"Foxcatcher": Bennet Miller, c'est du lourd <!-- --> | Atlantico.fr
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"Foxcatcher" est actuellement en salle.
"Foxcatcher" est actuellement en salle.
©Musée d'Orsay

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Avec cette histoire de lutteurs, adaptée de faits réels, Bennet Miller confirme qu'il a toutes les qualités pour s'imposer comme l'un des meilleurs cinéastes de sa génération.

Stanislas  Nordin pour Culture-Tops

Stanislas Nordin pour Culture-Tops

Stanislas Nordin est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

 

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Le réalisateur

Repéré au festival du film de Berlin, en 1999, pour son documentaire "The Cruise", sur le guide touristique Tim Levitch, ce n’est qu’en 2005 que Bennet Miller se lance dans le bain du long métrage. Son biopic sur l’écrivain Truman Capote offrira à son acteur principal, Philip Seymour Hoffman, l’oscar du meilleur acteur, et lui vaudra une nomination dans la catégorie du meilleur réalisateur. Six ans plus tard, il portera à l’écran l’épopée sportive incroyable de Billy Bean, manager d’une équipe de baseball, dans "Le Stratège", une nouvelle fois salué par la critique. Réalisateur qui aime adapter des destinés marquantes : «Pourquoi inventer des personnages quand il en existe des incroyables dans la réalité ? », il ne quitte pas l’univers du sport pour ce troisième film, récompensé du Prix de la mise en scène lors du dernier Festival de Cannes, en proposant au spectateur de découvrir l’histoire des frères Schultz, champions olympiques de lutte dans les années 80.

Thème

Foxcatcher s’inspire donc de l’histoire de Mark et Dave Schultz, tous deux médaillés d’or aux JO de Los Angeles en 1984. Le cadet, Mark, contacté par le milliardaire John du Pont est invité à intégrer une unité d’excellence de lutteurs au sein de la résidence familiale de du Pont. Un cadre optimal d’entraînement et de développement, dirigé par le mystérieux héritier, avec pour unique objectif de triompher au Olympiades de Séoul quatre ans plus tard.

Points forts

- La distribution est d’un très haut niveau : le trio Tatum / Carrell / Ruffalo est impressionnant (les deux derniers cités sont d’ailleurs en course pour une statuette aux prochains Oscars) :

- Tatum en colosse à la démarche animale, soumis à la pression imposée par du Pont ;

- Carrell, méconnaissable sous les postiches, sort totalement des rôles comiques dans lesquels on l’a connu pour incarner un personnage trouble aux confins de la démence ;

- Ruffalo parvient à apporter un semblant d’humanité et de normalité au sein de cet instable trio.

- La direction d’acteurs est elle aussi excellente. Il convient ainsi de saluer les très bonnes performances de Sienna Miller, épouse tendre; et de Vanessa Redgrave, en mère froide et distante.

- Il se dégage de ce film une dimension psychologique très forte et très symbolique : le thème de la filiation est évidemment abordé, par le prisme de Mark, enfant abandonné qui trouve en John une figure paternel; et par celui de du Pont lui-même, dont toutes les actions sont menées dans le seul but de trouver grâce aux yeux de sa mère.

- L’accomplissement personnel est également un sujet central du film : l’athlète qui souhaite se prouver qu’il peut atteindre ses objectifs par lui-même, sans l’aide de son coach; et l’héritier qui tente de donner un but à son existence, distinct de celui imposé par son statut et sa fortune.

- Le film poursuit jusqu’à son dénouement une ascension angoissante sur les chemins de la tension et de la paranoïa. Ce climat pesant est renforcé par une situation de quasi huis clos : l’isolement de cette gigantesque résidence fait étrangement penser à l’hôtel Overlook de Kubrick dans Shining.

Points faibles

- Certains plans où les prothèses de Carrell ou de Tatum son trop visibles. Mais cela ne nuit pas à l’ensemble.

En deux mots

Bennet Miller réussit encore une fois une brillante adaptation d’une histoire qui aurait pu ressembler à un vulgaire fait divers, sans sa talentueuse réalisation. Il prend le temps de filmer ses personnages et de développer son récit, lui imprimant un rythme crescendo, entraînant le spectateur vers son issue tragique, comme inévitable. S’il ne m’a manqué qu’un je ne sais quoi pour lui attribuer la note maximale, on peut se réjouir de ce début d’année cinématographique avec ce superbe long métrage !

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