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Le secret de la réussite d'Amazon
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EDITO

La réussite d'Amazon s'appuie sur le lobbying et le chantage à l'emploi pour pouvoir vendre moins cher sans faire payer l'équivalent de la TVA à ses clients.

Gilles Klein

Gilles Klein

Gilles Klein,, amateur de phares et d'opéras, journaliste sur papier depuis 1977 et en ligne depuis 1995.

Débuts à Libération une demi-douzaine d’années, puis balade sur le globe, photojournaliste pour l’agence Sipa Press. Ensuite, responsable de la rubrique Multimedia de ELLE, avant d’écrire sur les médias à Arrêt sur Images et de collaborer avec Atlantico. Par ailleurs fut blogueur, avec Le Phare à partir de 2005 sur le site du Monde qui a fermé sa plateforme de blogs. Revue de presse quotidienne sur Twitter depuis 2007.

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La Californie a toujours été l'état américain à la pointe de l'innovation dans tous les domaines, au niveau social, politique ou technologique. Le bras de fer qui l'a opposé à Amazon qui refusait, jusqu'à présent de faire payer la taxe sur les ventes à ses clients, ce qui lui donnait, naturellement, un avantage sur ses concurrents, est donc emblématique.

Une décision de la Cour Suprême des Etats Unis statuait en 1992, qu'un état ne pouvait obliger une entreprise à faire payer la taxe sur les ventes (qui varie d'un état à l'autre) à ses clients avant de la reverser à l'état, si l'entreprise en question n'était pas physiquement présente dans cet état (magasin, entrepôt, siège social).

Amazon en a longuement profité, mais maintenant que l'entreprise dirigée par Jeff Bezos est devenu un géant aux USA et dans le monde (ses ventes ont atteint 34 milliards de dollars en 2010), les états voudraient bien qu'Amazon collecte et, comme tous les commerçants, reverse,  à chacun d'entre eux, la taxe sur les ventes.

La Californie a tenté le coup cet été, avec une nouvelle loi obligeant Amazon à obéir. Jeff Bezos a aussitôt lancé une contre-offensive et une intense campagne de lobbying, en dépensant plus de 5 millions de dollars, pour s'opposer à cette tentative. Devant les principaux centres commerciaux de Californie, des gens payés par Amazon ont collecté des milliers de signatures, pour atteindre le chiffre fatidique de 500 000 qui lui permettrait d'obtenir un référendum pour s'opposer à cette loi.

Finalement un accord a été trouvé. L'entrée en vigueur de cette fameuse taxe a été repoussée à septembre 2012. Ce qui représente pour la Californie plombée par un vertigineux déficit, une perte d'environ 200 millions de dollars. Du coup, Amazon a accepté d'abandonner son projet de référendum, et annoncé de manière informelle son intention d'ouvrir deux centres de distribution ou entrepôts en Californie, ce qui pourrait entraîner la création de 10 000 emplois.

Difficile de prédire l'avenir, de savoir qui a remporté ce bras de fer, mais un des éléments clés du succès d'Amazon, son prix plus bas que celui de ses rivaux, qu'il s'agisse de commerces traditionnels ou en ligne, pourrait bien être remis en cause, et pas seulement en Californie.

Dans l'état du Tennessee, Amazon avait réussi le même coup, bien qu'il ait effectivement des des entrepôts. mais Amazon avait menacé de les implanter dans un état voisin, la Géorgie si on l'obligeait à faire payer les taxes, aux acheteurs de cet état. Ce mois-ci, le gouverneur vient de remettre en cause cet accord, et veut maintenant qu'Amazon paie les taxes, à partir de 2014.

Même chose en Indiana, ou en Pennsylvanie, où Amazon ne paie pas les taxes, en s'abritant derrière le fait que s'il a bien des entrepôts dans ce dernier état, ils appartiennent à une de ses filiales, pas à Amazon directement. Une étude montrait en 2010 que pas moins de 16 autres états avaient exempté Amazon de taxes, bien qu'Amazon y possède des entrepôts.

Après avoir été un simple site de ventes de livres en ligne fondé en 1994, puis ouvert en juillet 1995 (qui a fini par menacer même la grande chaîne nationale de librairies Borders, qui a fermé ses portes cet été), Amazon est devenu un géant qui vend à peu près de tout, et doit donc accepter, qu'il le veuille ou non, être traité, comme n'importe quel grand groupe de distribution. La Californie vient d'ouvrir une brêche dans la forteresse Amazon, mais l'empire dirigé par Jeff Bezos pourrait bien contre-attaquer

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