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Mauvaises nouvelles sur le front des créations d’emploi : les 9 graphiques pour savoir si vous habitez dans l’une des régions ayant le plus souffert de la crise depuis 2008
©Reuters

Géographie du désoeuvrement

Alors que le taux de chômage n’a cessé de croître depuis la crise, les statistiques régionales montrent des progressions contrastée. Pendant que la région Ile de France assume son rôle de locomotive de l’économie française, les régions du Grand Est souffrent des soubresauts de leur industrie.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Ce 10 décembre, l’INSEE publiait les derniers résultats relatifs à l’emploi en France, indiquant une stabilisation de l’emploi salarié pour le troisième trimestre 2015. "Sur un an, 37 600 emplois ont été créés dans les secteurs principalement marchands (soit +0.2%)". Si cette légère tendance à la hausse au cours de l’année écoulée n’a pas suffi à faire baisser le chômage dans le pays, elle a également pu masquer différentes réalités sur l’ensemble du territoire, notamment au travers du prisme des nouvelles régions dessinées par l’exécutif. Car depuis la survenance de la crise, soit depuis les années 2008-2009, les régions françaises n’ont pas été frappées de façon homogène.

En premier lieu, concernant le taux de chômage de chaque région, les résultats varient sensiblement :

Taux de chômage par région. 2e trimestre 2014. Données INSEE

Cliquez sur les graphiques pour les agrandir

Si l’Ile de France apparaît bien lotie au regard de son taux de chômage, il en va tout autrement du nombre de chômeurs,  conséquence logique des différentiels de population de chaque région.

Nombre de chômeurs (en milliers) en catégorie ABC par région. INSEE. Source DARES. Octobre 2015

Or, depuis le mois de décembre 2007, le pays compte plus de 2.3 millions de chômeurs de catégorie ABC supplémentaires, et ce chiffre peut également se répartir par région :

Nombre de chômeurs supplémentaires en catégories ABC entre décembre 2007 et octobre 2015. Source DARES

Si l’Ile de France prend logiquement la tête de ce classement, la tendance peut être affinée en prenant l’évolution du nombre de chômeurs pondéré par la population de chaque région, pour comparer la performance de chacune d’entre elle entre les mois de décembre 2007 et d’octobre 2015 :

Evolution du nombre de chômeurs par région, pondérée par la population. Source DARES

Ainsi, ce sont les régions du Languedoc Roussillon Midi Pyrénées et de la Provence Alpes Côte d’Azur qui ont été les plus touchées par la crise, en ce qui concerne le nombre de chômeurs. A titre de comparaison, la situation de la région Nord Pas de Calais Picardie était déjà largement dégradée avant même la survenance de l’effondrement de 2008. Ce qui se traduit notamment par un large différentiel de PIB par habitant entre les 13 régions françaises.

PIB Par Habitant. Source DARES. Comptes régionaux 2013

Si le PIB par habitant du Nord Pas de Calais Picardie dépasse à peine les 25 000 euros annuels, le montant par francilien est plus de deux fois supérieur, affichant un total proche de 53 000 euros. La différence avec la région Rhône Alpes, pourtant seconde du classement, reste frappante, avec un écart proche de 70% entre les deux ensembles les plus riches de France. Et c’est cet avantage qui permet à la région Ile de France de ne compter que 18% de la population du pays tout en représentant 30% du poids de son PIB.

Concernant la dynamique de crise, et sur les 5 années écoulées entre 2009 et 2013, ce sont les régions Bourgogne Franche Comté, le Centre Val de Loire et l’Alsace Lorraine Champagne Ardenne qui ont subi les taux de croissance par habitant les plus faibles de tout le pays :

Croissance du PIB par habitant. 2009-2013. Source DARES

En prenant en compte le poids économique de chacune des régions, il est alors possible de mesurer leur participation à la croissance du pays, par rapport à la moyenne :

Croissance du PIB pondérée par le PIB régional / Moyenne. Source DARES

Si l’Ile de France joue un logique rôle de locomotive, la région Est marque le pas. Ainsi, concernant les créations, ou plus justement, les destructions d’emplois au sein des régions, cette même tendance est respectée :

Evolution en % des emplois entre le T2 2011 et le T2 2015. Source DARES

Seule la Corse et l’Ile de France ont vu leur nombre d’emplois progresser au cours de ces 4 dernières années, alors que les régions Alsace Lorraine Champagne et Bourgogne Franche Comté subissent un choc sévère, avec plus de 5% d’emplois détruits dans chacune de ces régions. Un phénomène qui s’explique par la très forte intensité des emplois industriels du grand est, alors même que les destructions d’emplois, en France, ont largement été répertoriées dans ce secteur.

Un contexte qui n’a pas aidé à rendre ces régions attrayantes, ce qui peut s’observer à travers leur croissance démographique. Ainsi, les deux grands ensembles de l’est campent aux dernières places du classement national :

Croissance démographique par région. 2008-2012. DARES

Mais c’est également en raison de cette faible croissance de la population que le taux de chômage des régions Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne et Bourgogne-Franche-Comté est plutôt resté dans la moyenne. En effet, si le facteur "destruction d’emplois" a bien été le plus sévère du pays, ces régions n’ont pas subi la double peine d’une forte croissance de leur démographie, ce qui aurait pu conduire à une plus forte hausse du taux de chômage. A l’inverse, si le Languedoc Roussillon Midi Pyrénées pointe aux dernières marches du classement du chômage, ce n’est pas réellement en raison de ses destructions d’emplois, mais plutôt en raison du critère démographique. Ce qui traduit une forte mobilité interne des français vers cette région, sans que celle-ci n’ait pu créer autant d’emplois qu’il en était nécessaire. 

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