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Les 3 raisons pour lesquelles les Anglais finiront par rester dans l’Union européenne
©Reuters

Atlantico Business

A 5 semaines du référendum britannique qui doit acter le maintien ou la sortie de la Grande-Bretagne dans l’Union européenne, les pays du G7 ont prévenu les Anglais, ce week-end, qu’un Brexit portait en germe un risque sérieux de nouvelle crise économique mondiale.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Entre l’explication des vieux sages  de l’Union européenne, les avertissement  du FMI ou de l’OCDE , les recommandations de la Commission qui a mouillé sa chemise et accepté des concessions qui coûteront chères à tout le monde , entre la prière de beaucoup pour que la Grande-Bretagne reste dans la famille, et la menace claire et précise de quelques pères la vertu en Europe , les Anglais n’ont jamais été aussi observés , surveillés et choyés que depuis qu’on sait que beaucoup d’entre eux voudraient  sortir de l’Union européenne...

Quand le Premier ministre en 2013 évoque un référendum pour sortir d’une campagne électorale qui se présente mal, l’Europe est enlisée dans la crise grecque qui sème une sérieuse pagaille dans la famille européenne.

La crise grecque n’est toujours pas résolue, mais l’Europe a pris conscience que ce petit bout de terre, berceau de la civilisation occidentale et royaume des touristes de l'Europe du Nord, ne valait pas une querelle de famille aussi grave.

Les Européens se sont donc habitués à cette crise permanente. Ils se sont même résolus qu'il faudra bien oublier les dettes grecques s’ils veulent encore danser le sirtaki dans les rue d’Athènes l’été prochain.

Le problème, c’est que les Anglais en sont restés à cette idée de référendum au grand dam du Premier ministre Cameron qui ne sait plus comment se dépêtrer de ce piège.

Parce que David Cameron est comme la majorité des dirigeants européens : il sait bien que l'Europe est la forme d'organisation qui est la moins mauvaise dans ce monde globalisé.

David Cameron le sait mais son peuple a bien l'intention de lui donner une petite leçon. Comme dans toutes les démocraties du monde, le peuple britannique accepte mal l'arrogance de ses dirigeants. Et se défoule en jurant qu’il ne veut plus manger la cuisine politicienne. Surtout en période de diète pour cause de crise mondiale.

David Cameron n’a pas fait plus de bêtises que Madame Merkel ou François Hollande. Il a utilisé l’Europe, mais n’a jamais expliqué à son peuple comment il l’a utilisé et pour aller où. 

Aujourd’hui, à quelques semaines de ce referendum, la Grande-Bretagne est inondée de recommandations, de prières et même de menaces. Au cas où ?

En réalité, chacun est dans son rôle. Les Anglais ne sortiront pas de l4Europe en dépit des sondages et des analyses savantes des spécialistes en opinion.

Comme souvent dans les démocraties, les peuples se plaisent à faire peur à leurs partenaires et à se faire peur. Au dernier moment, "la crise rend intelligent".

Les Anglais ne sortiront pas de l’Europe pour trois raisons :

La première raison, et c’est la principale : ils auraient à court terme beaucoup plus à perdre qu’à gagner. Les chiffres qui ont été donnés par les économistes britanniques proches de Cameron établissent le manque à gagner par ménage à 5 500 euros par an jusqu‘en 2030, ainsi que 3 millions d'emplois en moins à cause de la baisse des échanges commerciaux et au recul des investissements.

Mais les chiffres peuvent mentir. Ce qui ne ment pas, ce sont les liens de causalité et de de cohérence. En bref, le Royaume-Uni ne représente qu’un pion sur le marché mondial. Or, pour commercer et vendre, il faut être gros et savoir négocier des traites bilatéraux. Sans l’Europe, cela deviendrait très compliqué et très difficile. Les Anglais le savent. Autrefois, ils appartenaient à une des nations les plus puissantes du monde parce que la Grande-Bretagne régnait sur les océans du monde entier. L'Empire britannique et le Commonwealth étaient une réalité.

Quand l’Empire s’est fondé, la maison mère s’est tournée vers l’Europe. Elle a même accepté du général de Gaulle le projet de ne plus être une île.

La deuxième raison, c’est qu’a terme, ils ont peu de possibilités pour exister sur la scène mondiale en dehors de l’Europe.  Les Anglais se rendent compte qu’ils ont une situation hyper privilégiée. Ils ont les avantages de l’Union et ils ont négocié, depuis Madame Thatcher, des arrangements particuliers qui occultent beaucoup des inconvénients d’appartenir à la famille. Ils ont encore, lors de ce dernier round de discussions, obtenu beaucoup de concessions.

L'Europe coûte aux Anglais 12 milliards d’euros, c’est la contribution nette aux frais généraux de la maison Bruxelles. Mais le départ de l’Union leur coûterait deux à trois fois cela en PIB. Sans parler d un étouffement progressif de la City. Comment survivre dans un monde globalisé sans allies, ni partenaires ?

La troisième raison et ça les touche, c'est qu'une partie des Européens profiteraient de leur départ. Paris, par exemple, pourrait récupérer une partie des activités financiers de la City. Mais au-delà, le président de la Commission, mandaté par les pays membres, a rappelé très fermement que la Commission était allée au bout des concessions possibles et qu’à partir du moment où la Grande-Bretagne aura choisi de quitter le bateau, cellle-ci sera considérée comme un pays tiers : il lui faudra renégocier toutes les conditions quant aux relations entre la Grande-Bretagne et les pays membres, pays par pays.

La France, par exemple, n'acceptera pas de donner les clés du systeme social français (impôts, sécurité sociale, et prestations.) à tous les citoyens britanniques qui ont choisi d'installer leurs familles en France pour continuer à travailler à Londres. Ils sont environ 400 000 dans l’Ouest de la France et la région Rhône-Alpes

Ce qui est intéressant, c’est que, comme dans toutes les élections qui portent sur un enjeu de société et qui engage gravement, la campagne s’engage sur des grands principes - les valeurs nationales - et se développe sur des questions idéologiques.

Mais les votes, eux, se distribuent en fonction de considérations très pragmatiques : d’abord, les intérêts économiques et financiers ; ensuite, les conditions de sécurité nationale. La Grande-Bretagne ne peut répondre à aucune de ces deux demandes en restant seule. 

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