Chef de guerre mais plus chef de l’Etat ? Et François Hollande oublia la France et le quotidien des Français<!-- --> | Atlantico.fr
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François Hollande sur le porte-avions Charles de Gaulle.
François Hollande sur le porte-avions Charles de Gaulle.
©Reuters

L'édito de Jean-Marc Sylvestre

A la veille des élections régionales qui s’annoncent catastrophique pour le Parti socialiste, tout se passe comme si François Hollande avait quitté la France.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

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A la veille des élections régionales qui vont, à l’issue du premier tour, permettre à Marine le Pen de pavoiser sur les plateaux de télévision, François Hollande fait comme si les problèmes quotidiens des Français ne le concernaient plus. Il s’est mis en réserve, en lévitation. Il dit et fait dire qu’il s’occupe de la sécurité des Français. Un peu comme le Général de Gaulle qui an cœur des évènements de mai 1968 était allé réfléchir a Baden-Baden.

Cette semaine, François Hollande a ouvert en grande pompe la COP21. Ce qui est pour lui un succès de plus dans la mesure où il a reçu 150 chefs d’Etat. On ne sait pas ce qu’ils se sont dit, mais ils étaient là.

Comme toutes ces questions climatiques sont horriblement complexes, on laissera les négociateurs de chaque pays entrer dans le dur des discussions à partir de lundi. Chacun défendra les intérêts de son pays.

François Hollande ne va pas se pencher sur les machines à calculer ce que chacun paiera à l’autre. C’est trop vulgaire. Lui va retourner à la guerre. La guerre contre le terrorisme, la guerre contre Daech. Son ministre de l’Intérieur fait le travail de terrain (qui soit dit en passant est le plus important) et lui s’occupe des rapports de forces internationaux. Il s’est mis dans l’idée de favoriser l’émergence d’une grande coalition, c’est bien… Mais il faudrait surtout trouver des pays qui acceptent d’aller sur le terrain, et là ils ne sont pas pléthoriques...

Du coup, vendredi, il a remis son treillis de chef des armées et son gilet de sauvetage jaune-orangé et il a embarqué sur le porte-avion, le Charles de Gaulle, d’où décollent les Rafale pour la Syrie. Personne ne sait si la présence du Président de la République remonte le moral des pilotes, mais ça fait de belles images pour la télé. C’était le but.

A la veille des élections régionales, il pense (ou plutôt les services de la comm' présidentielle pensent) que les Français ont besoin de savoir que leur président ne chôme pas. Il a sans doute raison. Les services de comm' aussi !

Raison, oui, parce que la situation profonde du pays est catastrophique. Les élections régionales vont évidemment sanctionner le Parti socialiste en portant une vague bleue marine en tête des résultats du premier tour. Dans ces conditions, mieux vaut s’écarter de l’œil du cyclone. Le président s’est mis à l’écart de ce qui se passe en France pour éviter d’avoir à assumer la responsabilité de cet échec historique.

Tout se passe comme si, en faisant la guerre, il avait été obligé de quitter la France et se mettre le plus loin possible des problèmes quotidiens des Français.

Objectivement quand on regarde la situation du pays, on ne peut pas s’étonner qu’une majorité de Français ne veuille pas voter et que ceux qui voteront le feront massivement pour les candidats du FN.

La situation du pays est malheureusement très simple.

1.    La France est le pays en Europe où le chômage est le plus lourd et où il n’a pas cessé de s’accroître. La Grande-Bretagne et l’Allemagne sont au plein emploi. L’Espagne et l’Italie sont sorties du trou noir avec des progrès étonnant.

2.    La France est le pays de l’OCDE où le taux de prélèvements obligatoires est le plus élevé. 50%. Plus de la moitié de la population (54%) vit avec des revenus de redistributions (fonctions publiques, retraites, allocations et prestations) ce qui veut dire qu’un individu dotés de neurones à peu près normaux a plus intérêt a chasser les revenus de redistributions qu'à travailler pour gagner des revenus de production.

3.    Plus les impôts et charges sociales sont élevés, plus les dépenses publiques et sociales seront lourdes et par conséquent plus le chômage sera important. Tous les pays connaissent cette règle de base. Tous les pays en Europe ont restructurés leurs dépenses publiques pour les alléger, tous ont gagnés en compétitivité et ont créé des emplois. Tous, sauf la France.

4.    Les dirigeants français comptent sur l’imagination de Mario Draghi pour faire le travail de cosmétique qui dissimulera le manque de courage des gouvernants. Mario Draghi, a donc fait tourner la planche à billet, les emprunts sont de moins en moins chers. Cette semaine, la France a emprunté 4,54 milliards d’euros à des taux situes entre 0,5% et 1,7%. Pourquoi se priver ? Pourquoi s’obliger à travailler pour créer de la valeur alors qu’on peut l’emprunter.

5.    Mario Draghi lui-même doit bien se rendre compte qu’il est arrivé au bout du bout de ce qu’il pouvait faire. Les politiques d’incitations monétaires ne peuvent fonctionner que si les gouvernements conduisent en parallèle des politiques budgétaires qui accompagnent des réformes structurelles. Exactement ce qu’a fait la Grande-Bretagne, ou l’Espagne. Et ça marche très bien en Grande-Bretagne, ça commence à marcher en Espagne et en Italie.

6.    Sur la zone Euro, si le pays n’engage pas de réformes structurelles la politique non-conventionnelle de la BCE profite principalement aux marches financiers. Les gens de chez Goldman Sachs ont toutes les raisons d’être satisfait du président de la banque centrale européenne.

7.    L’opposition qui ne peut décemment pas critiquer le président dans la mise ne place des mesures sécuritaires, n’a aucun programme de politique économique alternatif a ce qui est fait. Quelle aubaine !

8.    Sans opposition fortement crédible, avec un front national qui triomphe mais qui au fond ne l’inquiète pas profondément parce qu’il divise la droite, et une opinion publique qui approuve massivement son rôle dans la guerre contre le terrorisme, François Hollande n’a vraiment pas besoin ou intérêt à revenir en France avant le nouvel an.

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