Quand l'afflux de vélos crispe la circulation en ville<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Europe
Quand l'afflux de vélos crispe la circulation en ville
©

La roue tourne

En Allemagne et au Danemark, le succès des vélos sur les routes a favorisé la progression des incivilités et des accidents. Les infrastructures ne sont en effet pas suffisantes pour accueillir tant de deux roues.

 Zegreenweb

Zegreenweb

Le site www.zegreenweb.com

propose chaque jour toute l'actualité du développement durable et offre une véritable boîte à outil pour un quotidien plus soucieux de la planète (écogestes, recettes de cuisine bio, guide des restos bio, espace emplois verts, covoiturage, éco-consommation, etc.)

 

Voir la bio »

Ils sont de plus en plus nombreux un peu partout dans le monde (associations, citoyens ralliés à la cause verte et pouvoirs publics locaux) à chanter les louanges de l’éco-mobilité (ou mobilité durable) en ville. La faute sans doute à la pollution atmosphériqueou au réchauffement climatique. Au diable les voitures thermiques : place aux véhicules hybrides et  électriques, aux transports en commun et aux systèmes de location de vélos en libre-service, qui contribuent tous à faire baisser les niveaux de pollution, et par extension à sauver des vies.

Mais pour louable qu’il soit, et même s’il obéit d’abord à la volonté d’améliorer les conditions de vie des citadins, le verdissement des transports urbains ne fait cependant pas l’unanimité. La cohabitation entre cyclistes et automobilistes n’est en effet pas toujours sans nuages, ainsi qu’en ont récemment témoigné les tensions entre pro et anti-introduction massive de deux roues à Copenhague.

La capitale danoise est une pionnière, les vélos de location en libre-service, qui sont actuellement deux mille répartis sur une centaine de stations, y ayant fait leur apparition dès 1995. Selon l’organisation Wonderful Copenhagen, 36 % des habitants circuleraient régulièrement en bicyclette. Alors que la municipalité table sur 50 % d’usagers d’ici 2015, l’un de ses membres, Aneh Hajdu, jure qu’il « n’emmène plus (ses) enfants à vélo aux heures de pointe ». « C’est trop dangereux », estime-t-il.

Un point de vue que l’insuffisance de places de stationnement et l’encombrement des pistes cyclables, pourtant larges de trois à quatre mètres, viennent accréditer. Ainsi, selon Frits Bredal, membre de la Fédération danoise de Cyclisme (CDF) : « en heure de pointe, un nombre incroyable de cyclistes « se battent » pour s’imposer sur les pistes cyclables, qui deviennent rapidement exiguës et bondées ». Et d’ajouter : « les usagers se montrent agressifs et imprudents dans la circulation. Je vois de plus en plus de personnes se mettre elles-mêmes en danger ainsi que les autres. Ils bafouent les lois et utilisent leur vélo de façon complètement irresponsable ».

La détérioration des relations entre piétons, cyclistes et automobilistes est bien réelle aussi en Allemagne, où elle trouve sa source dans le nombre devenu anormalement élevé d’accidents de la route chez les utilisateurs de petites reines.

D’après l’Institut allemand des statistiques, ces vélos dont le ministère des Transports a salué la renaissance chez nos voisins depuis le début des années 1990 (NDLR : et pour cause : la très grande majorité des métropoles du pays – Berlin, Cologne, Dresde, Düsseldorf, Francfort, Hambourg, Munich, Stuttgart pour ne citer qu’elles – disposent aujourd’hui d’un dispositif de location de vélos en libre-service) auraient même été impliqués dans un tiers des accidents en ville et dans un accident mortel sur quatre. Des proportions beaucoup trop importantes et qui seraient d’abord le fait d’infrastructures pour la circulation devenues inadaptées, affirme Claudia Nolte, porte-parole de l’Automobile club allemand (ADAC) citée par l’AFP.

Un septième des trois millions cinq cent mille Berlinois utilisent aujourd’hui le vélo tous les jours pour leurs déplacements, c’est-à-dire deux fois plus qu’il y a dix ans. Cet engouement se serait néanmoins traduit par une forte recrudescence des incivilités dans les artères de la capitale allemande« Sur un vélo, l’Homme devient un monstre », assène Annette Zoch, auteure d’un Livre pour ceux qui détestent les vélos qui, à ce rythme et sachant qu’à Fribourg par exemple certaines rues étroites du centre-ville sont devenues très difficiles d’accès pour les piétons, deviendra peut-être un best-seller…

« Les relations entre piétons et cyclistes se sont plutôt détériorées, surtout parce que les vélos sont de plus en plus nombreux », concède Stefan Lieb, porte-parole de l’association de piétons Fuss e.V. Pour rétablir l’harmonie, l’ADAC suggère de son côté un investissement de cinq cents millions d’euros pour le seul land de Brandebourg en vue d’élargir et de développer le réseau de piste cyclables, beaucoup plus que les 86 millions d’euros que Berlin a consacré l’an passé aux infrastructures cyclistes. Les conducteurs voire les piétons ont beau avoir sans doute eux aussi leur part de responsabilité dans ce qui, par endroits, devient un véritable sac de nœuds, l’heure n’est pas ou plus à se renvoyer la balle mais plutôt à ce que chacun réapprennent quelques règles élémentaires. En attendant des infrastructures de nouveau dignes de ce nom.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !