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Xavier Lemoine : "Une centaine de quartiers similaires à Molenbeek ? On peut se tromper et s’en apercevoir, mais rejeter la faute comme la gauche le fait sur l’adversaire politique, c’est inacceptable !"
©Reuters

Quel culot !

Suite aux déclarations du ministre de la Ville, Patrick Kanner, ce dimanche quant à l'existence d'une "centaine de quartiers" présentant des "similitudes potentielles avec Molenbeek", nous avons voulu faire réagir Xavier Lemoine, maire de Montfermeil depuis 2002.

Xavier Lemoine

Xavier Lemoine

Membre du Mouvement pour la France, puis de l'UMP, Xavier Lemoine, vice-président du PCD, est maire de Montfermeil depuis juin 2002, réélu avec 61,34% des voix au premier tour en mars 2014.Il a été vice-président du Conseil national des Villes, et est actuellement vice-président aux finances du territoire Grand Paris Grand Est, et conseiller métropolitain délégué. 

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Atlantico : Ce matin, lors du Grand rendez-vous Europe 1- Le Monde – iTélé, le ministre de la Ville Patrick Kanner a affirmé que la France comptait "une centaine de quartiers" présentant des "similitudes  potentielles avec Molenbeek". La gauche se réveillerait-elle enfin de son déni de réalité lié à la communautarisation des banlieues et des cités ? 

Xavier Lemoine : S'il s'agit d'un réveil, cela serait un moindre mal que d'avoir voué aux gémonies tous ceux qui depuis 20/25 ans ne cessent de dénoncer la situation dans ces quartiers, et qui, pour certains, se sont vus traînés devant les tribunaux ou insultés de tous les noms ! On peut se tromper et s'en apercevoir, mais rejeter la faute comme la gauche le fait sur l'adversaire politique et vouloir faire croire que c'est l'inaction du président du précédent gouvernement qui a abouti à ce résultat, c'est inacceptable, surtout à l'heure où le pays a plutôt intérêt à être soudé. Avec de telles déclarations, le gouvernement joue encore à l'apprenti-sorcier. 

Comment interpréter ce revirement alors qu'il y a encore quelques temps, la gauche se montrait extrêmement virulente à l'égard de ceux de son camp évoquant les risques liés à la communautarisation des banlieues et des cités ? 

Après s'être coupé des classes populaires françaises, les immigrés ont constitué le prolétariat de substitution de la gauche. Il ne fallait donc surtout pas s'aliéner cet électorat. Tout a alors été mis en place pour lui plaire, quitte à se boucher les yeux et les oreilles. Les déclarations de Monsieur Kanner n'auront aucun impact négatif sur cet électorat qui est déjà perdu pour la gauche depuis le Mariage pour tous et les débats sur la théorie du genre. En 2014, les cités ne se sont pas déplacées pour les municipales, ni pour les départementales et les régionales, ce qui explique, pour partie, les succès électoraux de la droite à ces élections. 

Ce déni n'a-t-il pas été davantage préjudiciable que le soi-disante  "mauvaise gestion de ces quartiers" par la droite, et notamment " pendant les années (…) du quinquennat de M.Sarkozy." ? Qu'a fait jusqu'à présent François Hollande et ses gouvernements successifs en ce sens (et notamment en comparaison avec le quinquennat de Sarkozy critiqué sur le sujet par Monsieur Kanner) ? 

La droite en général savait qu'elle n'avait aucune marge de manœuvre sur ces questions-là à cause des capacités de nuisance et de mobilisation de la gauche, ou d'instrumentalisation par ce camp politique des banlieues, qui auraient entravé tout projet de réforme, favorisant ainsi le désordre public. La droite s'est alors retrouvée tétanisée et paralysée. C'est peut-être là le reproche qu'on pourrait lui faire par ailleurs.

Les habitants d'origine étrangère des quartiers populaires ont été instrumentalisés et aujourd'hui, ils nous servent l'addition. Pour ma part, je sais ce que j'ai fait pour ces personnes dans ma commune, et je sais comment elles nous le rendent ; pas à moi personnellement, mais à la France. La gauche les a entretenus dans un état de victimisation (liée au racisme, au colonialisme, etc.), les empêchant de trouver des solutions par eux-mêmes. Elle ne leur a pas fait aimer la France. Nous voyons bien aujourd'hui le résultat d'un tel comportement. Comment se protéger de la légitime vindicte populaire sinon en essayant de trouver des bouc-émissaires à leur propre incurie, à leurs propres calculs, et à leur propre cynisme.

Il n'y a qu'une seule personnalité politique qui s'est véritablement souciée des conditions de vie dans ces quartiers : il s'agit de Jean-Louis Borloo, ministre d'un président de droite et d'un gouvernement de droite, à qui l'on doit de nombreuses réformes dont celle qui a marqué la naissance de l'ANRU (Agence nationale pour la rénovation urbaine). Nous n'avons jamais eu autant de moyens pour faire le travail qui était à faire dans ces quartiers que du temps de Monsieur Borloo. D'ailleurs, souvent mes collègues de gauche me disent, en privé, qu'on était mieux servis sous un gouvernement de droite en matière de politique de la ville qu'on ne l'est aujourd'hui avec un gouvernement de gauche. 

Propos recueillis par Thomas Sila

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