Républicains-PS, des congrès pour rien : pourquoi nous avons pourtant désespérément besoin des partis politiques<!-- --> | Atlantico.fr
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Le Parti socialiste est en congrès à Poitiers.
Le Parti socialiste est en congrès à Poitiers.
©Reuters

Même combat

Alors que le Parti socialiste est en plein congrès à Poitiers, le désamour entre l'opinion publique française et les partis politiques institutionnels semble acté. Si ces derniers ne sont plus que des réservoirs à candidats sans idées, leur existence est loin d'être, à termes, menacées.

Jean Petaux

Jean Petaux

Jean Petaux, docteur habilité à diriger des recherches en science politique, a enseigné et a été pendant 31 ans membre de l’équipe de direction de Sciences Po Bordeaux, jusqu’au 1er janvier 2022, établissement dont il est lui-même diplômé (1978).

Auteur d’une quinzaine d’ouvrages, son dernier livre, en librairie le 9 septembre 2022, est intitulé : « L’Appel du 18 juin 1940. Usages politiques d’un mythe ». Il est publié aux éditions Le Bord de l’Eau dans la collection « Territoires du politique » qu’il dirige.

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Atlantico :  Alors que se déroule ce week-end le congrès du PS, il semblerait que les structures partisanes soient de plus en plus remises en cause. En témoigne, Arnaud Montebourg, ou encore la phrase lâchée par Alain Juppé la semaine dernière, "Nicolas Sarkozy a le parti, moi j'ai l'opinion". Comment cette idée a-t-elle pu fleurir, qui plus est parmi les politiques eux-mêmes ?

Jean Petaux : On peut véritablement considérer que la vie des organisations politiques obéit à des cycles. Chaque parti a ainsi connu, dans son histoire, des "moments" de progression plus ou moins spectaculaire succédant à des "temps faibles" pouvant parfois aboutir à une dissolution-transformation. La SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière), le parti de Jaures et de Guesde fondé en 1905, dirigé par Léon Blum après le grand schisme entre communisme (majoritaire) et socialisme (minoritaire) du congrès de Tours en décembre 1920, a été le grand vainqueur du Front Populaire de 1936 et fait figure de "parti central" sous la IVème République à partir de 1946. Malheureusement pour lui les événements d’Algérie vont causer sa mort lente à partir de janvier 1956 quand il se révèle incapable de gérer, sur une ligne de gauche, la guerre d’indépendance algérienne et la question tragique des "Français d’Algérie", futurs "Rapatriés" à partir du 19 mars 1962. La SFIO après plusieurs soubresauts va finir par sombrer d’abord au congrès d’Alfortville en 1969 (création du NPS : "Nouveau Parti Socialiste" ; premier secrétaire national Alain Savary qui l’avait quitté en 1956) puis au fameux congrès d’Epinay, appelé "Congrès de la refondation" en 1971 avec la création du PS et la prise du pouvoir par François Mitterrand qui n’avait jamais payé une seule cotisation au Parti Socialiste SFIO en 25 ans de vie politique. Voilà un exemple (entre cent) d’un cycle partisan et politique. On pourrait multiplier les illustrations révélant ainsi des périodes alternant l’expansion et la rétraction, pour toute formation politique de droite comme de gauche.

