Tchernobyl, 30 ans après : ce qu’on sait vraiment des conséquences de la catastrophe nucléaire sur la santé des Français (et ce qu’on ne saura sans doute jamais)<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Santé
Tchernobyl, 30 ans après : ce qu’on sait vraiment des conséquences de la catastrophe nucléaire sur la santé des Français (et ce qu’on ne saura sans doute jamais)
©Reuters

Vent mauvais

C'est dans la nuit du 25 au 26 avril 1986 que l'un des quatre réacteurs de la centrale explose. Si des retombées radioactives ont bien été enregistrées en France, leurs quantités sont insuffisantes pour que le risque de cancer de la thyroïde soit observable par une étude épidémiologique.

Dominique Laurier

Dominique Laurier

Dominique Laurier est épidémiologiste, et chef de laboratoire à l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire.

Voir la bio »

Atlantico : Trente ans après la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, quels effets sur la santé des Français a-t-on pu observer ? La fréquence du nombre de cancers de la thyroïde a-t-il augmenté ?

Dominique Laurier : Aucun effet sanitaire radio-induit n’a été observé en France suite à la catastrophe nucléaire de Tchernobyl. Les doses attribuables aux retombées de l’accident en France sont très faibles, et les estimations de risque réalisées par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) et l’Agence nationale de santé publique (ANSP, ex Institut de veille sanitaire, InVS) indiquaient que les retombées de l'accident ne pouvaient aboutir à une augmentation de la fréquence des cancers de la thyroïde observable par une étude épidémiologique.

Depuis 2000, un registre national des cancers infantiles a été mis en place en France. Ce registre permet une surveillance des variations géographiques et spatiales de la fréquence des cancers de la thyroïde chez les enfants sur l’ensemble du territoire. Une augmentation de la fréquence des cancers de la thyroïde dans le temps est observée en France, comme dans de nombreux autres pays industrialisés. Néanmoins, cette augmentation est essentiellement attribuable à l’amélioration des pratiques de diagnostic de ce type de cancer, et ne montre pas de lien avec l’accident de Tchernobyl. Ces résultats sont détaillés dans des rapports publiés sur le site web de l’ANSP (voir ici).

Mis à part le cancer de la thyroïde, d'autres affections ont-elles pu être favorisées à cause des radiations ? 

Dans les populations fortement exposées suite à l’accident de Tchernobyl (liquidateurs, populations des territoires contaminés en Ukraine, Biélorussie et Russie), l’augmentation de la fréquence des cancers de la thyroïde est attribuable à l’incorporation d’iode radioactif, par inhalation et ingestion. Les autres sources d’exposition (exposition externe aux radiations, incorporation de césium…), si elles aboutissent à des doses élevées, sont susceptibles d’entrainer une augmentation d’autres types de cancer (leucémie, cancer du sein…). Quelques études récentes suggèrent une association avec le risque de leucémie chez les liquidateurs de Tchernobyl. Néanmoins, les résultats actuellement disponibles ne permettent pas de conclure à une augmentation de la fréquence des autres types de cancer dans les populations fortement exposées suite à l’accident de Tchernobyl, et la surveillance de ces populations doit être poursuivie. En France, aucune augmentation observable de cancer n’est attendue suite aux retombées de Tchernobyl. Un bilan des conséquences sanitaires de l’accident de Tchernobyl est disponible sur le site web de l’IRSN.

Le passage du nuage radioactif sur la France a suscité de nombreuses controverses depuis 1986... Dispose-t-on d'observations fiables à ce sujet ? Quels ont été les dépôts de matières radioactives enregistrés en France dues à l'accident de Tchernobyl ? 

Le panache radioactif en provenance de Tchernobyl a disséminé des éléments radioactifs sur la plupart des pays d’Europe. En France, il a provoqué des dépôts dans des zones localisées de l’est de la France à des niveaux encore détectables en 2016. Un bilan détaillé des retombées, de la distribution spatiale des dépôts, et de l’impact dosimétrique pour la population française a été réalisé par l’IRSN. Ces résultats sont disponibles sur le site web de l’IRSN.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !