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Les jeunes au travail : insatisfaits certes, mais toujours optimistes
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Enquête planétaire 2011

Troisième épisode de notre feuilleton de la semaine sur la jeunesse du monde, sous la direction de Dominique Reynié. Chiffres à l'appui, l'enquête révèle que, s'ils n'ont jamais connu le plein emploi, les jeunes ont tout de même confiance dans leur avenir professionnel.

Dominique Reynié

Dominique Reynié

Dominique Reynié est professeur des Universités en science politique à l’Institut d’études politiques de Paris et directeur général de la Fondation pour l'innovation politique (Fondapol).

Il est l'auteur de nombreux ouvrages dont Populismes : la pente fatale (Plon, 2011).

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Le chômage inquiète encore et toujours…

Les jeunes Occidentaux que nous avons interrogés n’ont jamais connu le plein emploi : 45% des jeunes Européens identifient le chômage comme l’une des plus grandes menaces pour la société, avant le terrorisme ou le changement climatique. Ils redoutent le chômage bien plus que leurs aînés : la différence est de l’ordre de 10 points (en Suède, en Grande-Bretagne, en Pologne ou en Hongrie).

Seul un jeune sur deux se dit satisfait de son travail (49%). La proportion est supérieure dans la plupart des jeunesses des pays émergents (64% en Inde, 58% en Afrique du Sud, 57% au Maroc), mais elle est légèrement moindre en Chine (45%). Les Français font mentir leur réputation en se plaçant en tête des pays occidentaux avec 61% de jeunes satisfaits par leur travail. On notera, à l’inverse, l’extrême faiblesse du niveau de satisfaction de la jeunesse japonaise (30%).

Confiance dans l’avenir professionnel

Loin d’être déprimés par la menace du chômage, les jeunes se déclarent massivement (70%) certains d’avoir un « bon travail » dans l’avenir, soit plus que leurs aînés (62%). À l’exception notable des Japonais (32%), la jeunesse des pays développés hors d’Europe se révèle presque aussi optimiste que celle des grands pays émergents. Les Européens sont moins confiants, notamment les Grecs ou les Français dont moins de la moitié (respectivement 43% et 49%) imagine pouvoir trouver un « bon travail ».

Un bon travail doit avant tout être rémunérateur

Le niveau de rémunération est le facteur le plus souvent cité par les jeunes dans la quasi-totalité des pays pour qualifier un bon travail. Les jeunesses marocaine, scandinave, chinoise et japonaise font figure d’exception en ne plaçant pas l’argument financier en première position. En revanche, le niveau du salaire est crucial pour les Russes (71%) et les Polonais (69%). La qualité de l’ambiance au travail apparaît comme le second facteur d’une carrière réussie. Les Européens (51%) y accordent plus d’importance que les autres, tout comme les Chinois (55%), alors que les Marocains (33%) ou les Israéliens (36%) y semblent moins attachés.

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L’intérêt que l’on retire de l’activité professionnelle intervient en troisième position, mais la question suscite d’importants écarts entre les pays : si les Russes ou les Français accordent beaucoup d’importance à l’intérêt de l’activité professionnelle, le salaire reste premier, à la différence des Scandinaves qui souhaitent avant tout un travail intéressant. À l’opposé, avoir un travail passionnant intéresse peu les jeunesses turque et marocaine (13%), et faiblement les jeunesses des grands pays émergents comme la Chine, l’Inde, le Brésil ou le Mexique.

À la question de savoir ce qu’est une vie satisfaisante, « avoir un travail passionnant » apparaît comme un objectif de vie de second plan. Une vie satisfaisante, c’est d’abord être en bonne santé, fonder une famille, tomber amoureux. Mais être passionné par son travail est souvent jugé aussi important que de gagner beaucoup d’argent ou même que de passer du temps avec ses amis : 33% des Mexicains citent le fait d’avoir un travail passionnant parmi les trois facteurs d’une vie satisfaisante : c’est le cas de 28% des jeunes Indiens, Polonais et Italiens.

Il est frappant de constater que les études et la profession exercée sont pour les jeunes des éléments constitutifs de l’identité, bien plus que la religion, le groupe ethnique ou même la nationalité. Ainsi 83% d’entre eux considèrent que la formation est un élément important de leur identité et ce sentiment s’affirme avec plus de force encore dans les jeunesses des pays émergents, que ce soit en Chine (89%), au Brésil (90%), au Mexique (95%) ou en Inde (97%). De la même façon, la profession est présentée comme un facteur important de l’identité, en Inde (93%), au Brésil (81%) ou en Chine (78%). À l’inverse, la profession occupe une place moins importante dans l’identité des jeunes des pays riches (48% des Japonais, 66% des Américains et 70% des Européens). […]


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Dans quel secteur travailler ? Le triomphe des services, l’éducation en tête

Alors qu’au niveau mondial, les secteurs primaire et secondaire représentent encore plus de la moitié des emplois, l’agriculture ne constitue un projet professionnel que pour 6% des jeunes, y compris dans les pays où la croissance doit beaucoup à ce secteur (Mexique, Brésil ou Inde). De même, l’industrie (9%), l’artisanat (9%) et la construction (8%) suscitent un intérêt limité.

En revanche, plus de 70% des jeunes souhaitent s’orienter vers les services. La répartition entre les différents secteurs est assez homogène. L’éducation arrive en tête (22%), suivie par la recherche (20%). Malgré la crise financière et la mise en cause publique de ce secteur, la banque et la finance attirent davantage les jeunes que leurs aînés (19% des jeunes en moyenne, soit 5 points de plus que les 30-50 ans). Il est frappant de constater que ce sont surtout les Chinois (41%), les Indiens (32%) et les Russes (25%) qui aimeraient faire carrière dans ce secteur. En revanche, la banque et la finance n’attirent que 11% des Japonais et 16% des Européens. On notera cependant un intérêt beaucoup plus marqué dans la jeunesse d’Europe de l’Est, que ce soit en Estonie (29%), en Pologne (26%) ou en Roumanie (24%). Au cœur de la globalisation, le commerce ne suscite la vocation que de 10% des jeunes et n’a guère plus de succès en Chine (9%) ou en Allemagne (10%), qui sont pourtant les deux premières puissances en matière d’exportations.

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Extraits deLa jeunesse du monde, une enquête planétaire 2011, sous la direction de Dominique Reynié, Lignes de Repères Editions (septembre 2011)

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