En réalité il faut bien comprendre que les partis portent en eux-mêmes leur propre outil d’autodestruction ou d’autocritique. Les organisations politiques sont des structures destinées à sélectionner les cadres et les représentants politiques afin d’exercer le pouvoir. Mais derrière cette "raison sociale" officielle d’autres raisons, parfois inavouables, existent. J’ai été de ceux qui, dans mes premiers travaux de recherche sur les partis politiques, à Sciences Po Bordeaux, à travers par exemple le cas du changement politique dans le gouvernement local (fin des années 70, début années 80) se sont risqués à formuler l’hypothèse selon laquelle les partis politiques sont aussi des structures affectivo-relationnelles qui recouvrent aussi bien des parentèles que des phénomènes claniques et, concomitamment, clientélistes.Tous ces traits comportementaux les placent souvent aux antipodes de la recherche du bien commun et de la poursuite de l’intérêt général. D’autres, tels Bailey, ont souligné combien les luttes internes pour la conquête des trophées politiques pouvaient atteindre des sommets de violence bien plus importants qu’entre adversaires politiques classiques et traditionnels. Rien d’étonnant donc à ce que les partis portent eux-mêmes la critique de telle ou telle faction, de tel ou tel courant, dès lors que la compétition impose ce type de règles. De ce point de vue-là la pratique des primaires dans une culture politique comme celle de la France, pour "populaire" qu’elle soit, pour "à la mode" qu’elle puisse être, a des effets ravageurs. 1) Instauration d’une élection présidentielle à quatre tours : les deux tours des "poules de sélection" (les primaires) et les deux tours de la "phase finale" (la présidentielle stricto-sensu). 2) Transformation de l’élection en un concours de "reines de beauté". 3) Omniprésence et omnipotence du "désigné" qui se prend, plus que jamais, pour une sorte de "dieu vivant" en ayant réussi une telle sélection et survécu à une telle succession d’obstacles… Les partis n’ont donc plus grand rôle à jouer dans ce concours digne d’une émission de télé-réalité qui pourrait s’appeler : "Un improbable talent"…

Les enquêtes d'opinion sont nombreuses à montrer que les Français désavouent largement les partis politiques.La dernière en date est de l'institut Yougov pour le Huffington Post et révèle que 72% des Français n'ont pas confiance en leur démocratie et en la qualité de leurs responsables politique. L'opinion donne-t-elle raison à ceux qui veulent s'affranchir des partis ?

Ce que vous pointez fort justement n’est en rien propre à la France. Les succès de Beppe Grillo et de son mouvement "Cinq étoiles" en Italie aux dernières élections régionales partielles, le week-end dernier ; celui de Podemos en Espagne ou encore ce qui se passe en Grèce, montre bien que les acteurs politiques "anti-système" bénéficient d’une sorte d’a priori favorable de la part d’une opinion publique encline à considérer les partis "installés", "institutionnalisés" comme "tous pourris" (parce que trop soumis aux puissances de l’argent et du pouvoir) ; "inefficaces" (parce que trop auto-centrés et d’abord soucieux de leur propre devenir ou de celui de leurs dirigeants) et, globalement, "inutiles" (parce qu’assimilés à ces "corps intermédiaires" qui captent la parole de l’opinion et la détourne de son sens).

Là encore il faut bien comprendre que cette critique des organisations politiques, des "corps intermédiaires" que peuvent être les structures partisanes est constante et d’autant plus forte que la société est en crise ou en phase révolutionnaire. Ainsi, pour la France, les décrets d’Allarde et la loi Le Chapelier qui datent de mars 1791 montrent bien, dans la Révolution française naissante, que les dirigeants de l’époque se méfient des partis politiques, des syndicats et autres comités ou organes qui ont littéralement "pollué" l’Ancien régime fait de castes, d’ordres immuables et totalement conservateurs. Dans l’URSS naissante, Trotsky faisant donner la police bolchevique contre les "Soviets" (ces "Comités de travailleurs" qui demandaient "tout le pouvoir") de Kronstadt ne fait pas autre chose : il ne doit y avoir dans la société marxiste-léniniste qu’un seul et unique parti, celui qui guide le prolétariat au point d’en être son "avant-garde éclairée" : le Parti communiste. Toutes les autres instances (y compris bien sûr les "Soviets") sont des freins, des parasites et des obstacles.

En fait les partis politiques sont très rusés. Ils peuvent donner l’illusion de leur disparition, mais ils demeurent sous forme de spectre. Et les leaders politiques qui les ont, la plupart du temps, connus, fréquentés, côtoyés avant de s’en éloigner pour mieux les combattre, n’attendent la plupart du temps qu’une chose : éliminer les "vieux partis" et leurs cadres dirigeants en prétendant instaurer un autre mode de gouvernement pour, très vite, créer leur propre formation politique qui s’institutionnalisera à son tour. De Gaulle, à la tête du GPRF, de son retour à Paris fin août 1944 à son départ pour "traverser le désert" en janvier 1946 n’a qu’une obsession : "condamner ce régime de partis qui nous a fait tant de mal". Et que fait-il ? Il crée le RPF (Rassemblement du peuple français) le 14 avril 1947. Lequel RPF va immédiatement rassembler des dizaines de milliers de Français, adhérents mais aussi électeurs et sympathisants qui vont voter d’ailleurs en masse aux municipales de 1947 pour des listes RPF…

