Cet ultime secret de beauté qu’Hollywood passe totalement sous silence<!-- --> | Atlantico.fr
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Pour travailler, les studios de retouche utilisent le logiciel Autodesk Flame
Pour travailler, les studios de retouche utilisent le logiciel Autodesk Flame
©Capture

Fake

Les plus grands acteurs se rendent régulièrement dans des studios spécialisés pour s'y soumettre et signent une clause de confidentialité qui les empêchent de dévoiler le secret.

Qui peut encore croire que les photos des magazines ne sont pas retouchées ? Photoshop est le meilleur moyen d'affiner les silhouettes, d'effacer les boutons ou de faire gagner dix ans d'âge au modèle. Mais désormais la retouche n'est plus l'apanage de la photo et les progrès des effets spéciaux permettent de transformer n'importe quelle vidéo, pour peu qu'on y mette le prix.

Les premiers effets spéciaux numériques sont apparus à la fin des années 1970, notamment dans la saga Star Wars qui a révolutionné le domaine. Au fil des années, la technique s'améliore. En 1982, Tron est même évincé des Oscars de 1983 car les effets spéciaux représenteraient une "tricherie" par rapport aux films classiques, comme le raconte l'Express. Révolution du moment, l'image semble terriblement désuète aujourd'hui car les techniques ne cessent de progresser et depuis les années 2000, un nombre considérable de films ou même de série TV utilisent des fonds verts pour incruster le décor numériquement. Le film Gravity est un modèle du genre. Pour tourner dans l'espace, les acteurs jouaient accrochés à des câbles pour simuler la gravité. Les fils étaient ensuite supprimés au montage.

Un autre film va marquer les spectateurs pour ses qualités numériques : L'Étrange Histoire de Benjamin Button, tourné en 2008. Il met en scène Brad Pitt dans le rôle d'un homme dont le cycle de vie est inversé. Né vieux, il rajeunit au fur et à mesure du film. Le vieillissement d'un acteur n'est pas une première. L'art du maquillage a déjà fait ses preuves dans ce domaine. En revanche, rajeunir un comédien ne peut pas se faire avec du latex et un pinceau. Brad Pitt a alors 44 ans et doit ressembler à un jeune homme de 20 ans. A l'image, le résultat est spectaculaire. C'est le studio californien Lola Visual Effects, créé en 2004, qui a été chargé du travail. Grace au numérique, les techniciens effacent les rides et rendent à l'acteur un visage de poupin. Même résultat impressionnant pour le film de super héros Captain America. Le studio a dû transformer Chris Evans, acteur bodybuildé en gringalet.



A partir de ces résulats, Hollywood comprend rapidement l'intérêt de cette technique pour ses acteurs : les rendre plus beaux, plus jeunes, jusqu'au moindre petit détail. C'est le "Beauty work." Le site FXguide évoquait déjà cette "rumeur" en 2011 sans pouvoir la confirmer, faut de témoignages. "Aucun acteur ne veut assumer qu'il a du ventre" s'amusait alors le site. Mais une chose était déjà une certitude, "le studio Lola est devenu maître dans l'art des retouches visuelles sur les comédiens."

Le site Mashable a enquêté pendant trois sur ce tabou que les ni stars ni même les studios ne veulent assumer.  "Personne ne ressemble à ce que vous voyez à la télévision et dans les films. Tout le monde est altéré", révèle ainsi Claus Hansens à Mashable. Hansen, fondateur de Method Studio, est devenu un des pionniers de la retouche vidéo sur les acteurs. Après des années de silence, il a accepté pour la première fois de parler de son travail afin que les jeunes qui idolâtrent les stars sachent "que ce qu'ils voient n'est qu'un écran de fumée". Et s'il refuse de citer des noms de stars qu'il a retouchées, par peur de s'attirer leurs foudres, il l'avoue sans mal : les célébrités et producteurs de cinéma dépensent des milliers de dollars dans le "Beauty work". Et pour cause : la retouche va de 500 à 2 500 dollars par prise.

