Mensonges en série : révélations sur le PV d’audition de Claire Thibout, ex-comptable de Liliane Bettencourt, mise en examen pour faux témoignage<!-- --> | Atlantico.fr
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François-Marie Banier et Mme Bettencourt.
François-Marie Banier et Mme Bettencourt.
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EXCLUSIF

EXCLUSIF - Atlantico a lu l’interrogatoire de Claire Thibout du 27 novembre par le juge Le Loire. Visiblement, elle a menti. En affirmant que François-Marie Banier se trouvait en permanence au domicile de Mme Bettencourt. Qu’il utilisait son papier à lettre pour lui dicter ce qu’il voulait. Qu’il avait bénéficié de contrats d’assurance-vie alors que la vieille dame se trouvait en état de faiblesse.

Gilles Gaetner

Gilles Gaetner

Journaliste à l’Express pendant 25 ans, après être passé par Les Echos et Le Point, Gilles Gaetner est un spécialiste des affaires politico-financières. Il a consacré un ouvrage remarqué au président de la République, Les 100 jours de Macron (Fauves –Editions). Il est également l’auteur d’une quinzaine de livres parmi lesquels L’Argent facile, dictionnaire de la corruption en France (Stock), Le roman d’un séducteur, les secrets de Roland Dumas (Jean-Claude Lattès), La République des imposteurs (L’Archipel), Pilleurs d’Afrique (Editions du Cerf).

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  • Claire Thibout, l'ex-comptable de Liliane Bettencourt, aurait visiblement menti.
  • Elle avait affirmé que François-Marie Banier se rendait constamment  au domicile de Mme Bettencourt à Neuilly-sur-Seine et qu'il avait profité de l’état de faiblesse de cette dernière pour se faire octroyer des contrats d’assurance-vie
  • Claire Thibout se prend également les pieds dans le tapis sur l'argent que Patrice de Maistre aurait remis à Eric Woerth alors Trésorier de l'UMP.
  • Il semblerait que les attestations rédigées contre François-Marie Banier l'aient été à l’instigation de Françoise Meyers, la fille de Liliane.
  • Cette dernière aurait demandé à plusieurs employées de sa mère de témoigner contre Banier. la crédibilité de leur témoignage serait douteuse.
  • Ces révélations pourraient avoir des conséquences sur le procès pour "abus de faiblesse" prévu à Bordeaux à partir du 26 janvier 2015. Les principaux prévenus de ce procès ne sont autres que François-Marie Banier, Patrice de Maistre et Eric Woerth. Les soupçons reposaient sur des enregistrements pirates mais aussi des déclarations d’anciens employés de la vieille dame, dont celles de l'ex-comptable. 

Quelle que soit sa suite judiciaire - report ou pas du procès qui doit avoir lieu à Bordeaux à partir du 26 janvier - l’affaire Bettencourt restera une affaire balzacienne, comme si ses protagonistes nous avaient replongés au XIXème siècle. Une affaire où l’on voit défiler nombre d’amis, des vrais, des faux, des courtisans, avides de recevoir quelques libéralités d’une vieille dame très riche, Liliane Bettencourt, actionnaire principale de l’Oréal. Où l’on voit des membres de son personnel qui n’en finissent pas de raconter des ragots quand ce ne sont pas des mensonges purs et simples. Où l’on voit apparaître comme chef de file d’une partie de ces employés, la comptable de Liliane, Claire Thibout, qui pendant des mois devant la police, puis devant le juge d’instruction bordelais Jean-Michel Gentil, ne semble avoir eu qu’une triple idée en tête :

1 - Marteler que Nicolas Sarkozy avait bénéficié des largesses de Liliane Bettencourt pour financer sa campagne  présidentielle de 2007. 

2- Jurer que l’écrivain-photographe François-Marie Banier a usé de la faiblesse de Liliane pour se faire octroyer argent, tableaux de maîtres et assurances-vie bien garnies.

3 -  Affirmer encore qu’elle a donné 50 000 euros au gestionnaire de fortune de Mme Bettencourt, Patrice de Maistre.