Aujourd’hui les partis politiques, en Europe, n’ont pas la cote. Quiconque apparaît comme un "électron libre" est en mesure de rallier sur son seul nom plus de suffrages que telle ou telle étiquette. Mais il faut sans doute introduire de vraies nuances entre les pays européens à niveau comparable d’éducation et de culture politique. En Allemagne par exemple on ne peut pas dire que la CDU ou que le SPD soient affaiblis et n’attirent plus d’adhérents ou d’électeurs. De même au Royaume-Uni : le parti Conservateur (Cameron) a bien mieux réussi que l’UKIP de Nigel Farage, formation politique sans histoire, venue de nulle part et "anti-parti" en fait. On pourrait presque considérer que les pays européens de tradition anglo-saxonne ou nordiques reconnaissent encore dans les partis politiques les "vecteurs" de la démocratie représentative. Les pays du sud (Espagne, Italie, Grèce) seraient, quant à eux, plus enclins à remettre en cause ce fonctionnement par et pour les partis politiques. Est-ce un hasard si le point commun entre ces trois pays réside dans leur égale situation par rapport au fascisme et au totalitarisme qui les ont gouvernés durant le XXème siècle ? Et dont l’un des premiers crédos, rappelons-le, était d’éliminer les partis politiques, quitte d’ailleurs à ce que le leader ayant fait son "pronunciamiento" dans ces Etats, crée à son tour son propre parti…

En France, les choses semblent claires : celui qui osera quitter le cadre étroit et sclérosé d’un parti politique, obtiendra, d’emblée, d’une opinion publique très "anti-parti" actuellement une sorte de "blanc-seing" (si ce n’est un "adoubement") qui incitera certainement quelques hauts responsables politiques à s’interroger (à tout le moins) sur leur "passage" sous les fourches caudines de tel ou tel parti pour envisager la candidature présidentielle ou bien, à l’inverse, à jouer cette même opinion publique en général contre les choix partisans et particuliers des adhérents à jour de leurs cotisations (dûment payées souvent par de "généreux donateurs") .

Que se passe-t-il concrètement au sein des partis aujourd'hui ? Y produit-on encore les idées ? Sinon, où ?

Il ne s’y passe rien d’une part parce qu’il n’y a pratiquement plus d’adhérents mais aussi, d’autre part, parce que les débats se limitent à de vulgaires batailles internes (ou par réseaux sociaux interposés) autour de l’élection de tel ou tel cadre dirigeant départemental ou national. Dans les fédérations du Parti Socialiste, à la veille du congrès national de Poitiers les seules questions qui se posent vraiment en ce moment ne portent ni sur l’opportunité du travail du dimanche ni sur la question des métropoles confrontées à la déprise sociale et économique de zones rurales de plus en plus délaissées. Elles sont bien plus simples : "Est-ce que tu votes, camarade, pour Kevin ou Elvis (les prénoms ont été changés… comme on dit…) pour être à la tête de la fédération socialiste de la Creuse ou du Morbihan ?". Essentiel pour l’avenir de la France non ?

Chez les "Verts" le ridicule est encore plus achevé. La question centrale, comme l’a dénoncée Daniel Cohn-Bendit avant de claquer la porte d’EELV, est de savoir "qui couche avec qui" avant de se déterminer sur telle ou telle ligne politique… On pourrait tout aussi bien multiplier les exemples au FN, chez Les Républicains, au PS, au PRG et, évidemment, à l’extrême-gauche (PCF, PG et NPA) où, pas moins qu’ailleurs, l’endogamie fait rage et où le clanisme d’appareil conserve de beaux jours, même si les militants sont partis depuis belle lurette (peut-être à cause de cela sans doute…).

