Pôle emploi épinglé par la Cour des comptes : 5 idées non conventionnelles pour améliorer l'efficacité de la prise en charge du chômage<!-- --> | Atlantico.fr
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Il faudrait "prendre en compte des critères de performances dans la rémunération de pôle emploi".
Il faudrait "prendre en compte des critères de performances dans la rémunération de pôle emploi".
©Reuters

Formation professionnelle

Dans un rapport qui sera rendu public ce vendredi 3 juillet, la Cour des comptes épingle pôle emploi sur son efficacité insuffisante. Voici 5 idées proposées par Yannick l’Horty et Gilles Saint-Paul pour améliorer la prise en charge du chômage.

Gilles Saint-Paul

Gilles Saint-Paul

Gilles Saint-Paul est économiste et professeur à l'université Toulouse I.

Il est l'auteur du rapport du Conseil d'analyse économique (CAE) intitulé Immigration, qualifications et marché du travail sur l'impact économique de l'immigration en 2009.

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Yannick L’Horty

Yannick L’Horty

Yannick L’Horty est Professeur à l’Université Paris-Est, directeur de la fédération de recherche « Travail, Emploi et Politiques Publiques » du CNRS.

Il est spécialiste du marché du travail et de l’évaluation des politiques publiques dans le domaine de l’insertion et de l’emploi.

Dernier ouvrage paru : Les nouvelles politiques de l’emploi, Collection Repères, la découverte.

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Yannick l’Horty: Individualiser d'avantage l'accompagnement. Les services de pôle emploi suivent de manière trop uniforme les demandeurs d'emplois. Pôle emploi a déjà travaillé dans cette direction mais de manière insuffisante. Il est important de différencier clairement le service rendu par pôle emploi en fonction des besoins des personnes qui sont très différents d'un demandeur d'emploi à un autre. Il y a des demandeurs qui ont besoin de beaucoup d'accompagnement et d'autres très peu, voire pas du tout. Il faut personnaliser l'accompagnement en fonction des besoins qui doivent eux aussi être évalués de façon plus précise qu'ils ne le sont aujourd'hui.

Plafonner l'indemnisation. L'organisation du volet monétaire de l'indemnisation n'est pas suffisamment incitative pour que les demandeurs d'emploi effectuent une recherche active. Nous pourrions imaginer des réformes de l'indemnisation en particulier celle d'un plafonnement de l'indemnisation pour les demandeurs d'emploi les mieux indemnisés.  

Ajuster la cotisation chômages des entreprises à la pratique du licenciement. Concernant le financement de l'assurance chômage, les entreprises payent les mêmes sommes indépendamment de leurs pratiques. Une entreprise qui licencie beaucoup paye une cotisation chômage identique à celle de l'entreprise dont les salariés sont extrêmement stables et qui ne connaissent pas d'épisode de chômage. Il faudrait moduler les cotisations d'assurance chômage en fonction des pratiques des entreprises, en particulier en fonction de la pratique et du rythme et de l'intensité du licenciement dans chaque établissement. C’est-à-dire les entreprises qui contribuent à creuser les déficits de l'assurance chômage soient confrontés à des niveaux de prélèvement plus important que les entreprises qui ont une gestion très sécurisée de l'emploi. C'est une idée déjà en pratique aux Etats-Unis et qui a été évaluée avec succès. Elle est soutenue par de nombreux économiste en France.

Gilles Saint-Paul : Prendre en compte des critères de performances dans la rémunération de pôle emploi. Le problème de pôle emploi est qu'il n'y a pas de structures incitatives permettant des résultats. Il faudrait indexer la rémunération des dirigeants de pôle emplois sur la performance de leur site en termes de retour à l'emploi. On a à faire à une administration qui n'est pas rémunérée en fonction de ses résultats. En fusionnant l'ANPE et l'UNEDIC en pôle emploi, l'idée était qu'il fallait avoir une seule administration pour le suivi des chômeurs et le paiement des indemnités, afin que l'investissement des chômeurs dans leur recherche d'emploi conditionne leurs indemnités. Même si à l'origine c'était une bonne idée, cela ne fonctionne pas car il n'y a pas d'incitation à le faire. Il faut prendre en compte des critères de performances dans la rémunération de pôle emploi. Avant il y avait la dégressivité des allocations qui créent un mécanisme automatique d'incitation des chômeurs. Il fallait qu'il cherche du travail parce que plus ils mettaient de temps à trouver du travail, plus leurs allocations baissaient. Nous avons remplacé cela par des allocations non dégressives avec le plan d'aide au retour à l'emploi, et s'est maintenant aux employés de pôle emploi de faire la nounou et de bien vérifier qu'il cherche du travail. Comme ils n'ont aucune incitation à le faire, cela ne marche pas très bien.

Privatiser pôle emploi. Il faut mettre différents pôles emplois en concurrence comme on le fait pour d'autres services publics comme par exemple pour le contrôle technique automobile qui marche relativement bien. A partir du moment où cela est privé, il n'y a plus de relations incestueuses entre l'état et l'organisme en charge de pôle emploi et donc cela sera beaucoup plus facile pour l'état d'évaluer les performances de ses services et ainsi, de les rémunérer en fonction de ses performances.

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