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Les recettes pour sauver l'Euro viendront-elles de la Baltique ?
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Cuisine au hareng

Dans leur bataille pour consolider leurs finances et sauver la monnaie unique, les pays européens en difficulté -au premier rang desquels la Grèce- pourraient s’inspirer des mesures explorées avec succès sur les rivages de la Baltique.

Alors que les Grecs voient leur souveraineté se réduire comme peau de chagrin sous la pression des grands pays de la zone euro qui exigent des mesures radicales de réforme de l'économie du pays méditerranéen, les meilleures recettes pour s'en sortir sont-elles celles préconisées par Berlin, Paris ou le FMI ? Et si les Grecs avaient tout intérêt à regarder du côté de la Baltique ? Ce jeudi au G20, un responsable de la commission européenne vantait l'exemple du sauvetage de la Lettonie après la crise de 2008 et ces dernières années ont vu des pays aussi différents que la Suède, l'Estonie ou la Lituanie réussir à renouer avec la croissance, chacun à sa manière. Petit tour d'horizon.

Pas de privatisations pour la Suède ni la Lituanie mais des entreprises publiques mieux gérées

La privatisation comme seul moyen de sauver l’économie ? Pas si sûr. Certains économistes préconisent de se concentrer sur les bénéfices qui peuvent être tirés des biens de l’Etat, plutôt que de les vendre pour une bouchée de pain. " La réaction pavlovienne des hommes politiques est de vendre ces biens, alors qu’on peut les rendre plus rentables en les gérant mieux ", affirme Stéphane Deo, économiste à la Banque UBS. Selon lui, les gouvernements de la zone euro détiennent 2350 trillions d'euros (milliards de milliards) en actifs financiers et environ 4000 trillions en biens matériels, comme les bâtiments ou les routes.

C'est la solution choisie par la Suède en lançant dans les années 1990 une réforme des entreprises publiques. Le succès ne s’est pas fait attendre : en 2010 les quelques 60 grandes entreprises publiques suédoises ont généré des dividendes de 4,3 milliards d’euros soit une augmentation de 82% par rapport à l’année précédente et la moitié du surplus budgétaire de Stockholm sur l'année.

En Lituanie, des directeurs issus du privé ont été placés dans les conseils d’administration des entreprises dépendant du gouvernement.La mesure permet une surveillance accrue de ces entreprises et une séparation plus nette entre la propriété et la gestion.  En d’autres termes, " nous voulons que les ministres arrêtent de jouer sur le terrain et qu’ils aient un rôle d’entraîneur hors du terrain de jeu ", explique le Premier ministre lituanien Rimantas Zylius.

L’Espagne s'est déjà inspiré de ces exemples venus du Nord en choisissant le mois dernier de suspendre la privatisation de ses deux plus grands aéroports et en repoussant la vente partielle de sa loterie nationale.

A l’inverse, la Grèce a privilégié la privatisation et a récolté 1,7 milliard d’euros, contre une prévision de 5 milliards d’euros, suite à l’effondrement des marchés financiers. 

Pour l'Estonie et la Lettonie, l’austérité a payé

Autre mesure plus draconienne : la rigueur

En visite ce jeudi à Riga, Gabriele Giudice, un responsable de la commission européenne vantait l'exemple du sauvetage de la Lettonie confrontée après 2008 à la récession la plus sévère au monde avec un effondrement de son PIB de 25% entre 2008 et 2009 et de retour sur les rails de la croissance en 2011. Le gouvernement letton avait appliqué en 2009 un plan d'austérité extrêmement sévère (en coupant les dépenses à hauteur de 15% du PIB letton) pour assainir les finances publiques du pays. Ce plan choc avait permis le déblocage par le FMI et l'Union européenne d'une somme de 7,5 milliards d'euros sur laquelle Riga n'avait finalement emprunté que 4,36 milliards d'euros avant d'indiquer que la Lettonie n'aurait pas recours au reste de l'argent mis à sa disposition. Le pays -qui ne fait pas partie de la zone euro mais y postule- a vu ses investissements repartir et le chômage diminuer montrant qu'un ajustement de cette ampleur peut se faire sans dévaluation, sans tuer la croissance et avec un bénéfice politique pour ses promoteurs. 

En Estonie, le premier ministre Andrus Ansip avait pour sa part mené en 2009 une sévère politique d’austérité budgétaire pour se conformer aux critères de Maastricht : réduction salariale de 10% dans la fonction publique, de  20% pour les ministres, hausse de la fiscalité sur la consommation, gel des dépenses publiques, maintien d’un taux d’imposition unique, réforme des retraites et réduction du nombre de fonctionnaires. Le congé maternité a été raccourci, et même les éclairages publics fonctionnent moins longtemps.

Mais dans un pays où 10% de la population a été déportée dans les goulags soviétiques, ces mesures n’ont pas provoqué un tollé dans la population.  " Nous avons connu des temps plus durs ", résume Jurgen Ligi, le ministre des Finances du pays. Ainsi, le Premier ministre Andrus Ansip a été réélu en mars dernier.

