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18-30 ans : la génération du tout tout de suite
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Il faut que jeunesse se passe

Individualistes, insolents, instables au boulot, indécis en amour, dopés au porno, dépolitisés, incultes... les critiques pleuvent sur les 18-30 ans. Myriam Levain et Julia Tissier décident de s'insurger contre ces lieux communs sans fondement (ou presque). Extraits de "La génération Y par elle-même" (2/2).

Myriam Levain et Julia Tissier

Myriam Levain et Julia Tissier

Myriam Levain et Julia Tissier sont toutes deux journalistes pour le féminin Be au service société.

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Des consommateurs acharnés, des machines à dépenser du fric sans réfléchir, des shootés de l’achat compulsif : voilà ce que nous serions à en croire les mauvaises (et vieilles) langues. En purs produits de la société de consommation dans laquelle nous avons grandi, nous serions prêts à nous damner pour le dernier iPhone ou à prendre un crédit sur six mois pour un sac Chanel. Nous nous faisons régulièrement rebattre les oreilles avec ces vieilles antiennes scotchées à la bouche de nos parents : « Mais fais atten¬tion à tes sous ! », ou encore : « Tu avais vraiment besoin de t’acheter ça ? » Incapables de faire preuve de patience, nous voudrions tout, tout de suite. Il serait difficile de prétendre le contraire, d’autant que l’une des auteures incarne ce qui se fait de mieux en matière de panier percé et n’imagine pas, à compter du 10 du mois, d’alternative au découvert bancaire.

N’empêche, c’est toute la société qui a évolué et, avec elle, les façons de consommer. Nous avons pris le train en marche et nous sommes particulièrement à l’aise dans cet univers. Abreuvés depuis l’enfance de messages publicitaires assenés dans la rue, via Internet ou la télévision, nous avons développé en matière de consommation des capacités inédites. Certes, nous voulons beaucoup mais pas n’importe comment. Nous n’aimons pas nous faire avoir par les grandes enseignes et nous avons su développer et utiliser des circuits de consommation différents. Acheteurs avertis et critiques, amateurs de bons plans, nous ne sommes pas dupes de la société de consommation. Au contraire, dans cette multitude de tentations qui pointent à chaque coin de rue ou de page Internet, nous avons su acérer notre regard.

Déjà, notre rapport au temps a changé. Nous sommes constamment dans l’instantanéité. L’attente, nous la supportons mal, tout simplement car nous n’y avons jamais été habitués. Internet nous a montré que nous pouvions avoir accès à tout en un temps record. Y compris lorsqu’il s’agit d’acheter quelque chose. Ensuite, le rapport à l’objet n’est plus le même que pour les générations précédentes. Il faut dire que nos parents ne disposaient pas du choix immense qui est le nôtre aujourd’hui. Pas non plus de la même garde-robe. Si notre mère rangeait précautionneuse¬ment dans son placard deux pantalons, une jupe et trois chemisiers achetés dans les magasins de prêt-à-porter (beaucoup moins nombreux qu’aujourd’hui), nous en comptons pour notre part le quintuple dans notre dressing.

« Les jeunes générations ont un rapport moins sacralisé à l’objet », assure Patrice Duchemin, 48 ans, sociologue spécialiste de la consommation. Pour illustrer son propos, il nous raconte cette anecdote : « L’autre jour, j’étais dans une boutique, quand un jeune homme est entré brusquement. Il est allé directement au rayon jean, en a pris un et, voyant la queue pour les cabines d’essayage, il a enlevé son pantalon, s’est retrouvé en caleçon au beau milieu du magasin, a enfilé le jean. Il a ensuite réglé son achat. En tout et pour tout, ça a duré cinq minutes. Ça a été vite fait. D’ailleurs “vite fait”, c’est une expression de jeunes. Moi, j’étais encore en train de faire la queue quand il est parti. » S’il ne s’agit que d’un exemple, il pourrait bien s’appliquer à l’ensemble de la génération Y : nous voyons, nous aimons, nous achetons.

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Extraits deLa génération Y par elle-même : Quand les 18-30 ans réinventent la vie, Bourin Editeur (12 janvier 2012)

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