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Vous ne connaissez pas le général James Mattis ? Un mouvement secret révolté par la primaire républicaine pourrait pourtant le faire entrer à la Maison Blanche
©US government²

Semper Fi

James Mattis n'a aucune chance. Mais ça n'empêche pas certains de rêver.

Les conservateurs américains sont en panique absolue face au déroulement de la primaire du Parti républicain. Ils voient en Donald Trump un fasciste doublé d'un hérétique, qui tue une à une les vaches sacrées du parti. Si Ted Cruz, son principal challenger, est idéologiquement dans la ligne du parti, il est haï par la plupart de ses cadres tant il a passé sa carrière à attaquer ses collègues. L'idée que l'un ou l'autre soit le nominé du parti, voire le président, terrifie de nombreux conservateurs.

Le sénateur de Caroline du Sud, Lindsey Graham, a résumé l'attitude des républicains envers Cruz avec cette blague : "Si vous assassiniez Ted Cruz dans l'hémicycle du Sénat, et que le Sénat était le tribunal, personne ne serait condamné."

Dernier symptôme de cette panique ? Une campagne semi-secrète (sur laquelle des indiscrétions fuitent depuis des semaines dans les médias de droite et qui a reçu récemment une enquête du Daily Beast) pour monter une campagne dont le candidat serait un obscur général, James Mattis.

Mad Dog on the line

Qui est James Mattis ? Il vous suffit probablement de savoir que ce général des Marines à la retraite est surnommé "Mad Dog" pour vous faire une idée du personnage.

Après des guerres en Irak et en Afghanistan où la plupart des généraux américains ne se sont pas couverts de gloire, notamment par leur approche bureaucratique, Mattis est de ceux qui ont obtenu le respect de tous. Dans une guerre où beaucoup de généraux dirigeaient depuis leurs bureaux, il n'était pas inhabituel de le trouver au front au milieu de la nuit, avec les troupes. Il a fini sa carrière comme dirigeant de USCENTCOM, la zone géographique militaire américaine qui comprend le Moyen-Orient et l'Asie centrale – autrement dit, les guerres en Irak et en Afghanistan – de 2010 à 2013.

Il est également surnommé "le moine-guerrier"– célibataire et sans enfants, il a consacré toute sa vie à la guerre et à l'étude de la guerre. Intellectuel, notamment féru d'histoire, il a une bibliothèque personnelle de plus de 7000 ouvrages et relit Marc-Aurèle sur le champ de bataille. Il donnait des listes de livres à lire à ses subordonnés, y compris les caporaux, dont des livres sur l'histoire de l'Irak et de l'Afghanistan, ou sur l'histoire de l'Islam.

Mattis est également connu pour ses phrases "salées". Juste après l'invasion et la capitulation de l'Irak, il rencontre des homologues de l'armée irakiennes, et déclare : "J'arrive en paix. Je n'ai pas apporté d'armes. Mais je vous supplie,  les larmes dans les yeux : si vous me baisez, je vous tuerai tous."

Sur la guerre en Afghanistan, il avait déclaré une fois : "Vous savez, vous débarquez en Afghanistan, et vous avez des mecs, ça fait cinq ans qu'ils tabassent leurs femmes parce qu'elles ne veulent pas mettre de voile. Des mecs comme ça ne sont pas des vrais hommes. Donc c'est vraiment très rigolo de leur tirer dessus. En fait, c'est très sympa de se battre. C'est très marrant. C'est sympa de tirer sur des gens. Je vais être honnête avec vous, j'aime me battre."

Bref, on voit le genre.

Le président Mattis : le scénario improbable

Tout ça fait peut être un personnage, mais pas forcément un président. De quoi parle-t-on ?

Selon The Daily Beast, une poignée de riches donateurs conservateurs, y compris des "milliardaires", aurait échafaudé un "plan B" au cas où Donald Trump emporterait la nomination du Parti républicain, de faire une campagne de tiers parti pour Mattis.

L'idée serait la suivante : de provoquer un match nul dans l'élection. Dans la Constitution américaine, le président n'est pas élu directement par le peuple, mais par le Collège électoral des états – et si aucun candidat n'obtient une majorité absolue du collège électoral, c'est la Chambre des représentants qui choisit le président. Un scénario qui ne s'est produit qu'une fois dans l'histoire américaine.

L'idée serait que Mattis, avec son profil non-partisan et non-idéologique, pourrait voler assez d'états à Trump et Hillary à la fois pour empêcher chacun candidats d'atteindre les 270 votes nécessaires dans le Collège électoral. La Chambre des représentants, de majorité républicaine mais anti-Trump, lui donnerait la Maison-blanche.

Ces riches donateurs auraient déjà rassemblé le squelette d'une équipe de campagne pour explorer l'idée, et inciter Mattis de se lancer dans une campagne-suicide—ce qui, après tout, ne serait pas forcément pour déplaire à un Marine.

Car il s'agirait vraisemblablement d'une campagne-suicide. Il faudrait monter une infrastructure de campagne, inscrire le candidat sur les listes électorales dans les 50 états, ou presque, lever l'argent…et réussir non seulement à gagner des voix mais à l'emporter dans assez d'états pour empêcher les deux autres candidats de gagner. Et le tout avec un néophyte politique qui, pour l'instant, reste complètement muet sur la situation.

Si quelques commentateurs à droite ont accueilli favorablement l'idée, et s'il est certain que, comme le dit le stratège républicain Rick Wilson, "le thème de 2016 est que l'improbable se produit", il faut plus voir cette tentative à la Don Quichotte comme un symptôme de la panique totale (et justifiée) des élites républicaines face à l'autodestruction de leur parti que comme une réelle possibilité. 

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