Seulement voilà : les allégations de Claire Thibout, tant sur l’ancien chef de l’Etat que sur Banier et de Maistre se sont effondrées comme un château de cartes. Sarkozy a finalement obtenu un non-lieu après avoir été mis en examen par le juge bordelais. Quant à Banier, recalé dans un premier temps par le juge Gentil pour une plainte pour faux témoignage visant implicitement l’ex-comptable de Mme Bettencourt, ses pugnaces avocats, Mes Laurent Merlet et Pierre Cornut-Gentille, ont obtenu leur revanche à Paris puisque leur plainte a prospéré et débouché, le 27 novembre, sur la mise en examen de Claire Thibout par le juge Roger Le Loire. Une mesure que réfute totalement Me Antoine Gillot, l’avocat de l’ex-comptable. (Nous avons tenté de le joindre dans le passé ; il ne nous a jamais répondu.)

>>>>>> A lire également : la révélation par Atlantico le 28 novembre de la mise en examen de Claire Thibout pour faux témoignage

Ce rebondissement - les avocats tout aussi pugnaces de Patrice de Maistre, Mes Jacqueline Laffont et Pierre Haïk, avaient également déposé plainte - qui risque d’ébranler tout l’édifice du dossier d’instruction bordelais pourrait déboucher sur la convocation de trois autres membres du personnel de Mme Bettencourt. Avec en fligrane la délivrance d’un réquisitoire supplétif pour subornation de témoins. Une initiative que pourrait prendre le procureur de Paris, François Molins, dès qu’il aura en sa possession l’enquête de police effectuée par la PJ bordelaise à la suite d’un rapport du Tracfin. En effet, la cellule anti-blanchiment de Bercy, après avoir découvert que Françoise Meyers, la fille de Liliane avait accordé le fameux prêt de 300 000 euros Claire Thibout, tout en s’interrogeant sur sa réalité, avait alerté la justice… Cela, d’autant plus que cette somme a été débloquée au moment même - en novembre 2012 - où Claire Thibout était confrontée à Francois-Marie Banier et Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune de Liliane. En principe, les conclusions de l’enquête de police devraient se retrouver vite sur le bureau du procureur de Paris. Or à ce jour, rien semble-t-il…

Aujourd’hui, cette histoire hors norme qui a pris son envol grâce aux enregistrements sauvages et illicites du majordome de Liliane Betttencourt, Pascal Bonnefoi, a changé de nature avec la mise en examen de Claire Thibout. Désormais, il apparaît que cette dernière, aidée par l’infirmière de la vieille dame Henriette Youpatchou et sa femme de chambre, Dominique Gaspard se sont contredites et ont multiplié les mensonges dans leurs diverses déclarations. Lesquelles ont été infirmées par des employés de la vieille dame. Sur les 17 qui travaillaient à l’hôtel particulier du couple Bettencourt, 13 ont démenti catégoriquement les affirmations de Claire Thibout…Or, le juge bordelais ne semble pas en avoir tenu compte. Ne retenant que le témoignage de Mme Thibout. Lequel s’est avéré douteux. Guidé en grande partie par la jalousie, l’ex-comptable ne supportant pas que Liliane, de son plein gré, abreuve de cadeaux en tout genre l’écrivain - photographe dont elle appréciait l’humour, le caractère fantasque et son côté artiste. Françoise Meyers éprouvait elle aussi une aversion évidente à l’égard de Banier… Il fallait donc l’écarter. Aujourd’hui, la roue tourne. La preuve en est fournie par le procès-verbal d’audition du 27 novembre dernier de Claire Thibout. Atlantico a pu en lire les 17 pages. Elles sont  édifiantes, tant elles taillent en pièces les témoignages faits sous serment ainsi que les attestations tendant à démontrer que Banier était le mauvais génie de la vieille dame. Tout au long de son très long interrogatoire, Claire Thibout va se trouver en grande difficulté, le juge Le Loire parvenant à démontrer que cette dernière s’est retrouvée coincée tant elle s’est empêtrée dans ses contradictions et ses mensonges.

