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Les scientifiques basés en Antarctique boivent trop, Washington tente d'y remédier
©Reuters

L'abus d'alcool nuit au travail

La beauté inspire, mais l'isolement entame le moral. Pour tenir en Antarctique, de nombreux scientifiques, techniciens, cuisiniers et autres conducteurs présents sur les deux bases principales, abusent de l'alcool pour décompresser.

Travailler en Antarctique en fait rêver plus d'un et semble être un métier exaltant.Mais au final, il serait plutôt déprimant d'y être en poste. Et comme il est difficile d'atteindre ce continent et d'en repartir, la plupart des gens y passent des mois. La beauté inspire, mais dans le même temps, l'isolement entame le moral. Ainsi, pour tenir, de nombreux scientifiques, techniciens, cuisiniers et autres conducteurs présents sur les deux bases principales abusent de l'alcool pour décompresser.

Mais comme la saison de recherches débute ce mois-ci, de nouvelles directives sont venues de Washington pour changer ces mauvaises habitudes et mettre un terme à ces comportements. Et pour faire respecter ces décisions, la National Science Foundation réfléchit même à distribuer des éthylotests. Tout s'est accéléré depuis l'an dernier. En 2014, le Bureau de l'Inspecteur général a effectué un audit sur la santé et la sécurité des bases américaines. Le bureau avait un large spectre de travail qui comprenait aussi bien la discipline, la formation des Marshals et les policiers de l'Antarctique. Le rapport a également évoqué l'idée d'utiliser des alcootests pour déterminer si le personnel était apte à travailler.

Les employés de la National Science Foundation ont expliqué aux personnes qui les surveillaient que l'alcool a créé "un comportement imprévisible qui a conduit à des bagarres, des attentats à la pudeur. Des employés réussissent à travailler sous son influence". Mais le vrai problème semblait être un choc des cultures entre les scientifiques dans l'Antarctique et ceux qui y sont sous contrat. Ce fossé entre les scientifiques et les travailleurs contractuels ne date pas d'hier. Ils ont tendance à manger, boire, et se socialiser séparément. "Il y a un très grand écart culturel dans l'Antarctique", explique Philip Broughton, qui a passé l'hiver 2003 au Pôle Sud. Ceux que l'on appelle les "breakers" ont, selon lui "un permis de tuer".Il ajoute : "Il y a peu de conséquences pour ce qu'ils font là-bas."

En effet, les conclusions de l'audit mettent en exergue le fait que les sicentifiques sortent souvent et enfreignent davantage les règles que les entrepreneurs qui font fonctionner les bases. Lors d'une visite du site au pôle Sud, les experts ont découvert un chercheur qui brassait sa propre bière dans l'un des laboratoires scientifiques. Une violation des règles. Mais il est vrai que la station du pôle Sud possède un petit magasin où chacun peut acheter un pack de six bières pour 6 ou 7 dollars. Et à McMurdo, le plus grand sur le continent, dispose de trois bars.

Mais boire sur son lieu de travail ou pendant les heures de travail est interdit, à double titre. Il est également illégal de faire distiller ou brasser des spiritueux sur la base. Ceux qui ont surveillé le travail sur la base, ont souligné que, bien que le chercheur universitaire est rentré chez lui, il a conservé son poste, malgré tout. Une infraction similaire dans une entreprise lambda pourrait amener l'employé à se faire congédier.

Les dirigeants de la NSF basés à Washington disent qu'ils cherchent toujours à savoir si l'envoi de quelques éthylotests à McMurdo (qui abrite environ 1.000 personnes lors de la saison estivale) ou sur la station du Pôle Sud (150 membres du personnel et scientifiques) est une bonne idée, et surtout si elle est légale. Même si le gouvernement américain détient et exploite ces bases-là, l'Antarctiquen'est pas un territoire américain. Ainsi qui serait chargé d'administrer les tests ? L'Antarctique n'a pas de salles d'audience et peu d'avocats.

Mais, la science elle-même ne confirme pas l'efficacité de l'utilisation des éthylotests. En effet, la base du Pôle Sud est située à une altitude égale à celle du sommet d'un haut plateau. Cela rend l'appareil difficile à calibrer. Les dirigeants disent qu'ils souhaitent réduire les problèmes liés à l'alcool, et que les choses ne sont pas aussi grave que les conclusions du rapport le font croire. 

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