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La lumière nous vient de Téhéran…
©Allociné / Jour2fête

Bas les voiles !

Des images qui disent la vérité. Pas seulement sur l'Iran. Sur la France, petit pays médiocre.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Ici, il fait gris. Ici, il fait noir. Ici, l'hiver comme l'été, c'est toujours l'hiver. Ici, c'est la France. Ici, on glose amoureusement sur l'interview du pape François qui s'inquiète des entraves apportées chez nous au port du voile par les femmes musulmanes. Ici, des islamologues AOC (en réalité, c'est de la piquette) expliquent que le voile, c'est comme la kippa, et les filles voilées comme les juives à perruque. Ici, il fait noir.

La lumière jaillit d'ailleurs. De Téhéran. Où des femmes se battent pour avoir la liberté d'enlever ce qu'on les oblige à porter là-bas et qui se porte de plus en plus en France avec le soutien amical des gens de bonne réputation. Ces femmes sont magnifiques de beauté, d'humanité et de courage. Dans la rue, dans l'espace public, et encore plus dans les bureaux de la Guidance islamique, elles portent le voile. Comment feraient-elles autrement ? La loi des mollahs les y contraint.

Ce que ces femmes veulent, c'est chanter. Chanter en tant que femmes, comme femmes. Pour un public mixte : hommes et femmes mélangés. Mais ce n'est pas très conforme aux préceptes de l'islam tel qu'il s'applique en Iran. Car les voix des femmes sont réputées troublantes. Et peuvent troubler des hommes qui, êtres fragiles et sans défense contre la séduction féminine, sont hautement vulnérables. Alors s'ensuivrait le pire des désordres qui soient : le désordre sexuel !

Un film retrace cette belle saga iranienne : No land's song. Les chanteuses sont belles. Leurs mélodies sont admirables. Leurs voix sont attachantes. On assiste aux répétitions. Aux aller-retours Téhéran-Paris-Téhéran de Sara Najafi qui anime le groupe. En France, elle est sans voile : c'est encore permis chez nous… On voit quelques extraits de films anciens, d'avant la révolution khomeyniste, avec une chanteuse en robe moulante entourée d'hommes. La liberté, donc…

Et les filles de No land's song finiront par gagner. Car il y a en Iran une société civile, libre, audacieuse, qui tous les jours occupe un peu plus de terrain. Des millions de gens pour lesquels l'islam n'est qu'un carcan vieillot et inutile. Ils sont représentés à certains échelons du pouvoir iranien : députés réformateurs, journalistes, fonctionnaires. Et finalement, le concert aura lieu. Une scène finale où éclate le bonheur d'être ensemble, hommes et femmes mélangés. On a envie d'être là avec elles, avec eux. Pas sûr que ce film, avec son happy end victorieux, ait beaucoup de succès en France. Chez nous on aime tellement les défaites…

PS : Le film est projeté actuellement au cinéma La Clef, 21 rue de la clef, Paris 5ème. Il y a actuellement là-bas un festival du cinéma iranien en exil. Son intitulé : "Contre le fascisme. Dédié aux combattants de la liberté". C'est du français normal. Pas de la novlangue.

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