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Jean-Luc Mélenchon, web candidat
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E-politique

Démarrage ce lundi d'"En Marche", la web-série dont le premier rôle est tenu par... Jean-Luc Mélenchon. A quoi ressemblera la campagne présidentielle 2012 sur Internet ? Quelques pistes avec le Directeur de la communication du leader du Front de gauche...

Arnauld Champremier-Trigano

Arnauld Champremier-Trigano

Arnauld Champremier-Trigano est directeur de la communication pour la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon.

Ancien vice-président de l'UNEF-ID (de 1994 à 1997), il dirige l'agence de communication TOC MEDIAS.

 

 

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Atlantico : La web-série "En marche" qui accompagnera Jean-Luc Mélenchon durant sa campagne présidentielle débute ce lundi. Quelle est votre ambition ?

Arnaud Champremier-Trigano : C’est une web série qui va raconter la campagne vue de l’intérieur. Ce format a retenu l’attention parce qu’il a la particularité d’être totalement neuf et de ne jamais avoir été expérimenté auparavant. 

Aujourd’hui, la façon dont les journalistes racontent une campagne consiste soit en un débat d’experts sur le fond, parfois complexe et inaccessible, soit dans l’anecdotique regroupant batailles fratricides, petites phrases et dérapages… Nous essayons d’être entre les deux, de dire qu’une campagne implique des milliers de citoyens, anonymes, qui s’engagent, certains pour la première fois… Nous voulons montrer les visages de tous ceux qui nous rejoignent dans cette campagne. La web-série ne sera donc pas centrée uniquement sur Jean-Luc Mélenchon, pour la simple et bonne raison que nous percevons notre campagne comme une démarche collective.

Bande-annonce de la web série "En marche" de Jean-Luc Mélenchon

En quoi Internet permet-il aujourd'hui de mener une campagne présidentielle autrement ?

Notre postulat consiste à percevoir Internet pas simplement comme un outil de campagne présidentielle, mais surtout comme l’outil qu’utilisent les peuples du monde entier lorsqu’ils veulent changer de système. On a donc voulu créer des outils qui soient très accessibles, à la fois informatifs et incisifs. C’est l’esprit bicéphale d’Internet :

  • Une partie information dans laquelle on va retrouver la façon dont nous racontons les faits, via des articles, la web série, des zappings, etc. Celle-ci sera nourrie pour l’essentiel de contenus issus de la blogosphère, orchestrés et éditorialisés par nos soins.
  • Le deuxième volet, plus militant, donnera accès à des fiches pratiques et techniques, des éléments permettant de rentrer dans la campagne online et offline. L’application mobile est dans le même esprit, avec ces deux pôles.

L’importance d’Internet tient aux échanges entre citoyens qui essaient de se convaincre les uns les autres. Ce qui compte n’est donc pas tant ce que nous allons dire et faire, mais plutôt ce qui va être commenté sur les forums et les réseaux sociaux. Nous avons peu de marge de manœuvre là-dessus.

L'un des changements majeurs depuis la dernière campagne présidentielle tient à l'arrivée en masse des smartphones. Les candidats ne risquent-ils pas d'être filmés en permanence par les téléphones portables d'inconnus qui diffuseront ensuite le contenu sur le web ? Une telle évolution ne mène-t-elle pas inévitablement à une campagne rythmée par les gaffes et autres petites phrases des candidats ?

Il existera une espèce d’auto surveillance. L’inconvénient est que quoi qu’on dise cela peut se retourner contre nous. L’avantage est que cela mène la fin du discours électoraliste.

Auparavant les hommes politiques faisaient des discours très adaptés au public auquel ils s’adressaient. Aujourd’hui tout propos peut être vu par tout le monde, à tout moment. Il n'est donc plus possible de dire tout et son contraire. Très franchement, cela ne nous pose pas de problème. C'est la fin du clientélisme.

Malgré sa démocratisation, l'usage d'Internet pour consulter des informations politique ne reste-t-il pas encore centré sur un public CSP+, parisien, adepte de Twitter, mais au final peu représentatif de l'ensemble citoyens français ?

Nous sommes sans doute les seuls, mais nous ne sommes pas sur Twitter : Jean-Luc Mélenchon est un vrai blogueur, qui consacre du temps à son blog et ne fais pas semblant de s’intéresser à Twitter. Il ne souhaite pas que ses propos sur Internet soient écrits par d'autres. Disons qu'il a un rapport au net assez… éthique, pour reprendre une expression des années 1990. 

Vous voulez dire que les autres candidats n'ont pas un rapport éthique à Internet ?

Ils ne sont pas tous très branchés Internet dans leur vie quotidienne. Jean-Luc Mélenchon y passe du temps depuis des années, ajoute des photos, prépare des notes de blog durant des heures : c’est le plus gros blog politique, et s’il marche bien, c’est parce qu’il s’y adonne vraiment.

Donc vous réfutez cette idée de « parisianisme » dans la communication ?

Oui, car nous avons diversifié les formats. Je remarque toutefois que les journalistes s’intéressent plus à la web série qu’au contenu même du site, c'est-à-dire au contenu d’agrégation de la blogosphère. Un contenu fait par le peuple. Effectivement la web série parle davantage à une génération un peu urbaine, entre 20 et 40 ans... aux journalistes finalement ! C'est peut-être pour cela qu'ils ne m’interrogent que là-dessus ! Pas un seul n’a relevé le fait que notre site Internet est un site où la parole est presque exclusivement réservée à des gens que le candidat ne connait même pas, que ce sont les militants qui s'y expriment et non le candidat. C'est pourtant une première ! 


Pour finir, combien coûte votre projet ?

Nous sommes dans un modèle contributif. Au total, on se situe autour de 100 000 Euros, une somme qui comprend l’ensemble des développements pour le numérique (web série, applications, etc), pas uniquement au site web en lui-même.

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