Alors où produit-on des idées ? Dans l’espace associatif et sociétal incontestablement. Avec des intiatives très "ponctualisées" et "individuées" (même si elles sont collectives mais sous une autre forme que celle des partis "traditionnels"). Dans les think-tanks aussi. Mais cela n’a rien de nouveau et d’original : dans les années 60, en réponse à la crise morale et politique qui a été celle de la SFIO, de nombreux "clubs" se sont développés : "Echange et projet", "Club Jean Moulin", "Esprit", et même catholiques par exemple comme le "Cercle Jean XXIII" et nombre d’autres. Ce sont eux qui ont servi de "pépinières d’élevage de futurs cadres politiques" qui ont investi en masse les rangs du PS après 1971 jusqu’au 10 mai 1981.

Pour autant, une démocratie peut-elle fonctionner sans partis voire sans bipartisme ?

La Constitution de la Vème République est très claire, dans son article 4 elle confère, dès sa promulgation le 4 octobre 1958, un quasi-statut aux partis politiques : "Les partis et groupements politiques concourent à l'expression du suffrage. Ils se forment et exercent leur activité librement. Ils doivent respecter les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie. Ils contribuent à la mise en œuvre du principe énoncé au second alinéa de l'article 1er dans les conditions déterminées par la loi".

Ecrire que les "partis et groupements politiques concourent à l’expression du suffrage" c’est une reconnaissance absolument considérable. Ils trouvent, dans cette formule, une "raison d’exister politiquement" qui relève d’un principe constitutionnel. Les faire disparaître ou les faire "éclater" c’est courir le risque que le "suffrage s’exprime n’importe comment". Voilà l’enjeu. La multiplicité des partis politiques (dans n’importe quel pays) est le signe d’un "nanisme démocratique absolu". On s’en est rendu compte au tout début des années 90 dans les pays d’Europe centrale et orientale quand ont été organisées les premières élections libres et concurrentielles. En Pologne il y a même eu ainsi un "Parti des Buveurs de Bière" dirigé par un acteur comique polonais, très apprécié des téléspectateurs et que l’on pouvait comparer à Fernand Raynaud en France dans les années 1960… En Israël où le débat politique est totalement pollué et nullissime on assiste à une multiplication des partis politiques sous le double effet d’une incapacité structurelle à agréger entre elles des formations disparates et purement entrepreneuriales et d’une loi électorale irresponsable et dangereuse : la proportionnelle intégrale à l’échelle du pays sans aucun seuil favorisant ainsi des formations politiques qui comptent un ou deux élus à la Knesset et qui "monnaient" au prix fort leurs voix pour former telle ou telle coalition gouvernementale créant ainsi une "dictature de la minorité" littéralement inique.

La présence du FN dans le jeu politique français vient, forcément, déstabiliser l’équilibre droite-gauche en France. Mais, encore une fois, on voit bien que c’est d’un parti politique (le FN) et pas d’ailleurs que provient le principal facteur de perturbation des forces en présence. Le FN (chez  l’actuel, celui de Marine Le Pen – Alliot –Philippot ; bien plus que dans celui de Jean-Marie Le Pen) est une formation politique qui prétend gouverner et prendre le pouvoir pour l’exercer à tous les niveaux de l’Etat. De ce point de vue-là il correspond bien à la définition d’un parti politique formalisée il y a très longtemps par La Palombara et Wiener. Mais pour autant c’est un parti protestataire incapable de gouverner un Etat comme la France faute de cadres dirigeants formés (c’est une analyse précisément faite par Jean-Marie Le Pen lui-même) et insuffisamment au fait des contraintes qui pèse sur telle ou telle situation européenne par exemple. Donc, in fine, ce qui est le plus perturbant pour la vie politique française, ce n’est pas tant la présence d’un troisième parti politique venant rompre une "alternance naturelle" entre la droite et la gauche de gouvernement, c’est bien plus le fait que ce parti soit de qualité médiocre et prospère sur les ruines et les décombres encore fumants des deux coalitions politiques "traditionnelles" incapables de s’organiser par ailleurs tellement elles sont repliées sur elles-mêmes et inaptes à formuler, l’une ou l’autre, un projet politique cohérent et crédible.

