Retraites complémentaires: dernier remords avant passage à l’acte<!-- --> | Atlantico.fr
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L’Agirc et l’Arrco sont menacés d’asphyxie financière.
L’Agirc et l’Arrco sont menacés d’asphyxie financière.
©Reuters / Charles Platiau

Réformes

Le patronat et trois syndicats (CFDT, CFTC et CFE-CGC) ont validé vendredi 30 octobre, l’accord destiné à renflouer les caisses de retraites complémentaires des salariés du privé.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Les partenaires sociaux se sont retrouvés ce vendredi pour signer le texte dont ils avaient négocié les contours le 16 octobre. A la surprise quasi-générale, le MEDEF avait envoyé l’avant-veille un texte de transposition de l’accord en indiquant qu’il faisait l’objet d’une ultime négociation. Cette façon de repasser les plats illustre bien les difficultés à expliquer le texte dans les organisations syndicales.

CFDT et CGC en butte à des critiques internes

Les principales difficultés viennent des deux plus grandes centrales qui ont prévu de signer.

A la CFDT, la contestation enfle. Laurent Berger est accusé de rejouer le même coup qu’en 2003, quand la confédération avait été seule à soutenir une réforme des retraites salutaires mais en rupture avec la douce euphorie française. Un secrétaire d’union départementale a écrit son malaise face à un texte qui revient à repousser l’âge de la retraite d’un an.

A la CGC, la disparition programmée de l’AGIRC, la caisse créée par les cadres en 1947 en réaction à la création de la sécurité sociale, n’en finit pas de susciter des commentaires. Il faut maintenant expliquer pourquoi la confédération signe après avoir, durant de longs mois, annoncé qu’elle n’en ferait rien. La peu inspirée Carole Couvert avait même lancé un mouvement « coupez les cravates » pour protester contre le projet de fusion entre l’AGIRC et l’ARRCO.

Le gouvernement a évidemment besoin de ces deux signataires pour sauver un accord indispensable à la maîtrise des dépenses publiques. Sans eux, tout serait à recommencer et c’est un cas de figure qui n’est pas envisageable.

Des corrections à la marge ?

La séance de vendredi a finalement fixé les grands points de l’accord arrêtés le 16 octobre. Il a toutefois été complété par l’annonce d’une taxe spécifique pour le licenciement du senior donnant lieu à transaction. Ce point devrait être approfondi lors de la prochaine négociation chômage.

L’ouverture est particulièrement importante pour la CGC qui tient un congrès l’an prochain. Carole Couvert souhaite sa propre réélection et son intérêt n’est pas de sortir de la négociation avec un boulet qu’elle devrait traîner devant des fédérations affamées. Or la métallurgie, qu’elle avait défaite lors du précédent congrès, a déjà exprimé son mécontentement face à un accord qui fait la part belle à la CFDT.

La CFDT, paradoxalement, n’a guère à se plaindre du texte. Sa signature et l’opposition de FO lui ont permis de récupérer le régime des non-cadres (l’ARRCO) après avoir fait main basse sur l’AGIRC il y a quatre ans. Mais la prédation ne suffit pas à justifier les concessions lâchées au patronat lors de la séance du 16 octobre. Laurent Berger ne peut se permettre d’être en porte-à-faux complet avec son organisation.

L’annonce d’une prochaine réforme des retraites en France ?

La question sous-jacente à l’ensemble était évidemment de savoir s’il était possible de réformer les retraites en France. Dans la pratique, l’exercice de vendredi a prouvé que cela était possible sans nier les pesanteurs que les partenaires sociaux impose aux réformes et à la remise en ordre du pays. Alors que le MEDEF avait posé sur la table ses propositions depuis plusieurs mois, les organisations syndicales ont longuement tourné autour du pot en arguant que les réserves financières n’étaient pas épuisées et que tout cela laissait du temps pour agir.

Dans la pratique, la longue tradition de louvoiement joue des tours à certaines organisations. La CFDT, en particulier, a beaucoup reproché au MEDEF, et singulièrement à sa tête de file Claude Tendil, d’avoir mené une négociation trop « cash », en annonçant d’emblée son intention de durcir les conditions de départ à la retraite pour ramener des liquidités dans le système.

Reste à savoir si le gouvernement s’emparera de cet accord pour procéder à une réforme des retraites du régime général, en relevant l’âge de départ à 63 ans.

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