Génération femmes d’influence ou le combat contre le sentiment d’imposture des carrière women<!-- --> | Atlantico.fr
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Le Prix de la Femme d'Influence sera remis lundi 8 décembre à l'Hôtel du Louvre.
Le Prix de la Femme d'Influence sera remis lundi 8 décembre à l'Hôtel du Louvre.
©Reuters

Résiste !

Le Prix de la Femme d'Influence sera remis lundi 8 décembre à l'Hôtel du Louvre. La politique et l'économie seront représentées, mais pas seulement. Un événement dont Atlantico est partenaire.

Patricia Chapelotte

Patricia Chapelotte est directrice générale d’Hopscotch Décideurs, Présidente du club Femmes d’Influence et Présidente et créatrice du Prix de la Femme d’Influence. Experte en communication d’influence, elle est engagée pour l’entrepreneuriat et pour la cause des femmes

 

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Atlantico : Vous avez souhaité créer le Prix de la Femme d'Influence pour lutter contre le sentiment d'imposture que ressentent beaucoup de femmes et qui les font hésiter à se projeter dans des postes à responsabilité : d'où vient ce sentiment selon vous ? 

Patricia Chapelotte : J’ai créé ce prix avec pour objectif de mettre dans la lumière des femmes dont le parcours mérite une attention particulière. Nous voulons à travers ce prix valoriser des femmes qui incarnent des valeurs telles que l’audace, la créative, la conviction, la bienveillance et la responsabilité. Pour nous, il est important de faire découvrir des femmes qui sont les talents de demain, que l’on ne voit pas suffisamment dans les médias et qui peuvent devenir des modèles à suivre, qui permettront peut-être à certaines femmes d’oser, de créer des entreprises ou de prendre des postes sans avoir le sentiment de pas être à la hauteur. En effet, il existe chez les femmes ce sentiment d’imposture. Les femmes sont souvent leur propre frein pour percer le plafond de verre. Jean-Luc Petithuguenin, président de Paprec, raconte par exemple que certaines femmes refusent des promotions de peur de ne pas y arriver, de pas être à la hauteur. Des parcours de femmes comme celles que nous allons mettre à l’honneur peuvent inspirer et créer des vocations.

Les femmes sont-elles elles-mêmes le plus grand frein à leur progression du fait de leurs "états d'âme" ? Oo sont-elles victimes d'une éducation toujours sexiste malgré 50 ans de combat féministe ? 

Effectivement les femmes sont souvent le premier obstacle à leur progression. Il y  a encore des habitudes très ancrées dans notre société. Les femmes ont toujours une forme de culpabilité entre l’équilibre de leur vie personnelle et leurs enfants et des postes à hautes responsabilités qui sont extrêmement prenants. Je pense qu’aujourd’hui le mode d’éducation des filles doit évoluer. J’espère que la nouvelle génération sera plus armée pour lutter contre ces stéréotypes.  Malheureusement aujourd’hui, les disparités de salaires entre les hommes et les femmes persistent et c’est aussi un élément qui n’encourage pas les femmes à s’impliquer davantage dans leur vie professionnelle. Les femmes gagnent moins d’argent que les hommes à des postes équivalents, ce n’est pas normal ! Et quand il y a un choix de carrière à faire, c’est souvent pour cette raison là, que la carrière de l’homme est privilégiée. Ce qui est très frappant, c’est que le phénomène semble durer. J’ai croisé un couple de jeunes de 25 ans et encore aujourd’hui le garçon vit très mal que sa petite amie gagne plus que lui. C’est malheureusement une réaction encore tres ancrée. Il faut aussi revoir les principes d’éducation des garçons !

La femme de pouvoir n'est-elle pas contrainte d'être un tueur comme les autres ? Y-a-t-il vraiment une "manière d'être" féminine de réussir une carrière à responsabilité ? 

Dès lors qu’on arrive à des postes à responsabilités, il est clair que les hommes comme les femmes, doivent se battre pour réussir. Plus on gravit des échelons, plus la lutte et la concurrence sont fortes. D’ailleurs, nous avons lu dans la presse que  la décision de nommer Isabelle Kocher à la tête de GDF Suez n’a pas plu à certains hommes de l'entreprise, et que cela lui a valu quelques bâtons dans les roues.

Je pense qu’il y a une forme d’exercice du pouvoir au féminin. Comme nous le démontre le sondage Ifop que nous avons réalisé pour le lancement du Prix de la Femme d’Influence, les hommes jugent majoritairement qu’un meilleur accès des femmes à des postes de responsabilités aurait des conséquences positives dans quatre domaines testés, par exemple respectivement 58% et 57% pour le réalisme et le courage.

N'est-il pas paradoxal de revendiquer une spécificité féminine dans l'exercice du pouvoir à une époque où les études de genre et le débat politique soutiennent plutôt la vision que un homme et une femme, c'est la même chose ? Les femmes veulent-elles tout et son contraire ou assumez-vous une vision un peu réac' ?  

Je ne pense pas avoir une vision réac sur la place de la femme dans la société. J’assume le fait de dire qu’il y a des différences intrinsèques entre les hommes et les femmes, et les études anthropologiques le montrent. Historiquement, les hommes ont appris à défendre un territoire, à conquérir de nouvelles terres, à faire la guerre. Les femmes quant à elles restaient au foyer, étaient des protectrices de la famille, bienveillantes auprès de leurs enfants. Et ce phénomène se ressent encore aujourd’hui, notamment à travers les comportements de chacun. Par exemple en entretien d’embauche, les hommes sont davantage sensibles aux signes extérieurs de pouvoir (combien de personnes sous ses ordres ? le titre exact de sa carte de visite ? sa voiture de fonction ?). Les femmes sont davantage tournées vers la mission de l’entreprise, le projet , ses objectifs. Elles n’ont pas les mêmes interrogations, les mêmes exigences. Les signes extérieurs de pouvoir sont vécus différemment chez les hommes et chez les femmes. Les hommes y accordent beaucoup plus d’importance étant souvent dans une optique de démonstration de force. Vous allez me trouver extrêmement caricaturale, mais par expérience, et après avoir entendu plusieurs témoignages, je ne suis pas si éloignée de la réalité.

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