A ses débuts, cette méthode était si chère qu'elle n'était réservée que pour des célébrités de l'importance de Brad Pitt. Aujourd'hui, en revanche, elle est devenue monnaie courante. Protégées par une clause de confidentialité, les stars d'Hollywood se rendent régulièrement dans les studios de "Beauty work" pour surveiller les retouches effectuées sur elles prise par prise. Et les ouvrier-artistes de la beauté digitale de blanchir les dents, affiner la taille, effacer les pattes d'oie… Tout l'art est de transformer sans que cela soit trop visible. "Cela bénéficie aux deux parties. Les producteurs du film veulent que leurs acteurs fassent sa promotion, il est donc important de les contenter", raconte le dirigeant d'un important studio sous couvert d'anonymat à Mashable. Et les stars sont tellement à cheval sur leurs retouches qu'elles n'hésitent à passer des heures auprès des artistes, étudiant à la loupe chacune de leur modification. Et si l'acteur retouché a trop bu, trop mangé ou pas assez dormi avant la prise, cela peut prendre beaucoup de temps… 

Les exigences des acteurs varient : certains chipotent sur des détails comme une mèche de travers quand d'autres demandent à ce que leur corps soit intégralement retouché. Et comme toujours à Hollywood, les caprices sont légion. "Il arrive que vous travailliez toute la journée pour changer une image et quand le travail est fini la star vous dit qu'elle préférait la première version", raconte Hansen, dépité.

Si Lola Visual Effects et Method Studios ont été des précurseurs dans le domaine, ils doivent désormais affronter la compétition partout dans le monde. Pour travailler, les studios de retouche utilisent le logiciel Autodesk Flame, bien connu des spécialistes. "Vous pouvez prendre des morceaux de peau du visage pour les transférer sur le corps (…) Mais même si le logiciel est devenu très performant, parfois vous devez le faire cadre par cadre. Si vous grossissez à l'extrême, vous ne devez pas voir que la personne a été retouchée", explique Hansen. Les retouches se jouent au millimètre près. "L'une des choses les plus difficiles est de travailler sur les yeux. Si vous photoshopez, déplacez l'œil de trois ou quatre clics, c'est une personne différente. Il faut faire attention à ce qu'il n'y ait pas trop de changement". Aussi, modifier un plan de trois seconde peut prendre entre trois à six heures.

Selon les sources de Mashable, une récente comédie mettant en scène une actrice quadragénaire a nécessité des retouches sur pas moins de 600 plans, soit trois mois de travail en continu. La récompense pour les fourmis travailleuses et invisibles ? Tous les journalistes ont noté à quel point la fameuse actrice avait l'air jeune et en forme et personne n'a osé remettre en cause sa bonne hygiène de vie ou ses supers gênes.  Inutile de chercher de qui il s'agit… les stars qui font appel aux studios de retouches prennent grand soin de couvrir leur trace !

Reste à savoir si les stars deviendront toutes aseptisées par la retouche numérique. Le débat se rapproche de celui sur les versions numériques des films tournés sur pellicule. L'arrivée des DVD et des Blurays a entrainé la numérisation des longs-métrages et de nombreux réalisateurs en profitaient pour modifier certaines scènes. C'est par exemple le cas d'E.T. l'extraterrestre au début des années 2000. A l'époque, son réalisateur Steven Spielberg avait remplacé des fusils aux mains de policiers par des talkies walkies, pour rendre la scène moins agressive. Quelques années plus tard, il fait amende honorable dans une interview pour Aintitcool.com. "Il n'y aura plus jamais de retouches numériques sur aucun de mes films" explique-t-il. "Laisser les films exister avec leurs défauts est un excellent moyen de marquer le temps et l'histoire". Peut-être les stars d'Hollywood finiront par suivre le même chemin.

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