Les contrats d’assurance-vie souscrits au bénéfice de François-Marie Banier

Claire Thibout l’a affirmé au juge Gentil : les contrats d’assurance-vie souscrits par Liliane Bettencourt au bénéfice de de Banier l’ont été à une période où l’actionnaire principale de l’Oréal se trouvait en état de faiblesse. C’est une affirmation capitale puisque ces contrats portaient sur plusieurs millions d’euros. Sur ce sujet, l’ex-comptable n’y va pas par quatre chemins. Ainsi, sur le contrat Carfiff, elle martèle que Banier en a été bénéficiaire en mars 2003, à un moment où Mme Bettencourt était faible. Or le dit contrat désignait Banier comme bénéficiaire au 1 er janvier 1999. Idem pour le contrat Abeille-Vie. Elle le fait remonter à mars 2003. Encore. Or, selon les dispositions testamentaires de Mme Bettencourt, il remonte au 16 octobre 2002. Enfin, évoquant un troisième contrat d’assurance, Claire Thibout n’hésite pas à dire qu’il a été signé au profit de Banier le 16 septembre 2006… alors qu’en réalité c’est un testament olographe du 20 juillet 1988 qui  fait de ce dernier le bénéficiaire. Dans ces trois cas, Mme Thibout apporte la même réponse : "Je ne parle pas du testament mais de l’acceptation."

La présence permanente de François-Marie Banier et de ses proches au domicile de Mme Bettencourt

Dans une attestation datée du 14 décembre 2007, Claire Thibout affirme que depuis le décès d’André Bettencourt survenu le 19 novembre 2007, Banier et deux de ses proches, Martin d’Orgeval et le comédien Pascal Greggory sont tous les jours présents dans l’hôtel particulier de Liliane à Neuilly-sur-Seine. Premier couac : le 2 mai 2014, lorsque les gendarmes convoquent Claire Thibout, ils lui font savoir que Pascal Greggory était au Canada du 20 novembre au 3 décembre 2007. Deuxième couac : les agendas d’André Bettencourt pour les années 2006-2007 et de ceux de son épouse pour le premier semestre 2007 semblent démontrer que Banier et d’Orgeval n’étaient pas omniprésents. Ils laissent apparaître que le photographe a rencontré Liliane Bettencourt 4 à 5 fois par mois en moyenne au cours du premier semestre 2007. Réponse de Claire Thibout : "M. Banier venait sans rendez-vous. Il téléphonait : Liliane, j’arrive, qu’est-ce qu’il y a à manger ?"

Interrogé sur la fréquence des visites de Banier, le garde du corps de Mme Bettencourt déclare : "Il venait environ deux fois par semaine et d’Orgeval beaucoup moins…" Ce que confirme le cuisinier, Thierry Coulon : "Banier venait une à deux fois par semaine. Quant à Greggory, je ne l’ai jamais vu." Claire Thibout n’en démord pas : "Je conteste ces déclarations. Banier était là ; on voyait son casque quasi en permanence sur le petit guéridon à la porte d’entrée de Mme Bettecnourt. Il venait en scooter."

L’utilisation du papier à en-tête de Liliane Bettencourt par François-Marie Banier

Lors de sa confrontation avec Banier le 16 novembre 2012, dans le bureau du juge Gentil à Bordeaux, l’ex-comptable se montre catégorique : l’écrivain-photographe utilisait le papier à en-tête d’André et Liliane Bettencourt qui indique uniquement l’adresse 18 rue Delabordère Neuilly-sur-Seine. Toujours ce 16 novembre 2012, Claire Thibout affirme que François-Marie Banier en profitait pour dicter à Mme Bettencourt ce qu’elle devait écrire lors de ses échanges avec les avocats et le notaire, Me Normand. Enfin, Claire Thibout ajoute, qu’à partir de septembre 2006 - date qui n’est pas innocente puisque cette date marque selon l'instruction le début de l’état de faiblesse de Mme Bettencourt - , cette dernière n’ayant plus toute sa tête, Banier en profitait pour lui faire signer n’importe quoi. Mme Thibout en fait-elle trop ? En tout cas, en 2006 et 2007, Me Normand ne reçoit aucune lettre à en-tête de M. et Mme Bettencourt. En 2008, il n’en reçoit qu’une : le 23 novembre. Or à cette date, l’écrivain-photographe séjourne à Marrakech. Enfin, en 2009, le notaire Normand est destinataire de deux lettres dans lesquelles Liliane évoque ses relations avec ses petit-fils.
"Qu’en dites-vous", interroge le juge ? Réponse de Mme Thibout : "Je ne sais pas. M. Banier demandait effectivement au secrétariat du papier à en-tête du 18 rue Delabordère".

