Républicains, UDI, Modem... les enjeux du bras de fer en terrain piégé (mais pas trop) <!-- --> | Atlantico.fr
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Républicains, UDI, Modem : les enjeux du bras de fer (ici en illustration).
Républicains, UDI, Modem : les enjeux du bras de fer (ici en illustration).
©Reuters

Tour de table

Alors qu'Alain Juppé est dans une bonne dynamique auprès des sympathisants de droite, Républicains et centristes sont en pleine négociations pour un accord à l'approche des élections régionales qui se tiendront en fin d'année.

Xavier  Chinaud

Xavier Chinaud

Xavier Chinaud est ancien Délégué Général de démocratie Libérale et ex-conseiller pour les études politiques à Matignon de Jean-Pierre Raffarin.

Aujourd’hui, il est associé du cabinet de stratégie ESL & Network.

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Atlantico : Selon un sondage Ifop pour le JDD, Alain Juppé serait dans une dynamique favorable même chez les sympathisants de droite, jusque-là essentiellement séduit par le Président des Républicains. Quelles sont les enjeux de ces négociations ? Et qui en sont les plus concernés, que ce soit au centre ou à droite ?

Xavier Chinaud : Les élections régionales de décembre et les élections présidentielles de 2017 sont deux choses qui devraient être vues distinctement. Cette fin d’année, il s’agit d’élire les équipes qui vont diriger les nouvelles régions françaises autour de celles ou ceux qui les présideront. Une négociation est en cours entre l’ex-UMP d’une part et les centres d’autre part, pour unir leurs forces dans cette échéance régionale de décembre prochain et remporter le plus de régions possibles. Si certains acteurs prévisibles de la primaire présidentielle à droite sont candidats aux régionales, à commencer par Xavier Bertrand, Ni Alain Juppé ni Nicolas Sarkozy ne seront candidat à cette élection.

Une fois ceci réaffirmé, votre question se pose pourtant sur la négociation en cours. 3 formations tentent de s’unir: LR (ex-UMP) l’UDI et le Modem. 

Pour comprendre une négociation électorale il faut l’observer dans ses 3 niveaux principaux: l’intérêt du siège à Paris, la demande dans les régions et le résultat final espéré.

A Paris, N. Sarkozy sait qu’à l’instar des départementales ou municipales, il lui faut un accord avec les centristes, à la fois pour maximiser une victoire régionale qu’il revendiquera et pour conduire dans la foulée une alliance avec le centre dont tout candidat de droite aura besoin aux présidentielles de 2017. A la demande d’aboutir rapidement, énoncée par  JC Lagarde le président de l’UDI, N. Sarkozy a répondu qu’il liait un accord régional rapide à la primaire présidentielle et l’engagement de l’UDI à y participe, montrant clairement que pour lui l’essentiel aujourd’hui est ici.

A l’UDI: JC Lagarde veut l’union mais pas au prix de l’humiliation. Dans les divisions qui minent le parti centriste, notemment dans la perspective des présidentielles de 2017, il souhaite tenter d’en maintenir l’unité  apparente en défendant 3 de ses leaders, en Normandie Hervé Morin (patron du "Nouveau Centre", composante majeure de l’UDI), en Centre Val de Loire Philippe Vigier (Président du groupe UDI à l’Assemblée Nationale) et en Bourgogne Franche Comté, François Sauvadet (ancien président du groupe des députés lui aussi issu du "Nouveau Centre"). Sur 13 régions métropolitaines, la demande de 3 pour l’UDI n’est pas  illégitime, pas plus que ne le sont les candidats ci-dessus. L’UDI est prête à lâcher partout ailleurs ses prétendants au poste de président de région, à commencer par l’Ile de France avec Chantal Jouanno. 

Au Modem: le souhait d’accord final avec "Républicains" et l’UDI est réel au delà des postures, pour obtenir des élus et sans prétendre à diriger une région.

En région, La demande est forte de désignation rapide des têtes de listes là ou elles ne s’imposent pas encore, mais c’est en fait le cas dans bien peu d’entre elles et le souci est d’avantage porté sur la composition des listes,  les places éligibles et la répartition des postes en cas de victoire. A ce jeu-là, dans la tradition du RPR, les "Républicains" entendent bien ne laisser que le minimum à leurs alliés, là ou une présidence de région reviendrait à un UDI, les ex-UMP demanderont la majorité des sièges éligibles afin de s’assurer le contrôle politique de la majorité régionale…et dans le cas d’une présidence de région qui leur reviendrait, la même chose.  

D'ailleurs, qu'ont chacun des intervenants à proposer dans ces accords, et qu'espèrent-ils en retirer concrètement ? 

L’important pour l’opposition est d’emporter un maximum de régions, or à 6 mois de l’échéance, la droite et le centre ne sont pas certains d’en gagner autant qu’imaginé au lendemain des départementales récentes, le FN étant  en mesure de troubler le jeu.

Chez " les Républicains", l’objectif est de revendiquer la victoire et le leadership sur les centres si indispensables à une victoire en 2017 en ne favorisant ni leur rassemblement, ni le nombre de ses élus et pour N. Sarkozy enfermer l’UDI dans les primaires présidentielles à sa façon.

Faire trainer un accord dans ce qui est le dernier obstacle à l’entente avec l’UDI, à savoir la Bourgogne-Franche Comté n’a donc pas d’importance pour l’ex-UMP qui met ainsi à l’épreuve l’unité de ses alliés.

Au Centre, l’objectif est de résister aux tiraillements internes en acceptant une union, gagner des élus pour se solidifier.

Pour JC Lagarde, de résister à la pression de son allié dominant tout en défendant pour se faire la candidature de certains de ses amis qui ne le suivront pas dans l’unité du mouvement…ou dans ses choix pour 2017.

Et qui détient le plus grand pouvoir de nuisance, et comment celui-ci pourrait être utilisé sans pour autant fissurer l'unité entre droite et centre ? 

Le pouvoir de nuisance à ceci de commun avec la dissuasion nucléaire qu’il faut que la menace soit crédible.

L’UDI n’a pas l’unité nécessaire à rendre crédible la menace de listes séparées dans toutes les régions alors même que des pré-accords existent dans plusieurs d’entre elles.

Le Modem n’a pas à l’exception de l’Ile de France et en Rhône Alpes-Auvergne, de candidats solides pour mener une liste "les Républicains" ont des personnalités dirigeantes du parti engagées dans les régions sans qu’aucun des principaux acteurs d’aujourd’hui de la primaire ne soit candidat.

L’union se fera donc comme à chaque fois, aux forceps, au détriment du plus faible et d’avantage dans le souci de la primaire présidentielle que dans l’intérêt des régions elles-mêmes…

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