"Juste la fin du monde" : pas de quoi fouetter un chat !<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
"Juste la fin du monde" : pas de quoi fouetter un chat !
©Reuters

Atlanti-culture "Spécial Cannes"

Même si une partie de la critique intello l'encense, le film de Xavier Dolan restera comme l'une des grandes déceptions dans une sélection de très bon niveau.

François Quenin pour Culture-Tops

François Quenin pour Culture-Tops

François Quenin est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
Voir la bio »

Le réalisateur

Xavier Dolan, 27 ans, avait emballé les festivaliers il y a deux ans avec « Mommy » qui avait obtenu le Prix du jury et un beau succès public. En 2009, son premier long métrage, « J’ai tué ma mère », avait été projeté à la Quinzaine des réalisateurs et avait fait une forte impression, compte tenu de l’âge du cinéaste canadien, 20 ans. On a vu ensuite, à Cannes et dans les salles, « Les amours imaginaires » et « Laurence Anyways », deux films accueillis à la sélection Un certain regard, section qui double la compétition. Après « Mommy » (2014), ce chouchou du Festival était attendu avec une grande curiosité et une égale empathie pour son nouveau film, "Juste la fin du monde". Hélas…

Thème

Louis (Gaspard Ulliel) est écrivain et il a décidé de revenir dans son village natal après douze ans d’absence. On le voit à l’aéroport au début du film, une voix off exprime ce qu’il pense. Il veut annoncer à sa famille sa mort prochaine à cause d’une grave maladie. On n’en saura pas plus sur l’événement puisque, arrivé dans la maison de sa mère (Nathalie Baye), il est violemment pris à partie par son frère Antoine (Vincent Cassel) et par sa sœur Suzanne (Léa Seydoux). Seule, l’épouse d’Antoine, Catherine (Marion Cotillard), semble prendre la mesure de ce retour et partager la démarche de Louis.

Points forts

Dans cette brillante distribution, on apprécie particulièrement le jeu discret de Gaspard Ulliel et de Marion Cotillard face au comportement faussement hystérique des autres qui, il est vrai, ne sont pas totalement responsables du rôle peu authentique qu’on leur demande de jouer.

Le film est court : c’est un point fort. La plupart des films cannois ont une durée de plus de deux heures. Celui-là fait une heure trente cinq et c’est très bien car on n’aurait pas supporté cette engueulade généralisée, sans réelle raison, puisqu’il y a des non dits dont on ne saura rien. Frustration.

Dans la maison de la maman, il y a un petit coucou désuet qui sonne les heures. Vers la fin du film, un oiseau s’en échappe, vrai celui-là, et se cogne contre les murs avant de s’échouer inanimé aux pieds de l’écrivain, qui est sur le départ; moment poétique, symbolique, et belle idée de mise en scène: c’est à peu près la seule.

Points faibles

L’intrigue est centrée sur un long déjeuner familial où chacun semble régler ses comptes sur le dos de l'homme qui revient et qui ne dit rien, lui. Le frère, la sœur, la mère explosent leur rancœur dans un beau désordre. On avait vu cela dans le film danois « Festen » mais il y avait une montée en puissance des tensions et une explication en règle lors du dénouement. Là, on est à peine assis qu’on est empoigné par la violence des colères. Une heure trente cinq plus tard, il ne s’est pas passé autre chose. Le spectateur en a plein les oreilles. L’écrivain va repartir sans avoir rien dit. On est d’autant plus déçu que les deux derniers films de Dolan, « Tom à la ferme » et « Momy », étaient denses et construits.

En deux mots

Avant d’être un film, « Juste la fin du monde » était une pièce du dramaturge français Jean-Luc Lagarce, jouée dans les années 2000. Les thèmes chers à Dolan, qui touchent à la famille, aux fratries, aux affinités ou non, y sont largement exposés ; ainsi que le passé qui ne s’oublie pas et le présent qui ne répond pas aux attentes. Mais la transposition au cinéma ne fonctionne pas.

Résultat des courses pour cette dernière chronique cannoise, nous avons deux films "palmables",  « Loving » de Jeff Nichols et « La fille inconnue » des frères Dardenne (qui sortira en salles le 12 octobre). S’y ajoute le très beau film du cinéaste roumain Christian Mungiu, « Baccalauréat », vu dans les derniers jours du Festival, qui expose l’état déplorable de la Roumanie, avec la corruption à tous les étages. Le palmarès sera dévoilé dimanche soir.

Une phrase

« Cannes est un endroit qui est dur, qui est sévère. Les gens souvent peuvent être vils. Ils aiment détester; ils aiment haïr. » Xavier Dolan.

Encore faut-il mériter des compliments...

Recommandation

BofBof

Cinéma

Juste la fin du monde

De Xavier Dolan

Avec Gaspar Ulliel, Nathalie Baye, Léa Seydoux, Vincent Cassel, Marion Cotillard

POUR DECOUVRIR CULTURE-TOPS, CLIQUEZ ICI : des dizaines et des dizaines de critiques sur chaque secteur de l'actualité culturelle

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !