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Chevènement : "Le problème principal du PS ? Sa résistance au réel !"
©Reuters

MRC NRV

Le Président d'honneur du Mouvement des citoyens, co-fondateur du Parti socialiste, revient sur l'accord PS/EELV et en profite pour critiquer l'évolution de son ancien parti.

Jean-Pierre Chevènement

Jean-Pierre Chevènement

Jean-Pierre Chevènement est un homme politique.

Ancien député et sénateur du Territoire de Belfort, ancien ministre (Recherche et Industrie, Education nationale, Défense, Intérieur), il a également été candidat à l'élection présidentielle de 2002, pour laquelle il a recueilli 5,33% des voix au premier tour.

Président de la Fondation Res Publica, il est également président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen.

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  1. Atlantico : Vous avez exprimé de "très fortes inquiétudes" à propos de l'accord conclu entre le PS et Europe Ecologie-Les Verts (EELV). Quelles sont-elles précisément ?

Jean-Pierre Chevènement : Cet accord met en cause l’avenir de notre pays sur des questions fondamentales : l’avenir du nucléaire qui engage notre indépendance mais aussi l’emploi, notre capacité d’exportation, sans que soit garante, car tout cela est plus idéologique que réfléchi, une préservation de l’environnement. On ne peut aussi que s’inquiéter du projet - nuancé depuis, compte tenu de la levée de boucliers qu’il a suscité - d’abandonner notre siège au Conseil de sécurité de l’ONU qui a permis jusqu’ici de faire entendre une voix traditionnellement indépendante, celle de la France.

Ce projet est d’ailleurs en pleine contradiction avec la volonté, marquée par l’accord, d’avancer vers une politique internationale plus juste, avec par exemple la reconnaissance d’un Etat palestinien. Cet abandon n’aurait pas permis de faire entendre une voix raisonnable sur la guerre en Irak. Quant à l’idée d’exprimer une politique commune à une vingtaine d’Etats qui poursuivent des objectifs divergents et ne parviendraient donc pas à s’entendre, elle ne grandirait pas l’image de l’Europe.

En quoi cet accord met-il en péril la souveraineté française ?

Pour les raisons déjà indiquées : notre indépendance énergétique, la voix de la France dans le monde sont des éléments indissociables de l’exercice de notre souveraineté. De même d’ailleurs on ne pourrait ratifier la Charte des langues régionales et minoritaires sans revenir sur la définition même de la République française : ce n’est pas moi qui le dit c’est le Conseil constitutionnel, consulté en 1999. Si l’on veut préserver nos langues régionales qui sont une richesse, cette ratification est inutile ; si l’on veut se marier en breton, divorcer en catalan ou passer des actes de vente en auvergnat, modifions notre Constitution ! Tout cela est régressif, cela rappelle les projets régionalistes qui avaient tant de succès chez ceux qui furent les inspirateurs du Maréchal Pétain.


Sur le plan intérieur, la République est-elle menacée ?

Cela fait longtemps qu’un délitement de la République s’installe,  lié au recul de la conscience collective, à la montée des valeurs marchandes, à la mise en scène de questions de société – principe de précaution droit à la différence, repentance - qui masquent les vrais enjeux, ceux d’une égalité exigeante, d’une émancipation de la conscience individuelle, qui sont eux-mêmes indispensables à l’exercice réel d’une citoyenneté vivante et non de façade.


D'un point de vue politique, le Parti socialiste s'est-il laissé déborder par EELV ?

Sans doute, mais cela ne serait pas arrivé s’il était pourvu d’un logiciel républicain, cohérent et ambitieux. L’écologie politique offre une alternative à ceux qui ne savent plus très bien où habitent leurs repères.


Vous avez "taclé" sévèrement le bilan du PS de ces 10 dernières années. Quel est le problème principal de ce parti, selon vous ?

La résistance au réel : le rejet  par le peuple français du traité de Lisbonne était aussi un jugement sur les errements de la construction européenne. La crise formidable qui secoue la zone euro est un signal plus fort encore. Jusqu’à quand l’idéologie européiste et fédéraliste servira-t-elle à ce parti d’alibi pour ne pas regarder en face  les enjeux et reconsidérer les solutions ?


Pouvez-vous nous certifier aujourd'hui que vous irez jusqu'au bout de votre candidature pour la présidentielle à venir ?

Je suis candidat pour faire bouger les lignes. Je mets mes forces dans cette bataille parce que je la crois dans l’intérêt  du pays tout entier. Ce n’est pas moi qui détient la clé de ce qui surviendra dans les mois à venir.

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