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L'Écosse peut-elle vraiment 
quitter le Royaume-Uni ?
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Chardons ardents

Alex Salmond, Premier ministre écossais, a anticipé de quelques heures l'annonce de David Cameron, publiée ce mercredi, de vouloir organiser un référendum sur l'indépendance de l'Écosse. Conflits sur la date, nature de la question... Pourquoi tant de divergences ? Quels sont les enjeux d'une éventuelle indépendance de l'Écosse ?

Didier Revest

Didier Revest

Didier Revest est Maître de conférences en civilisation britannique à l’université de Nice-Sophia Antipolis.

Il est spécialiste de l’Ecosse et du pays de Galles.

 

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C’est fait ! Le Premier ministre écossais Alex Salmond (leader du Parti nationaliste, actuellement à la tête du parlement régional d’Edimbourg) a divulgué hier l’information tant attendue : le référendum sur l’indépendance de l’Ecosse aura lieu à l’automne 2014. Ce devrait être une année phare puisqu’elle verra également (et entre autres) les célébrations du sept centième anniversaire de la bataille de Bannockburn, lourde défaite anglaise, ainsi que la tenue à Glasgow des Jeux du Commonwealth.

Cette annonce, qualifiée par la presse outre-Manche de « surprise », est le dernier épisode en date dans la lutte acharnée, tantôt feutrée, tantôt musclée, que se livrent les nationalistes écossais et le gouvernement de coalition de David Cameron depuis plus d’un an, afin de s’assurer la haute main sur l’organisation du référendum lui-même (timing et nature de la question posée étant naturellement un enjeu de taille).

Le gouvernement régional écossais considère être dans son bon droit car il a remporté le plus démocratiquement du monde une confortable majorité de sièges en 2011. A l’inverse, le gouvernement de Londres fait valoir que la Constitution lui garantit la priorité en la matière. Ce dernier a annoncé aujourd’hui qu’il était néanmoins prêt à déléguer la mise en place du référendum, mais avec une clause (dont la validité reste à établir) précisant qu’il devrait être tenu entre le début et la mi-2013.

Certes, l’impopularité chronique en Ecosse des conservateurs de M. Cameron l’oblige à interpréter la règle constitutionnelle avec souplesse (bien qu’il demeure persuadé que l’incertitude liée à l’issue du référendum est néfaste pour l’économie), mais rien ne dit par ailleurs que ce qui apparaît à cette heure comme une victoire nationaliste ne se retournera pas à terme contre Alex Salmond. Son propre parti est divisé sur la nature de la question à poser : faut-il proposer une option intermédiaire, entre statu quo et indépendance totale ? On peut en outre l’accuser de parler au nom de l’Ecosse alors que sa majorité parlementaire a été acquise grâce à 45 % des voix dans un scrutin qui a mobilisé à peine plus d’un Écossais sur deux.

La situation économique étant ce qu'elle est, les nationalistes n’ont aucun intérêt à précipiter le calendrier. Certains en appellent déjà à la création d’une commission indépendante chargée de la dimension purement technique du référendum. Ils jugent que l’essentiel est ailleurs : il est impératif que les électeurs se concentrent sur le cœur du problème : que signifierait, économiquement et socialement, l’indépendance de leur pays ?

La plus grande prudence doit être de mise quant à savoir si une majorité de l’électorat écossais songe à suivre les nationalistes. Ces derniers voient dans le pétrole de la mer du Nord et l’autonomie politique les deux leviers permettant de régler enfin toutes les difficultés. Au mieux, les sondages créditent l’option indépendantiste d’environ 35 %. Il semblerait plutôt, si l’on en croit des études récentes, que trois Écossais sur cinq préfèrent un net approfondissement de la « devolution » (le transfert d’une partie du pouvoir politique) lancée à la fin des années 1990.

Le Royaume-Uni n'est pas prêt de se désunir, mais pourrait redistribuer ses cartes dans les années qui viennent.

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