la discrimination ?

Cet article a initialement été publié sur le blog d'Eric Verhaeghe

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