Radioscopie des classes moyennes face à la présidentielle 2017 : désespérées par une classe politique qui pense plus à sa réélection qu’à leurs problèmes<!-- --> | Atlantico.fr
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Les classes moyennes sont désespérées par le choix politique actuel.
Les classes moyennes sont désespérées par le choix politique actuel.
©Reuters

Du sang neuf

A un an de l'élection présidentielle de 2017, les classes moyennes, cœur de l'opinion et de l'électorat français, semblent osciller entre l'espoir d'un renouveau de l'offre politique et l'anxiété. Deuxième partie de notre série sur les classes moyennes.

Véronique  Langlois et Xavier Charpentier

Véronique Langlois et Xavier Charpentier

Véronique Langlois et Xavier Charpentier ont créé en mars 2007 FreeThinking, laboratoire de recherche consommateur 2.0 de Publicis Groupe.

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Le monde politique est en rupture avec le peuple… Il y a trop de décalages. Papity

Deuxième enseignement : la préparation de 2017 vient aggraver la profondeur de la fracture entre les dirigeants et eux. D’abord parce que la rupture de confiance est pour certains irrécupérable. Ensuite parce que faire campagne pour 2017 ne leur semble pas le sujet aujourd’hui. Enfin, parce que les repères qui organisent encore le débat politique "officiel" sont aux yeux d’une majorité de participants brouillés, voire complètement inopérants

>>> A lire aussi : Radioscopie des classes moyennes face à la présidentielle 2017 : des Français qui tentent de faire face mais se montrent ébranlés, sous tension et inquiets

Vous retrouverez demain la suite de cette étude. Nous verrons pourquoi Emmanuel Macron, Bruno Le Maire, Marine Le Pen ou Alain Juppé incarnent l'espoir pour les classes moyennes. 

RUPTURE DE CONFIANCE.

A ce jour, je n’ai plus confiance dans la politique de mon pays. Laure74

Plus que d’un phénomène nouveau, c’est de l’approfondissement d’une faille déjà ancienne qu’il faut parler. 

  • Douter sur la compétence des dirigeants : c’est le niveau 1 de la rupture de confiance exprimée dans beaucoup de contributions. Avec cette idée que les dirigeants actuels, et singulièrement F. Hollande sont aujourd’hui dénués de la première qualité du dirigeant – savoir de quoi il parle et ce qu’il fait. Quand il s’agit de se confronter à des défis toujours plus difficiles tant en France - le chômage, évidemment - qu’à l’extérieur –Brexit, crise des migrants, Moyen-Orient – l’incompétence est encore moins supportable…  

Bien mal engagée, cette année 2016 confirme l’incompétence de François Hollande et de ses ministres pour relever les défis économiques et sociaux qui nous attendent… Chômage, agriculture, insécurité, déferlement des migrants… Et que dire de Hollande qui remet la Légion d’honneur à ces assassins d’Arabie Saoudite qui financent le jihad… electre

  • Douter sur la parole des dirigeants : une attitude qui est devenue presque naturelle, évidente, pour ces Français des classes moyennes, qu’ils se déclarent sympathisants de droite ou de gauche. 

Je ne crois plus beaucoup en la politique et malheureusement cela amène forcément à un repli sur soi. Frednarly

Mais peut-être encore plus notable de la part des Millenials, qui expriment pour certains une distance radicale vis-à-vis de la chose politique et une violence verbale assumée…  

Sauf cas extrêmes, je vote blanc. Je rêverais qu’un jour, à la présidentielle, tous les citoyens votent blanc… On n’a pas besoin de politiciens. orely – Millenial

DEJA EN CAMPAGNE POUR 2017… EST-CE VRAIMENT LE SUJET ?  

Le décalage croissant, c’est aussi en 2016 celui qu’ils ressentent entre ce dont les politiques parlent et ce dont ils devraient s’occuper. D’abord, parce que se situer dès maintenant dans la perspective de 2017, c’est à leurs yeux commencer dès maintenant à promettre l’intenable – et c’est intolérable dans la situation actuelle : 

Les politiques vont probablement prendre toutes leurs décisions dans le but d’être élu président en 2017, on va probablement être noyés d’idioties, de promesses invraisemblables pour attirer les électeurs… Didoo08 - Millenial

Ensuite, parce que parler dès maintenant de 2017, et orienter toute son action politique en fonction de cette échéance, c’est se distraire des vrais sujets. Comme pratiquer un sport entre soi (et avec les media), sans chercher à agir sur le réel de tous. 

En 2016 nos politiques et les media pensent plus aux élections de 2017… papity

Plutôt pessimiste pour l’année 2016 : nos politiques ne pensent qu’aux élections à venir. Pelagie

Comme les autres internautes, je pense que l’année 2016 va encore être très difficile, vu l’arrivée de l’élection présidentielle, ce qui va faire passer au second plan les autres sujets (chômage, migrants…). Katell

DROITE, GAUCHE, QU’EST-CE QUE ÇA VEUT ENCORE DIRE ? 

Dernier marqueur de ce décalage croissant entre le monde des dirigeants et celui des dirigés : le caractère de plus en plus inopérant du clivage droite/gauche. Trois types d’attitudes se font en effet jour sur le blog parmi ces Français qui étaient censés se répartir équitablement entre sympathisants de droite et de gauche.