Le pays balte est le 17ème et dernier pays à avoir adopté l’euro en janvier dernier et prévoit déjà  une croissance de 7% en 2011, contre 4% l’an dernier. L’Estonie a réussi à rebondir après deux années de sévère récession. Le taux de chômage est  passé de 18,8% à 13,8%, soit la baisse la plus importante dans l’Union européenne. La dette estonienne est également la plus basse de l’Union, elle représente 6,6% du PIB. L’agence de notation Fitch a remonté la note du pays à A+.

Ce choix d'une véritable dévaluation interne réalisée en coupant dans les salaires génère un coût assez lourd à l'austérité : un abaissement sévère du niveau de vie des Estoniens que la croissance ne compensera que dans le temps. En Lettonie, et bien que réélu après son plan d'austérité, le premier ministre Valdis Dombrovskis estimait de son côté en février dernier qu'il "ne recommanderait à aucun pays d'infliger pareil remède", la population ayant dû accepter des baisses de salaires allant jusqu'à 80%.

Fort de son bilan prometteur néanmoins, le premier ministre estonien Andrus Ansip a appelé mardi ses homologues européens à prendre des mesures fortes : " Les problèmes actuels ont été engendrés par les négligences du passé. Nos succès seront limités et de courte durée si nous ne cernons pas les problèmes structurels, à la fois dans l'économie et la gestion " Et de marteler : " Les efforts de l'UE destinés à résorber la crise de la dette seront insuffisants sans une action musclée pour abolir les barrières et harmoniser les politiques économiques ".

La privatisation comme seul moyen de sauver l’économie ? Pas si sûr. Certains économistes préconisent de se concentrer sur les bénéfices qui peuvent être tirés des biens de l’état plutôt que de les vendre pour une bouchée de pain. « La réaction des hommes politiques est de vendre ces biens, alors qu’on peut les rendre plus rentables en les gérant mieux », affirme Stéphane Deo, économiste à la Banque UBS. Selon lui, les gouvernements de la zone euro détiennent 2,35 billions d’euros en actifs financiers et environ 4 billions en biens matériels comme les bâtiments ou les routes.

Pas de privatisation pour la Suède

La Suède a choisi cette solution en lançant dans les années 90 une réforme des entreprises publiques. Le succès ne s’est pas fait attendre : ces entreprises ont généré des dividendes de 4,3 milliards d’euros soit une augmentation de 82% par rapport à l’année précédente.

L’Espagne a choisi de suivre cet exemple le mois dernier en suspendant la privatisation de ses deux plus grands aéroports et en repoussant la vente partielle de sa loterie nationale.

A l’inverse, la Grèce a privilégié la privatisation, et a récolté 1,7 milliard d’euros contre une prévision de 5 milliards d’euros suite à l’implosion des valeurs marchandes.

De l’autre côté de la Baltique, en Lituanie, des directeurs issus du privé ont été placés dans les conseils d’administration des entreprises dépendant du gouvernement. La mesure permet une surveillance plus accrue de ces entreprises et une séparation plus nette entre la propriété et la gestion. En d’autres termes, « nous voulons que les ministres arrêtent de jouer sur le terrain et qu’ils aient un rôle d’entraineur hors du terrain de jeu », explique le Premier ministre lituanien Rimantas Zylius.

L’Estonie a choisi l’austérité

Autre mesure plus draconienne : la rigueur.En Estonie, le premier ministre Andrus Ansip a mené en 2009 une sévère politique d’austérité budgétaire pour se conformer aux critères de Maastricht : réduction salariale de 10% dans la fonction publique, de 20% pour les ministres, hausse de la fiscalité sur la consommation, gel des dépenses publiques, maintien d’un taux d’imposition unique, réforme des retraites et réduction du nombre de fonctionnaires. Le congé maternité a été raccourci, et même les éclairages publics fonctionnent moins longtemps.

Mais dans un pays où 10% de la population a été déportée dans les goulags soviétiques, ces mesures n’ont pas provoqué un tollé dans la population. « Nous avons connu des temps plus durs », résume Jurgen Ligi, le ministre des Finances du pays. Ainsi le premier ministre Andrus Ansip a été réélu en mars dernier.

Le pays balte est le 17ème et dernier pays à avoir adopté l’euro en janvier dernier et prévoit déjà une croissance de 7% en 2011 contre 4% l’an dernier. L’Estonie a réussi à rebondir après deux années de sévère récession. Le taux de chômage est passé de 18,8% à 13,8%, soit la baisse la plus importante de l’Union européenne . La dette estonienne est également la plus basse de l’Union, elle représente 6,6% du PIB. L’agence de notation Fitch a remonté la note du pays à A+.

Fort de ce bilan prometteur, Andrus Ansip a appelé mardi ses homologues européens à prendre des mesures fortes : « « Les efforts de l'UE destinés à résorber la crise de la dette seront insuffisants sans une action musclée pour abolir les barrières et harmoniser les politiques économiques ». Et de marteler : « Les problèmes actuels ont été engendrés par les négligences du passé. Nos succès seront limités et de courte durée si nous ne cernons pas les problèmes structurels, à la fois dans l'économie et la gestion ».

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