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Déserts ruraux : quand la question de la qualité est commodément oubliée derrière celle de la distance qui nous sépare d’un service
©Reuters

Vive la campagne

Une nouvelle étude de l'Insee annonce des bonnes nouvelles, en apparence. En réalité, la situation empire et ne devrait pas s'améliorer de si tôt.

Agathe Litière

Agathe Litière

Agathe Litière est journaliste.

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Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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On le sait, en zone rurale, l'accès aux services de la vie courante est plus difficile. On parle souvent de la marche galopante et de déserts ruraux. Qu'en est-il ? Une étude de l'Insee tente d'apporter des réponses à ces questions.

Un accroissement des inégalités, surtout pour les familles

Vu de loin, les nouvelles semblent bonnes : en France métropolitaine, un habitant sur deux accède en moins de 4 minutes, par voie routière, aux principaux services de la vie courante. Pourtant, la réalité est plus complexe. En effet, le temps d’accès médian double dans les territoires peu denses (6 minutes) et fait plus que tripler dans les communes très peu denses (10 minutes).

De plus, les inégalités changent en fonction des styles de vie. Pour évaluer le temps d'accès aux services, l'Insee a créé un "panier de la vie courante" regroupant les services dont les gens ont besoin, comme les commerces (boulangeries, supermarchés…), les établissements d’enseignement (écoles, collèges, lycées), les services de soins de première nécessité, ou encore les services pour les personnes âgées ou les jeunes enfants. 

Mais si l'on prend en compte un "panier des parents", les résultats sont différents. Quel que soit le type de territoire, les temps d’accès médians à ce panier sont plus élevés. Les temps d’accès varient très fortement au sein même des pôles urbains dès que les communes deviennent peu denses. Dans les 1 800 communes des pôles urbains, le temps médian est seulement de 13 minutes. Plus l’on s’éloigne de la ville, plus le temps d’accès médian augmente jusqu’à atteindre 25 minutes, soit près de cinq fois plus que le temps parcouru en cœur de ville. La situation est donc beaucoup plus compliquée pour les familles. 

Pas seulement une histoire de temps, mais de qualité

Pour contrer la désertification rurale, le Gouvernement avait mis en place des projets de revitalisation de "centres-bourgs" il y a une trentaine d'années. Ce travail n'a pas abouti au résultat escompté, comme l'indique Laurent Chalard, géographe à l'Université de Paris IV-Sorbonne. "Les commerces et services y disparaissent autant que l'attractivité."

La loi NOTRe, promulguée le 7 août 2015, envisage de réduire les bourgs-centres pour n'en garder que les principaux. Ce regroupement d'intercommunauté favorisera ceux qui se déplaceront vers des territoires mieux desservis en terme de services, mais il creusera le fossé entre eux et ceux qui décideront de ne pas se regrouper.

Pour Laurent Chalard, la qualité des services doit être prise en compte. On risque notamment d'avoir une santé à deux vitesse. "Les médecins de campagne ne devront pas tous être étrangers, au péril de la qualité puisqu'ils n'ont pas les mêmes qualifications que leurs confrères français", estime-t-il.

Les territoires les mieux desservis hors agglomération se situent dans les zones touristiques ou sur les routes de communication ou de circulation. "Il faut se rendre à l'évidence, à terme les territoires se partageront entre agglomérations et zones touristiques, mais les élus des territoires s'y opposent. Il ne veulent pas perdre leur poids politique et défendent les services publics". En somme, en dehors des villes et des banlieues denses, la situation n'est pas rose, et ne risque pas de s'améliorer...

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