  • Celle d’une minorité faible mais audible de citoyens très engagés politiquement, se revendiquant plus souvent de gauche. Pour eux, une "vraie politique de gauche" veut encore dire quelque chose : le contraire de la politique de François Hollande. Ils ont deux champions "anti-Hollande" : Jean-Luc Mélenchon, mais surtout Martine Aubry qui apparaît dans les contributions de façon bien plus visible que dans toutes nos enquêtes précédentes.

Si François Hollande décide vraiment de quitter son poste de président aux prochaines élections, qu’il laisse sa place à Martine Aubry ; on verra vraiment un changement, sa politique à Lille n’a été qu’un succès, les classes populaires et moyennes s’y retrouvent ! Karimbabou   

  • Celle d’une majorité pour qui François Hollande a brouillé les cartes et qui se déclare déstabilisée sans pour autant être en faveur de la gauche "traditionnelle" représentée par Martine Aubry. Pour ceux-là, qui ont souvent voté pour lui, la déception est cuisante. Mais elle ne débouche pas sur un retour explicite de leur part aux idées de la gauche traditionnelle, plutôt sur du désarroi et rien d’autre : la disparition de repères qui ne sont remplacés par rien. 

J’avais fondé beaucoup d’espoirs en ce gouvernement, je me disais qu’il était radicalement opposé aux précédents, à Nicolas Sarkozy, j’avais l’impression qu’il avait une vision nouvelle de la société française et des enjeux pour les années à venir. Plus le temps passe, plus je me dis : elles sont où ces belles promesses que l’on nous avait fait miroiter ? ecuador – Sympathisant de gauche

Je suis socialiste depuis mes 18 ans alors je m’efforcerai de ne pas tirer à boulets rouges sur le gouvernement actuel. Qui est, il me semble, dans la continuité avec les gouvernements précédents quant à l’inefficacité des mesures dans tous les domaines. Nous sommes plus dans la communication, l’attrait du pouvoir, que dans l’action. Dominique80 – Sympathisant de gauche. 

  • Celle, enfin, des Millenials. Pour eux surtout, le clivage droite/gauche est de plus en plus artificiel - voire complètement inopérant. Soit ils sont désengagés. Soit ils valorisent les extrêmes et notamment Marine Le Pen, qu’ils situent au-delà des clivages traditionnels. Soit, quand ils affichent un engagement de droite ou de gauche traditionnel, leurs positions sont proches voire à front renversé, sur des sujets aussi importants que l’indemnisation du chômage ou le droit du travail :

Pour ce qui est du chômage, je pense qu’on s’accordera sur le manque de flexibilité, sur un droit du travail bien trop lourd qui fait qu’on est le pays de l’OCDE qui a le plus fort taux de chômage… Le souci est qu’on a du mal à accepter des réformes, qu’elles soient bonnes ou mauvaises… Paul193 – Millenial – Sympathisant de gauche

Qu’est-ce que c’est que cette gauche qui privilégie les patrons et sacrifie le droit des salariés au nom de la compétitivité ? Jedinette – Millenial – Sympathisant de droite. 

Ce brouillage des repères se retrouve dans leurs évaluations des personnalités politiques : c’est essentiellement sur les qualités supposées des uns et des autres qu’ils se déterminent. Si on n’est pas séduit par Marine Le Pen, on peut se porter indifféremment sur E. Macron ou A. Juppé : ce qui compte, c’est l’équation propositions/individualité, non l’ancrage idéologique. 

A moins de renverser la table il conviendrait de réformer, avancer en ce sens, sans renoncer à la culture et aux acquis nécessaires… Je pense en ce sens que les personnalités susceptibles de faire bouger les choses sont d’un côté Juppé, et peut-être Macron qui incarne un certain renouveau, un politique qui n’en fait pas carrière et qui applique ses connaissances tirées du monde de l’entreprise… Italie, Espagne, Canada… Tout cela marque un tournant dans nos rapports à la politique…  Paul 193 – Millenial 

Je me suis toujours senti proche du PS… Mais il faut avouer qu’aujourd’hui on a une telle équipe de bras cassés… Du coup, un des rares qui semble avoir compris les Français, qui ne s’amuse pas à dénigrer ou à insulter tout le monde tous les 4 matins, c’est bien Alain Juppé ! Je persiste à penser qu’il ferait un excellent candidat pour 2017 ! Ahmed – Millenial

Annexe : critères sociodémographiques de constitution des communautés.

Millenials :

  • Français issus des classes moyennes - soit via la profession des parents pour les étudiants, soit pour les actifs, via le revenu mensuel net du foyer compris entre 1.800 et 3.000 € pour une personne seule, entre 2.400 et 5.000 € pour un couple
  • Moitié hommes/femmes
  • Âgés de 18-34 ans, dont:
  • 50% de 18-24 ans, 50% de 25-34 ans
  • Etudiants & actifs (dont 20% en recherche d’emploi)
  • 30% d’abstentionnistes aux dernières élections régionales
  • Moitié sympathisants de gauche, moitié de droite

35+ :

  • Français issus des classes moyennes - revenu mensuel net du foyer compris entre 1.800 et 3.000€ pour une personne seule, 2.400 et 5.000 € pour un couple
  • Moitié hommes/femmes
  • Âgés de 35 ans et + avec équilibre entre les tranches d’âge suivantes :
  • 35-44 ans, 45-54 ans, 55-64 ans, et 65 ans et +
  • 80% actifs (dont 10% en recherche d’emploi) et 20% retraités
  • Pour les actifs, 80% travaillant dans le secteur privé/ 20% dans le public
  • 30% d’abstentionnistes aux dernières élections régionales
  • Moitié sympathisants de gauche, moitié de droite

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