Les deux appartements que voulait s’attribuer Claire Thibout

A un moment donné, Mme Bettencourt envisage de lui prêter deux appartements qu’elle possède à Neuilly-sur-Seine. Or, visiblement, elle veut se les approprier puisque le 17 novembre 2011, elle transmet au notaire Me Normand les actes de propriété des deux appartements. Décidément hardie, elle lui transmet également la copie d’un projet de donation en sa faveur établie par le notaire. "Je n’ai jamais demandé d’appartement à Mme Bettencourt" a toujours affirmé Mme Thibout… Le 8 juin 2012, interrogée par le juge Gentil, elle parlait d’un projet de cadeau que lui aurait proposé en 2006 François-Marie Banier. Cadeau conséquent qui comportait des appartements, l’ouverture d’un compte en Suisse, des bijoux. Le prix d’achat de son silence. La volonté de Claire Thibout de mettre la main sur les deux appartements de Neuilly a fait voler en éclat la thèse du cadeau proposé  par Banier.

L’argent remis à Patrice de Maistre pour Eric Woerth

Devant le juge bordelais Jean-Michel Gentil, l’ex-comptable a confirmé, comme elle l’avait fait à la PJ de Nanterre avant que le dossier ne soit dépaysé à Bordeaux, que des enveloppes avaient servi à financer la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy. Elle citait même le nom de deux intermédiaires, Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune de Mme Bettencourt et Eric Woerth, trésorier d’alors de l’ UMP. Pour Nicolas Sarkozy, rappelons-le, le juge décernera un non-lieu après une mise en examen disons agitée… Ce 27 novembre, dans le cabinet du juge Le Loire, il est question, cette fois, de la remise de 50 000 euros à Patrice de Maistre. Lequel l’aurait à son tour reversée à Eric Woerth, l’ex-trésorier de l’UMP.  Or, à ce sujet, Claire Thibout va livrer deux versions et se prendre les pieds dans le tapis.  Question du magistrat : "Confirmez-vous  avoir remis à M. de Maistre 50 000 euros pour que celui-ci les remette à M. Woerth ? " Réponse : "Oui, je confirme."  Le juge enchaîne : "Lors de vos auditions, vous avez évoqué mars/avril 2007 [ pour le versement], avant la présidentielle. Puis [vous avez évoqué]  le 18 janvier 2007. Confirmez-vous cette date ?" Réponse : "Oui".  Nouvelle question : "Lors de votre audition par les gendarmes le 27 mai 2014, vous avez fourni deux versions différentes : 1- L’argent a été retiré à la BNP ; 2- Vous l’avez prélevé dans la sacoche de M. André Bettencourt. Pourquoi ?" Réponse ( peu précise) de l’ex-comptable : "C’est la même chose. J’allais chercher l’argent en banque. Je le remettais dans ma caisse. Je pouvais en donner à M. Bettencourt".

Les écarts de langage de François-Marie Banier à l’égard de Mme Bettencourt

Le 14 septembre 2011, dans le cadre d’un supplément d’information confié à la juge de Nanterre, Isabelle Prévost-Deprez, Claire Thibout raconte que Banier dénigrait par fax André Bettencourt, Françoise Meyers, ainsi que son mari Jean-Pierre. Elle ajoutait que Banier faisait preuve de vulgarité à l’égard de Mme Bettencourt qu’il appelait "la grosse." Ce 27 novembre, l’ex-comptable confirme…Pourquoi n’a-t-elle jamais montré ces fax vulgaires ? Réponse : "Vous savez, les fax, ça disparait". Le juge revient à la charge : "Comment expliquez-vous que Catherine Gandonnet, secrétaire de Mme Bettencourt, à compter du 18 juin 2007 ait déclaré que le contenu des télécopies adressées par François-Marie Banier à Mme Bettencourt étaient, durant cette période, anodins ?"  Réponse de Mme Thibout : "Je n’ai rien à dire." Le juge poursuit : "Comment expliquez-vous que les correspondances échangées entre Liliane et François-Marie Banier entre 1998 et 2009, saisi et placés sous scellés par la Brigade financière, ne révèlent aucun propos dénigrant les familles Bettencourt et Meyers ?"  Réponse : "Vous savez, on peut faire des tris dans les papiers."

