Les cigognes ne migrent plus vers l’Afrique, car elles ont développé une nouvelle addiction... <!-- --> | Atlantico.fr
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©Thomas Mukoya / Reuters

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Ces beaux oiseaux blancs renoncent à migrer vers les pays d’Afrique du Nord pendant l'hiver et préfèrent hiberner en Espagne ou au Portugal où ils se nourrissent dans les décharges d’ordures.

Les cigognes vont-elles se transformer en vulgaires pigeons, ces rats des villes comme les surnomment souvent les habitants des capitales européennes ? En effet, les cigognes blanches sont devenues accros à la malbouffe et n'hésitent plus à faire des allers-retours de presque 100 km pour obtenir leur fix.

Depuis le milieu des années 1980, un nombre croissant de ces oiseaux ne migrent plus de l'Europe vers l'Afrique pour y passer l'hiver, relate le site Phys. Les cigognes se sont rendu compte qu'il était plus simple et moins fatiguant de passer l'année entière au même endroit en se nourrissant dans les décharges, évitant ainsi d'épuisantes migrations. Désormais, beaucoup de ces volatiles vivent en Espagne et au Portugal toute l'année à proximité des sites d'enfouissement où ils trouvent une nourriture abondante.

Décharges et schémas migratoires

C'est ainsi qu'un nombre croissant d'espèces migratrices ont changé leur comportement en raison de la présence de l'homme et des changements climatiques.

Une étude de chercheurs de l’université anglaise d’East Anglia, publiée le 15 mars 2016 dans la revue Movement ecology, a cherché à comprendre comment la présence de ces décharges au Portugal intervenait dans les schémas migratoires des cigognes blanches. Pour analyser cette évolution, les chercheurs ont équipé 48 cigognes de GPS afin d'enregistrer leurs déplacements, ce qui a permis de comprendre qu'elles occupaient le même nid toute l'année, devenant ainsi sédentaires. Mais les chercheurs craignent maintenant que les fermetures des décharges, demandées par l'Union européenne, n'aient un impact dramatique sur les populations de cigognes blanches.

Dix fois plus de cigognes sédentaires

Selon Aldina Franco, co-auteure de l’étude, "la population de cigognes du Portugal a été multipliée par 10 au cours des vingt dernières années, le pays comptabilise maintenant environ 14 000 oiseaux hivernants, et le nombre continue de croître".

Grâce à leurs observations et aux données recueillies, les scientifiques ont démontré que les cigognes blanches qui faisaient leurs nids près des décharges d'ordures locales avaient de la nourriture toute l'année et pouvaient par conséquent faire des petits plus tôt que leurs congénères vivant dans des conditions plus sauvages. "De leur côté, les oiseaux qui font leurs nids loin des décharges sont prêts à parcourir la distance de 28,1 km pendant la période de nidification et celle de 48,2 km durant le reste de l'année, ce qui dépasse considérablement les estimations faites auparavant", précisent les biologistes.

Elles ingèrent du plastique

Mais cette habitude alimentaire se révèle dangereuse pour les volatiles. "Les cigognes avalent énormément de fils de plastique sur les décharges car elles les confondent avec des vers de terre, ce qui augmente leur mortalité", s’inquiète l'ornithologue et biologiste de la conservation au Muséum national d’histoire naturelle Frédéric Jiguet, interrogé par Le Monde.

Pour éviter ce piège, les sites de déchets au Portugal vont progressivement être remplacés par de nouvelles constructions entièrement closes pour s’adapter aux nouvelles directives européennes. "Ce qui va être un problème pour les cigognes, qui devront trouver de nouvelles sources de nourriture. Ce changement risque d’avoir un impact sur la répartition, la reproduction, l’envol des poussins et la migration des cigognes blanches", redoute Aldina Franco.

Mais à l'inverse, la fermeture de ces décharges à ciel ouvert va obliger les cigognes à reprendre leur flux migratoire par-delà les frontières européennes... nous annonçant ainsi de nouveau, à leur retour, l'arrivée du printemps.

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