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Resserrer la zone euro,
c'est construire
un nouveau mur de Berlin
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Back to the RDA

Plutôt que de réduire la zone euro à un noyau dur de pays membres, pourquoi ne pas garder tous les membres de la zone euro et favoriser une plus grande souplesse économique et politique.

Christian Hutin

Christian Hutin

Christian Hutin est député de la 12ème circonscription du nord depuis 2007, maire de Saint-Pol-sur-Mer et vice-président de la communauté urbaine de Dunkerque depuis 1995.

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De jour en jour, de semaine en semaine, de réunions internationales en sommets divers et variés, le feuilleton de la crise de la zone euro se déroule sous nos yeux. Rien n’y fait, l’euro se meurt tel le roi de Ionesco. L’absurdité le disputera bientôt à la tragédie.

Il ne faut pas se tromper d’analyse. Ce qui est en train de se jouer c’est l’avenir de la démocratie. Après la chute du mur de Berlin en 1989 qui résultait du rapport de force international issu de la seconde guerre mondiale, le continent européen s’apprête éventuellement à connaître une nouvelle division. Un nouveau mur de Berlin est en cours de construction avec un « noyau dur » monétaire qui regrouperait neuf pays de l’actuelle zone euro.

Il s’agit là d’un constat d’échec retentissant. L’euro aura profondément fractionné l’Europe. Les tensions entre les économies se sont accrues et avec elles les inégalités et la « tiers mondisation » de territoires entiers. Où en est la devise (dans tous les sens du terme) de l’Union européenne. « In varietate concordia ». Que l’on traduit par « Unie dans la diversité ». Divers nous le sommes de plus en plus et l’unité quant à elle s’éloigne. En outre le terme concordia renvoie aussi à l’idée de paix, d’entente harmonieuse…

Le recul démocratique est considérable puisque tout cela n’est conçu que par le durcissement de l’application des règles budgétaires et veut accélérer l’intégration fiscale européenne. L’erreur intellectuelle fondamentale est de considérer que ce qui échoue en ce moment pour les 17 États de la zone euro, réussira pour 9. L’effet sera exactement inverse et ne fera qu’accélérer le phénomène tel une gigantesque centrifugeuse.

Que deviendront alors les huit autres ? Livrés à leur sort ? Nous créerions alors au cœur même du continent une zone périphérique qui se viderait de sa substance. A-t-on pensé aux conséquences possibles ? Peut-on laisser l’Europe centrale et balkanique à la marge d’un système qui la mettra sous tension, coincée entre le monde germanique qui se retranchera au cœur de sa fragile forteresse budgétaire et industrielle et l’influence turque renaissante qui caracole sur un taux de croissance à faire pâlir d’envie ? Nul doute que la Russie ne pourrait se désintéresser de ce nouvel espace politique d’influence stratégique traditionnelle. Mesure t-on ce que cela représente et peut signifier ?

Nous sommes et nous resterons différents dans nos structures économiques et sociales. Ce n’est pas un drame, c’est une réalité. Voilà des années qu’avec Jean-Pierre Chevènement, nous dénonçons le fonctionnement de l’euro. Dès le traité de Maastricht, nous avions démontré le vice fondamental qui ronge la monnaie unique. Il ne faut donc pas mettre un place un « camp monétaire et fiscal disciplinaire » mais un système qui permettra de mettre de la souplesse entre les États membres. Pour ce faire le passage de la monnaie unique à la monnaie commune doit être absolument pris en compte.

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