Le rapport au parti est-il le même à droite qu'à gauche ? La gauche où le parti est le lieu des idées risque-t-elle de pâtir davantage de cette situation de la droite qui possède une culture du chef ?

Je ne pense pas qu’on puisse affirmer qu’il y aurait d’un côté les idées (dans les partis dits de gauche) et de l’autre côté le chef (les partis de droite). Même dans une lecture historico-politique cette catégorisation peut être vite remise en cause. Le « culte de la personnalité » a tout autant sévi et produit ses ravages dans les partis de gauche (souvenons-nous du « stalinisme » mais aussi du « thorézisme » par exemple) que dans les formations de la droite « césariste » ou « bonapartiste ». Quant aux idées on ne peut pas dire qu’elles aient été absentes des partis de droite dans les années 80 ou 90 voire dans la décennie 2000 aussi bien dans la diffusion de l’idéologie néo-libérale reagano-thatchérienne qui a produit quelques effets en France ou dans la montée en flèche de la question identitaire chère à Monsieur Buisson, mentor de Nicolas Sarkozy entre 2007 et 2012.

Pour ce qui est du rapport au parti qui changerait selon qu’on serait de gauche ou de droite, là encore il me semble que les comportements individuels et les conduites des groupes tendent à se dé-différencier au fil du temps sous l’influence de la crise généralisée qui frappe toutes les institutions en France et, au-delà, en Europe. On a longtemps vécu sur des représentations construites néanmoins sur des réalités : la « discipline militante » des Communistes (ce qui n’empêchait d’ailleurs ni les dissidences, ni les exclusions spectaculaires avec la mise en scène qui les accompagnait : on a oublié par exemple les circonstances du départ d’un des grands philosophes « officiels » du PCF, Roger Garaudy, en 1970 dans une dramaturgie digne des purges staliniennes…) ; la déclinaison socialiste de cette obéissance toute contenue dans la phrase de Jaures : « On n’ jamais raison contre son parti » ou encore l’attitude des groupuscules trotskystes consacrant le plus clair de leur temps à se condamner les uns les autres pour « déviationnisme petit-bourgeois » et surtout, injure suprême, « flic et/ou indic »… A droite on a pu penser que la discipline n’existait pas. C’est assez inexact. Pendant la IVème République, au sein du RPF (au moins jusqu’en 1954) sous la férule, entre autre, de Jacques Soustelle qui devait « finir » comme l’un des patrons de l’OAS anti-gaulliste, le parti était organisé comme un vrai parti de masse. C’est sans doute du fait de l’existence majoritaire de partis politiques de cadres et non de militants dans ses rangs que la droite a pu apparaître comme moins coercitive et moins disciplinée que les partis de gauche. Mais, concrètement, bien que faiblement pourvus en militants, le partis de droite n’ont pas été en reste en matière d’exclusions et d’ostracisations pour déviation par rapport à la ligne : l’extrême-droite a longtemps été totalement paralysée par ses luttes intestines la fragmentant en nombreuses micro-chapelles jusqu’à ce que Jean-Marie Le Pen ait les moyens de réduire au silence ses opposants internes, y compris Bruno Mégret à la fin des années 90  et le Parti Radical (plus au centre-droit qu’à gauche dans les faits) a connu nombre d’exclusions de cadres et de personnalités qui prenaient un malin plaisir à s’accuser de tous les maux jusqu’à se trainer les uns les autres devant les tribunaux….

Aujourd’hui, du fait de la personnalisation de la vie politique, le culte du chef (en dépit des apparences et des discours auto-légitimateurs qui sont prononcés, à gauche essentiellement pour se défendre de cette « dérive », dénoncée comme telle en tous les cas) apparaît comme une pratique assez globalement partagée dans ce que l’on appelle les « écuries » ou les « équipes » au sein des formations politiques, toutes tendances idéologiques confondues. Mais c’est sans doute, presque mécaniquement, la baisse spectaculaire des effectifs militants, à droite comme à gauche, qui explique cette montée en puissance du poids des « chefs de clan » au sein des partis eux-mêmes. On pourrait presque en tirer une loi simple : « Moins il y a de militants plus il y a de candidats au leadership ».

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