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L'Inde sera-t-elle le maillon faible des pays émergents ?
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Trompe-l'oeil

Malgré une croissance toujours forte, l’Inde a fait face en 2011 à de sérieuses difficultés économiques. Le pays enregistre une poussée continue de l’inflation, et doit affronter la fuite des capitaux étrangers, alors que le gouvernement ne convainc pas sur sa capacité à réguler la situation.

Quand le géant en devenir se découvre des pieds d’argile. En 2011, la situation économique de l’Inde s’est détériorée, lui faisant perdre du terrain dans la course à la puissance économique du futur qu’elle se livre avec la Chine, le Brésil ou l’Afrique du Sud. Un phénomène pourtant peu relayé, tant la crise des dettes des pays de la zone euro apparaît, depuis plusieurs mois, comme la préoccupation principale des marchés et des analystes.

Pourtant, les chiffres de l’économie indienne témoignent, en cette fin d’année, d’un exercice 2011 difficile. Le BSE 30, l’indice phare de la bourse de Bombay affiche ainsi une chute de 18,06% sur l’année, un des pires résultats du monde, en dessous de ceux des autres BRIC (Brésil, Russie et Inde). Reflet de cette chute, la croissance indienne : sur le troisième trimestre 2011, elle s’est limitée à 6,9%, contre une prévision de 9%, du jamais vu depuis deux ans. Sur l’année, elle devrait atteindre environ 7,5%, un chiffre à faire pâlir d’envie n’importe quelle économie occidentale... mais inférieur aux 9% initialement envisagés.

Croissance en baisse et inflation galopante

Mais plus que la prévision de croissance, l’inflation révèle le malaise de l’économie indienne. Autour des 9% depuis décembre dernier, elle a été particulièrement forte dans le secteur de l’énergie, notamment pour l’essence, ainsi que pour les biens manufacturés.  Elle n’a pas vraiment été régulée, malgré les efforts de la Banque Centrale indienne, qui a augmenté ses taux d’intérêt dans ce but à treize reprises depuis mars 2010. En vain : en octobre, elle était encore de 9,73%. Le ministre des Finances a estimé que, "l'Inde ne peut pas se permettre d'avoir une inflation supérieure à 5 ou 6%".  a-t-il déclaré mercredi… au moment même où il enterrait une loi censée aider à la maîtriser.

Or, la hausse des taux d’intérêt a contribué à baisser la croissance du pays, et a par ailleurs limité les liquidités disponibles sur la marché indien. La Banque centrale s’est du coup engagée à réinjecter des liquidités, via le rachat d’obligations de la dette du pays. Une situation qui a incité l’agence de notation Moody’s à faire passer la perspective du secteur banquier indien de stable à négative.

Conséquence de cette inflation, les investisseurs étrangers s’inquiètent. Ils ont donc voulu limiter la prise de risque et ont retiré massivement leurs capitaux du pays. Les chiffres sont éloquents : ils ne détiennent ainsi plus que 530 millions de dollars en actions indiennes en 2011, alors que cette somme s’élevait à presque 29 milliards de dollars l’an dernier. Un fossé. Par ailleurs, les investisseurs étrangers n’ont pas été rassurés par les scandales de corruption qui frappent à répétition le gouvernement indien. 

Le soutien des multinationales étrangères pas toujours bienvenu

Les difficultés économiques du pays se mesurent également dans l’importance du déficit commercial, que les entreprises indiennes auraient creusé de 30 milliards de dollars. Conséquence : cette somme coûtera 5,4 milliards de dollars supplémentaires pour être remboursée, en raison de la faiblesse de la roupie. C’est d’ailleurs un autre signe de l’affaiblissement de l’économie indienne : mi-novembre, la roupie est tombée à son nouveau le plus bas depuis trois ans, un dollar s’échangeant contre 52 unités de la monnaie du sous-continent. 

Autant d’indicateurs qui révèlent la passe difficile que traverse l’économie indienne. Une situation qui ne sera pas favorisée par le refus du parlement, mercredi, d’autoriser des multinationales étrangères à prendre des participations à hauteur de 51% dans la grande distribution en Inde. La société indienne est très réfractaire à l’idée de voir les grandes marques de la distribution comme Carrefour ou Wal-Mart s'implanter sur son territoire. Ce qu’ont vivement regretté les investisseurs. Pour relancer l’économie, le gouvernement compte en tout cas stimuler la demande intérieure. Mais sans doute également devra-t-il montrer plus d’efficacité dans la régulation des difficultés de son économie.  

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