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La demande de chocolat continuera à être supérieure à l'offre jusqu'à 2020, entraînant une augmentation de son prix.
La demande de chocolat continuera à être supérieure à l'offre jusqu'à 2020, entraînant une augmentation de son prix.
©flickr.com

Faites des provisions !

Selon l'organisation mondiale du Cacao, la demande de chocolat continuera à être supérieure à l'offre jusqu'à 2020, entraînant une augmentation de son prix. Et si la production s'adapte doucement à la demande, elle ne réussit toujours pas à répondre aux marchés émergents.

Jean-Marc Boussard

Jean-Marc Boussard

Jean-Marc Boussard est économiste, ancien directeur de recherche à l’INRA et membre de l’Académie d’Agriculture.

Il est l'auteur de nombreux ouvrages dont La régulation des marchés agricoles (L’Harmattan, 2007).

 

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Atlantico : Selon les prévisions actuelles, quel pourrait-être le prix du chocolat sur les marchés l'an prochain ?

Jean-Marc Boussard : Il est tout à fait possible (quoique bien difficile à prévoir) que la demande devienne supérieure à l'offre, et que le prix augmente. Ce ne serait pas une grande nouvelle : Les prix du cacao sont parmi les plus fluctuants au monde ! Les prévisions dont vous faites état sont basées sur des informations que je n'ai pas (état des stocks, marchés à terme). Mais elles sont hasardeuses, et je serais beaucoup plus prudent. De toute façon, des écarts de prix de 1 à 2 en quelques mois ne sont pas rares sur ces marchés, et ils sont imprévisibles. 

Quelles en sont les raisons ? Observe-t-on un accroissement de la demande, ou une diminution de la production, ou les deux ?

Si l'on se fie aux statistiques de la FAO, la production n'a jamais été aussi forte que maintenant. Ce n'est donc pas la production qui sera en cause  en cas de hausse de prix, mais bien plutôt la demande, et, sans doute, l'état des stocks. De fait, la demande semble avoir augmenté plus encore que la production, en particulier du fait des pays asiatique, où la consommation de chocolat, faible autrefois, devient "tendance".

Quelles sont les spécificités de la culture du cacao ? Permettent-elles d'expliquer cette raréfaction ?

Le cacao est produit par un arbre, ce qui fait que les délais de production sont longs: il faut de 3 à 10 ans pour qu'un arbre produise convenablement. Cela fait que la production répond au prix, mais avec beaucoup de retard. De toute façon, même en face d'une hausse subite, un producteur n'augmente sa production, et n'étend ses plantations  que s'il a l'impression que la hausse va se maintenir pendant quelque temps : car on a trop souvent vu un producteur optimiste se retrouver avec une production exceptionnelle au moment où le prix est retombé à cause de la surproduction! Or  être persuadé de la longévité d'une hausse de prix, cela prend du temps !

Et  surtout, il faut qu'un commerçant vienne  acheter les fèves au producteur, qui , en général, n'a pas  les moyens de se déplacer pour les vendre. Cela ne va pas toujours de soi, surtout si la plantation est éloignée des routes, et si les routes sont périlleuses... On pourrait expliquer par là une baisse de production, liée aux troubles qui agitent l'Afrique. Cependant, cela ne semble pas être le cas, puisque,  encore une fois, la production n'a jamais été aussi forte que ces dernières années.

Cette augmentation du prix pourrait-elle au contraire attirer de nouveaux exploitants ? Comment l'industrie agro-alimentaire pourrait-elle s'adapter ?

Sans doute, cette augmentation de prix, si elle intervient, sera de nature à encourager les plantations. On pourrait alors "passer de l'autre côté du cheval", et voir les prix s'effondrer. Quand à l'industrie alimentaire, elle a l'habitude de ces changements de prix, et elle s'adaptera, sans doute aux frais des consommateurs finaux, par des réductions de production et des augmentations de prix. De ce point de vue, il faut bien avouer que les consommateurs ont beaucoup perdu depuis les années 90, avec la fin des "prix garantis  aux producteurs", qui permettaient à ceux ci de planifier leurs investissements le plus efficacement possible.

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