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Mis en examen dans l'affaire de ses comptes de campagne : Nicolas Sarkozy touché mais pas forcément coulé
©Reuters

Affaire Bygmalion

Nicolas Sarkozy a été mis en examen dans la soirée de mardi pour le financement illicite de sa campagne présidentielle de 2012. Cette seconde mise en examen risque de pénaliser la suite de son parcours. Toutefois, Nicolas Sarkozy a du ressort et sait que rien n'est perdu.

Gilles Gaetner

Gilles Gaetner

Journaliste à l’Express pendant 25 ans, après être passé par Les Echos et Le Point, Gilles Gaetner est un spécialiste des affaires politico-financières. Il a consacré un ouvrage remarqué au président de la République, Les 100 jours de Macron (Fauves –Editions). Il est également l’auteur d’une quinzaine de livres parmi lesquels L’Argent facile, dictionnaire de la corruption en France (Stock), Le roman d’un séducteur, les secrets de Roland Dumas (Jean-Claude Lattès), La République des imposteurs (L’Archipel), Pilleurs d’Afrique (Editions du Cerf).

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Pour la deuxième fois, Nicolas Sarkozy vient d’être mis en examen. Cette fois pour financement illicite de sa campagne présidentielle de 2012. Incontestablement une nouvelle épreuve. Va-t-elle hypothéquer ses chances pour la primaire de novembre prochain ? Que ses adversaires se méfient : le président des Républicains a du ressort. Et puis n’a-t-il pas obtenu un non-lieu dans l’affaire Bettencourt ?

Touché. Mais pas forcément coulé. Avec Nicolas Sarkozy rien n’est jamais définitif. Certes, cette deuxième mise en examen, cette fois pour financement illicite de campagne électorale -la présidentielle de 2012- que lui a signifié, vers 20 heures mardi 16 février, le juge Serge Tournaire constitue un mauvais coup pour le président des Républicains. Sans doute, pensait-il encore dimanche 14, le jour de son discours au conseil national, qu’il échapperait à la mise en examen… Et qu’il bénéficierait, tout comme Jean-François Copé, du statut de témoin assisté. Seulement voilà : en plus de 11 heures d’interrogatoire, l’ancien président n’a pas convaincu le magistrat. Ce dernier, malgré les dénégations  de l’ancien chef de l’Etat, a pensé, au vu des déclarations des mis en examen dans ce dossier que ce dernier ne pouvait ignorer que Bygmalion s’était livré  à un dépassement  de frais pour sa campagne de mai 2012, de 18 millions d’euros. Mais Sarkozy - il l’a confié à ses proches - va se battre pour obtenir le cas échéant l’annulation de sa mise en examen… Après tout, l’objectif n’a rien d’absurde : témoin, le match au couteau livré entre le juge Jean-Michel Gentil et Nicolas Sarkozy dans l’affaire Bettencourt, où l’ancien président était soupçonné d’abus de faiblesse à l’égard de l’actionnaire principale de l’Oréal. Un match qui se terminera en non-lieu en faveur de l’ancien maire de Neuilly-sur-Seine.

On le dit et le répète, Sarkozy, même s’il  a conscience que le temps judiciaire joue contre lui –la primaire est dans 8 mois-, sait aussi que rien n’est jamais perdu. Ce mardi 16 février, après cette pression énorme qu’il a dû subir face au magistrat instructeur, il ne peut que regarder vers le passé. Pensez donc : en quatre ans, son nom a été cité dans dix informations judiciaires. Or, à ce jour, il demeure mis en examen dans une seule affaire : celle des fameuses écoutes qui révélaient qu’il était prêt à intervenir en faveur d’ un haut magistrat de la Cour de cassation afin qu’il  soit nommé à un poste prestigieux  à  Monaco. En échange, le magistrat en question, l’avocat général Gilbert Azibert, devait informer Sarkozy de l’état d’une procédure sur la restitution des carnets Bettencourt.  Cette affaire, appendice du dossier libyen, n’est pas close : la Cour de cassation doit se prononcer sur la validité de ces fameuses écoutes.

Dans les autres dossiers où apparaissait l’ancien président, le danger s’est peu à peu écarté. Ainsi dans celui des ventes de sous-marins au Pakistan - le dossier Karachi -, Sarkozy n’a jamais été entendu par les juges du pôle financier. Dans l’affaire des pénalités de Sarkozy payées par l’UMP, là, les choses ont été vite réglées : un non-lieu général a été décerné pour tout le monde. Dans l’arbitrage Tapie-Crédit lyonnais, instruit par Serge Tournaire, celui-là même qui a entendu Sarkozy ce mardi 16 février, l’ancien président n’a jamais été convoqué, à l’inverse de l’ancien secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant.  Point mort également pour le financement présumé par la Libye de la campagne présidentielle de 2007. Révélé par Mediapart, entre les deux tours de la campagne de mai 2012, ce dossier semble marquer le pas, en dépit d’un document qui selon le site d’Edwy Plenel apporterait la preuve que 50 millions de dollars ont été versés par Kadhafi à Nicolas Sarkozy. Lequel a porté plainte estimant que ce document était un faux. Du côté du Kazakhgate – vente de 45 hélicoptères au Kazakhstan signé en 2010 pour deux milliards d’euros-,  ce sont surtout des proches de l’ancien président, dont un préfet, soupçonnés d’avoir perçu quelque argent, qui semblent en première ligne. Encore que des juges du pôle financier se demandent si Nicolas Sarkozy n’aurait pas fait pression sur le Sénat belge, selon le voeu du président kazakh, Noursoultan Nazarbaiev, afin qu’il se montre clément à l’égard de trois intermédiaires kazakh poursuivis en Belgique. Un objectif pour une bonne cause : la signature du marché d’hélicoptères… Enfin, l’enquête sur les trois voyages en jet privé payés par Stéphane Courbit à son ami Nicolas est terminée depuis la fin janvier. Là, a priori plus de souci, puisque personne n’a été épinglé. Reste encore l'affaire des sondages où l'ex-directrice du cabinet de Nicolas Sarkozy à l'Elysée vient d'être épinglée. L'ancien chef de l' Etat sera-t-il entendu ? Pour l'heure, aucune décision ne semble avoir été prise. 

Qui peut nier que cette seconde mise en examen dans Bygmalion, est gênante pour la suite du parcours de Nicolas Sarkozy ? Personne évidemment. Mais le danger, le risque d’être étouffé par ses adversaires – à la primaire- au sein de sa famille politique est loin d’être négligeable. Un Jean-François Copé, qui a échappé à la mise en examen dans le dossier Bygmalion alors que d’aucuns  le plaçaient aux avants postes, ne doit pas être mécontent du sort  judiciaire réservé à Sarkozy…Même si on a vu les deux hommes se serrer la main au conseil national des Républicains. Et, en prime, avec le sourire. Alain Juppé et François Fillon, « l’ancien collaborateur » de Sarkozy  sont sans doute dans le même état d’esprit que le député-marie de Meaux. Mais qu’on se le dise : Nicolas Sarkozy est un homme qui a du ressort. A moins que dans un moment de mélancolie, sur les conseils de Carla, il décidait de tout arrêter. Qui sait ? 

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