Interrogations autour d’attestations sujettes à caution. Y aurait-il eu subornation de témoins ?

Grâce à diverses perquisitions et auditions effectuées lors de l’instruction, les avocats des parties civiles Mes Laurent Merlet, Pierre Cornut-Gentille pour Banier ont appris que plusieurs membres du personnel de Liliane Bettencourt, Chantal Trovel, secrétaire pendant dix ans d’André Bettencourt, Dominique Gaspard, la femme de chambre, Henriette Youpatchou, l’infirmière, Christiane Djenane, secrétaire, partie en 2007 ainsi qu’une amie de longue date Lucienne de Rosier ont rédigé des attestations-mettant en cause Banier  au cabinet de Me Martin, avocat de Mme Meyers. C’est ainsi que Mme de Rosier, interrogée par les gendarmes au printemps 2014, reconnaîtra avoir été conduite dans un cabinet d’avocat par Mme Meyers. "Qu’en dites-vous demande le juge, sachant que Mme de Rosier est née en 1925 ?" Réponse : "Je connais très bien cette dame. Elle va très bien." Quant à Dominique Gaspard, elle reconnaitra devant les gendarmes : "C’est à la demande de Mme Meyers que j’ai rédigé cette attestation"… Il s’agit d’une attestation dans laquelle la femme de chambre raconte avoir entendu une conversation entre Banier et Mme Liliane Bettencourt. Le premier évoquait  son adoption par la vieille dame… Dominique Gaspard raconte avoir rédigé son attestation un lundi, avant de se "rendre quelque temps après au cabinet de Me Martin pour reformuler ses propos et se faire mieux comprendre". La démarche de Françoise Meyers auprès des employées de sa mère, ne fait actuellement l’objet d’aucune enquête. Si elle était prouvée, elle pourrait recevoir la qualification de subornation de témoins et faire l’objet d’un réquisitoire supplétif. Mais nous n’en sommes pas encore là. Pour l’heure, cette affaire dans l’affaire tourne autour du faux témoignage de Claire Thibout. Il est vraisemblable que d’autres employés de Mme Bettencourt soient entendues, leur témoignage apparaissant d’une crédibilité douteuse.  Ainsi, Dominique Gaspard, la femme de chambre, interrogée à Bordeaux dans le cadre de l’instruction, a affirmé que François-Marie Banier "faisait boire" Mme Bettencourt lors de déjeuners dans les restaurants. Or, les patrons du Grand Véfour et de la Méditerranée se sont montrés catégoriques dans des attestations rédigées en 2012. Ainsi Guy Martin, le patron du Grand Véfour écrit : "Jamais Mme Bettencourt n’a été dans un état d’ébriété lors de déjeuners au restaurant." Mme Jabouille, directrice de La Méditerranée ne dit pas autre chose : "Elle buvait tout au plus un verre de vin. Je suis étonnée par de telles calomnies." Le témoignage d’Henriette Youpatchou, l’infirmière a de quoi étonner. Le 16 juillet 2010, alors qu’elle est entendue sous serment par la juge de Nanterre Isabelle Prévost-Deprez, elle affirme "qu’André Bettencourt se serait inquiété des agissements de François-Maris Banier envers son épouse". Claire Thibout confortera ce témoignage. Or, quatre autres employés contestent totalement cette version. Que ce soit une autre femme de ménage, le garde du corps de Mme Bettencourt et le majordome Pascal Bonnefoi. Que dire encore des allégations de cette employée qui affirme que Banier ne voulait en aucun cas que Mme Bettencourt ne passe une IRM ? Il a fallu, jurait-elle, qu’il se trouve en voyage à Moscou pour que nous puissions la soumettre à l’examen le 18 juin 2007… Sauf que ce 18 juin, Banier se trouvait bien à Paris. Il dinait même avec Veronica Hearst, l’héritière du célèbre patron de presse américain. Autant dire que l’audition de Claire Thibout, ce 27 novembre   a du être pénible. Car au grand jour sont apparues de nouvelles vérités qui montre que Banier, personnage excentrique, irritant, voire peu sympathique pour certains, semble bien avoir été victime d’une cabale, grâce aussi, si l’on  peut dire, à la collaboration de trois ou quatre employées de Liliane Bettencourt sous influence.

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