Affaire des sondages de l’Elysée : et si à l’occasion de la mise en examen de Patrick Buisson, les fameuses cassettes réapparaissaient ? <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Patrick Buisson.
Patrick Buisson.
©Reuters

Dangereuses confessions

Le juge Tournaire est un adepte des coups de théâtre : il vient de le montrer en mettant en examen Patrick Buisson dans le dossier des sondages de l’Elysée. D’autres surprises ne sont pas à exclure.

Gilles Gaetner

Gilles Gaetner

Journaliste à l’Express pendant 25 ans, après être passé par Les Echos et Le Point, Gilles Gaetner est un spécialiste des affaires politico-financières. Il a consacré un ouvrage remarqué au président de la République, Les 100 jours de Macron (Fauves –Editions). Il est également l’auteur d’une quinzaine de livres parmi lesquels L’Argent facile, dictionnaire de la corruption en France (Stock), Le roman d’un séducteur, les secrets de Roland Dumas (Jean-Claude Lattès), La République des imposteurs (L’Archipel), Pilleurs d’Afrique (Editions du Cerf).

Voir la bio »

Le juge parisien Serge Tournaire fait partie de ces magistrats qui surgissent là où ne les attend pas… Alors que l’on croyait l’affaire des sondages de l’Elysée au point mort, elle vient de rebondir spectaculairement, ce mercredi 29 juillet avec la mise en examen pour recel de favoritisme, abus de biens sociaux et détournement de fonds publics de l’un des personnages- clés de cette affaire : Patrick Buisson,  l’ex-patron de la société de sondage Publifact. Les reproches qui lui sont faits ? Avoir perçu en 2008,  392 278 euros, soit 1,5 million de francs auquel s’ajoute un salaire de 10 000 euros mensuels. En tout, des dizaines et des dizaines de sondages auraient été commandés sous la présidence de Nicolas Sarkozy à  Patrick Buisson et à un autre sondeur Pierre Giacometti qui se trouvait ce mercredi 29 juillet en garde à vue dans les locaux de la BRDE.… Or, ces marchés auraient été passés sans qu’ait lieu le moindre appel d’offres. En effet, les contrats conclus avec ces deux chefs d’entreprise semblent bien  l’avoir été,  le 1er juin  2007, sur une simple feuille de papier libre, portant la signature de la directrice du cabinet du chef de l’Etat, d’alors… Ce qui fait désordre. Surtout venant de la part d’une juriste aussi brillante et aussi avertie qu’Emmanuelle Mignon qui est conseillère d’Etat. D’ailleurs, dès 2010, quelque temps après le rapport cinglant de la Cour des comptes,  la justice avait bien perçu l’urgence d’instaurer une zone de décontamination autour de l’Elysée pour éviter qu’un juge un peu trop curieux ne mette son  nez dans ces fameuses conventions. Le raisonnement était le suivant : on ne peut enquêter sur cette affaire puisque les collaborateurs du Président, dans le prolongement de l’immunité pénale qui profite au dit président, doivent en être bénéficiaires. Eh bien, c’est raté ! Grâce à la persévérance de l’association Anticor, chargée de lutter contre la corruption, parrainée un  temps par le juge Eric Halphen, son collègue Tournaire, connu pour sa discrétion – jamais une photo de lui n’est parue dans la presse-, rompu aux dossiers sensibles – il a instruit des affaires criminalité organisée à Marseille avec le célèbre juge Charles Duchaine- a pu commencer à enquêter en novembre 2013 sur cette affaire. Aujourd'hui, Patrick Buisson est seul à être épinglé. Le 3 juin dernier, Emmanuelle Mignon, Claude Guéant, ancien secrétaire général de l’Elysée, Xavier Musca son adjoint, le publicitaire Jean-Michel Goudard, Julien Vaulpré, l’ex-conseiller Opinion à l’ Elysée ont été entendus par la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE) sans être présentés au juge Tournaire. En clair, sans être  mis en examen. Simple stratégie de la part du magistrat ou preuve que n’existe aucune charge contre ces anciens collaborateurs de Nicolas Sarkozy ? La réponse pourrait venir très vite. En attendant, l’avocat de Patrick Buisson, Gilles-William Goldnadel a fait savoir que son client était «  serein » et qu’il s’exprimerait plus tard sur le fond. Bien sûr que le juge aimerait en savoir davantage sur les dessous de ces sondages.  Mais, il n’oublie pas que l’ancien conseiller officieux de Nicolas Sarkozy est aussi l’homme qui, pendant cinq ans, a enregistré clandestinement l’ancien président de la République. Ce qui, a définitivement rompu les ponts entre les deux hommes. Tout cela, le magistrat l’a bien en tête. Peut-être espère-t-il, qu’à l’occasion de son instruction où sera nécessairement évoqué le nom de Sarkozy, Buisson en profitera pour lui parler de ces fameuses cassettes, et lui faire quelques confidences… Ne serait-ce que pour se rappeler au bon souvenir de l’ancien maire de Neuilly-sur-Seine

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !