Non, les syndicats d’Air France ne parasiteront pas la COP21 et autres "vérités" internes <!-- --> | Atlantico.fr
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Des rumeurs courent au sein de l'entreprise Air France.
Des rumeurs courent au sein de l'entreprise Air France.
©Reuters

Rumeurs

Alors que la direction d’Air France et les pilotes reprennent timidement le dialogue, l’échec des négociations précédentes se fait cruellement ressentir au sein de la compagnie nationale, qui se voit privée des nouveaux Boeing 787, réduction d’activité oblige. En parallèle, un mois après les violences du 5 octobre, la désinformation est encore largement de mise dans les couloirs de la compagnie notamment à propos de la COP21.

Jacques Tarmac

Jacques Tarmac

Jacques Tarmac est un manager anonyme qui travaille au siège d’Air France depuis une dizaine d’années. Il a décidé de parler car il ne supporte plus les privilèges, les conservatismes, les ingérences politiques et syndicales et surtout le manque de fermeté de la direction générale, qui empêchent cette société d'être gérée comme une vraie entreprise, la conduisant lentement à sa perte.

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Du rififi lors de la COP21 ? 

Chez Air France, les esprits se calment peu à peu. Après les agressions du DRH du groupe, Xavier Broseta, et de Pierre Plissonnier, DRH du "hub" de Roissy, tout le monde (ou presque) est de retour à la table des négociations. Une accalmie qui ne refroidit toutefois pas certaines têtes brûlées, bien décidées à profiter d’un autre événement, l’organisation de la COP21 à Paris début décembre, pour faire chanter la direction d’Air France par l’intermédiaire du gouvernement.  

Fin octobre, Le Point relayait l’information. La SNPL (syndicat de pilotes majoritaire) et la CGT auraient massivement fait pression auprès du gouvernement pour qu’il demande à la direction d’Air France de lever les sanctions à l’encontre des 18 salariés concernés par des procédures, après les heurts du 5 octobre – des dégradations de matériel, des ouvertures frauduleuses de portes d’accès au siège et des agressions physiques ont été constatées. Moyen de pression des syndicats : la COP21. La grand-messe sur le climat, événement phare du quinquennat de Hollande, sera parasitée par des grèves d’envergure si le gouvernement ne s’exécute pas. Pas terrible sur le plan de l’image, alors que le monde aura les yeux braqués sur Paris. 

Le grand bluff

Pourtant, si quelques irréductibles de la SNPL et de la CGT rêvent effectivement d’instrumentaliser la COP21, il ne s’agit là que d’un rêve. Du bluff, ni plus ni moins, autour duquel ces électrons libres font artificiellement monter la mayonnaise - le Point a mordu à l’hameçon. Ni l’Elysée ni le gouvernement n’ont à ce jour effectué de demande de clémence à la direction d’Air France. La ligne suivie par l’exécutif serait même plutôt l’exacte opposée ! Dès le lendemain des agressions, Manuel Valls apportait son soutien aux cadres molestés et qualifiait de "voyous" les auteurs de ces actes. Même son de cloche, un ton en dessous, pour François Hollande qui a condamné des violences "inacceptables". Ségolène Royal, en marge de son intervention au micro de RTL le 30 octobre dernier, allait également dans ce sens.

S’il n’a jamais été question que le gouvernement demande la levée des sanctions disciplinaires, il n’est pas davantage prévu qu’une majorité de membres de la SNPL et de la CGT manifeste durant la COP21. En plus d'être totalement irresponsable - l'enjeu climatique ne doit pas être instrumentalisé à des fins politiques - cette position est en effet très marginale. Le SNPL a répété à de nombreuses reprises qu'il n'y aurait pas de mouvement social durant ce rendez-vous international. Dans l'ensemble, le personnel d'Air France condamne d'ailleurs les violences du 5 octobre, et souhaite voir leurs auteurs sanctionnés à la mesure de leurs implications respectives. Un recul de la direction sur ce dossier serait perçu comme un aveu de faiblesse au sein de la compagnie. 

Il n'est en revanche pas exclu, c’est vrai, qu'une frange de la CGT appelle à la grève, comme elle a déjà pu le faire lors des deux dernières réunions du Comité Central d'Entreprise (CEE) d’Air France. Mais, faut-il le rappeler, ces deux mobilisations n’ont eu aucune conséquence sur le trafic, et la plupart des clients n'a même pas su qu'une partie du personnel était en grève. Ironie du sort, la ponctualité s'est même avérée meilleure qu’en moyenne durant ces deux journées ! Les mouvements sociaux à Air France n'ont d'impact réel que lorsque les corps de métiers se coordonnent - ou lorsque qu'un corps se mobilise totalement. On en est loin.

Abandon des Boeing 787 : douche froide chez Air France, jalouse de KLM 

Si la machine Air France continue de tourner, sur le plan budgétaire, la crise n'a pourtant pas dit son dernier mot. Au contraire. Le premier Boeing 787 du groupe AFKLM arrivera chez KLM le samedi 14 novembre à Amsterdam, après un traditionnel vol de convoyage en provenance de Seattle, où les vols d'essais se poursuivent. Air France, de son côté, devra attendre. La compagnie française avait bien passé commande de 25 de ces Dreamliner auprès du constructeur américain en septembre 2011, mais a fini par demander l’annulation de la livraison des 5 premiers. La tendance serait plutôt à la baisse du nombre d’appareils dans les prochaines années. La flotte d’Air France devrait ainsi être amputée de 14 avions entre 2016 et 2017. 

Quid du bénéfice net de 480 millions d'euros annoncé la semaine dernière pour le troisième trimestre 2015 ? Il devrait servir à assurer des investissements d'avenir, mais n'aurait de toute façon pas suffi à finaliser l'achat des Boeing 787-9, dont le coût unitaire est 249,5 millions de dollars. En cassant sa tirelire, Air France aurait pu au mieux s'en offrir deux... 

Ces réductions du nombre d'appareils vont dans le sens du plan de restructuration, lancé après l’échec des négociations avec les représentants des pilotes, qui prévoit la baisse de 10 % de l’activité long-courrier à l’horizon 2017, pour tenter de redevenir rentable. En attendant, ceux qui souhaitent voir de plus près le nouveau fleuron de Boeing devront donc passer par Amsterdam. Chez Air France, on ne cache pas sa déception. Cette transaction abandonnée fait l'effet d'une fausse joie. Les nouveaux Boeing 787, en plus d'assurer un nombre de voyageurs en hausse, constituaient un sacré stimulant pour les personnels navigants, qui trépignaient d'impatience à l'idée de se voir confier ces machines flambant-neuves.  

Les pilotes d’ "Air cocaïne" préfèrent éviter Air France

Privé de Boeing 787, Air France a également raté l’occasion de rapatrier deux "illustres" voyageurs fin octobre. Les deux pilotes français interceptés en République dominicaine en mars 2013 de la cocaïne plein les valises (680 kg) ont en effet préféré emprunter une autre compagnie pour leur retour au bercail, après leur exfiltration par mer de ce petit pays des Antilles. La raison de ce choix ? Vu la crise économique et sociale que traverse la compagnie,Air France ne présenterait pas les conditions de confidentialité nécessaires à un voyage incognito. Autrement dit, au sein du groupe, certains petits plaisantins seraient susceptibles de livrer à la presse les noms des personnalités ayant booké leurs billets. Voudrait-on envenimer encore un peu plus la situation qu’on ne s’y prendrait pas autrement.

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