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Une réforme du collège... pour rien
©Reuters

Médiocratie

La ministre de l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem a présenté mercredi son projet. Une réforme qui ne répond pas aux priorités de l'école et ne touche pas le cœur du problème, le collège unique, estime Jean-Paul Brighelli pour Debout la France.

Jean-Paul Brighelli

Jean-Paul Brighelli

Jean-Paul Brighelli est professeur agrégé de lettres, enseignant et essayiste français.

 Il est l'auteur ou le co-auteur d'un grand nombre d'ouvrages parus chez différents éditeurs, notamment  La Fabrique du crétin (Jean-Claude Gawsewitch, 2005) et La société pornographique (Bourin, 2012)

Il possède également un blog : bonnet d'âne

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Le ministère de l’Education annonce une réforme du collège, « maillon faible » d’un système qui ne compte plus guère de maillon fort, qui met à mal, encore une fois, la nécessaire transmission des savoirs, qui ne peut passer que par un apprentissage disciplinaire rigoureux.

Cette réforme réinvente l’eau tiède : pour ne heurter aucun groupe de pression, il n’est pas question de toucher au « collège unique », qui depuis quarante ans égalise par le bas les exigences.

Sous prétexte d’égalitarisme — qui n’est pas l’égalité —, le fait de commencer la seconde langue en Cinquième, en consacrant à cet apprentissage la totalité des postes prévus au budget (et sous réserve que l’on trouve dès 2016, malgré la raréfaction des candidats, assez de professeurs linguistes pour l’enseigner) a pour but unique de mettre en extinction les parcours supposés « élitistes », classes européennes ou classes bilingues. De surcroît, cet apprentissage se faisant à moyens constants se fera en défalquant une heure à la « première langue » en Quatrième et en Troisième. Inutile de dire que ce n’est pas ainsi que l’on forme des élèves trilingues.

Faut-il rappeler que l’urgence n’est pas d’apprendre précocement l’espagnol ou l’allemand ? C’est de savoir parler et écrire le français. La nouvelle définition du « socle de compétences », toujours plus bas, ne facilitera pas cet apprentissage primordial — y compris dans la perspective de l’enseignement de langues étrangères.

Inutile de noter que cette volonté égalitariste, comme les précédentes, ne changera rien aux difficultés des élèves les plus défavorisés. Quant aux autres, ils bénéficieront toujours d’un environnement familial favorable, ou auront recours au privé : cette réforme aura l’effet pervers prévisible d’orienter hors du public les meilleurs élèves, et démantèlera un peu plus le système national d’éducation.

Enfin, l’établissement de modules horaires transdisciplinaires sur des thèmes « citoyens » aura encore pour effet de réduire la part de l’enseignement disciplinaire, dissoudra la spécificité des enseignants en faisant du collège une continuation du Primaire, et ouvrira toute grande la porte à la panacée informatique, dont on sait, partout où elle est appliquée, qu’elle ne marche pas. L’apprentissage des langues anciennes, qui disparaît en tant que tel et sera désormais intégré aux horaires de Français, pourrait réapparaître via des cours en ligne : économies de postes substantielles, mais bénéfices pédagogiques douteux.

Au total, une réforme cosmétique, qui fera plaisir aux associations de parents d’élèves non représentatives et aux idéologues de la pédagogie, et enfoncera encore davantage le système français dans la médiocrité, le manque d’ambition, et l’auto-satisfaction.

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