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Comment la France s’est éloignée de sa démarche humaniste en Syrie en s’obstinant à soutenir le mauvais camp
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Mauvais choix

Depuis sa reconnaissance de la coalition rebelle en octobre 2011, la France fait preuve d'amateurisme et d'irréalisme en Syrie.

Randa Kassis

Randa Kassis

Anthropologue et opposante syrienne, Randa Kassis est fondatrice du Mouvement de la société pluraliste et ancienne membre du Conseil national syrien.

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Atlantico : Actuellement présidente du Mouvement de la société pluraliste, un parti syrien d'opposition, quelles sont selon vous les ambiguïtés du positionnement français en termes de diplomatie sur le dossier syrien depuis la reconnaissance de la coalition en octobre 2011 par la France ?

Randa Kassis : La France a fait des erreurs majeures sur ce dossier. Tout d'abord, c'était la reconnaissance d'une coalition qui n'a aucune influence sur les groupes  rebelles armés en Syrie et est manipulée par quelques pays comme les deux pays pétromonarchies l'Arabie Saoudite et le Qatar qui sont hostiles au processus politique. Ajoutons que la France n'a pas su revenir à une politique pragmatique concernant le dossier syrien.  De plus, la position étrange de la France soutenant les ambitions d'une Turquie arrogante sous la ferme direction de 'Erdogan et l'appui de son initiative pour établir une zone tampon sous l'hégémonie de cette Turquie néo-ottomane disqualifient la France. Dernièrement, la France a essaye de contourner l'initiative de De Mistura pour le gel de la zone d'Alep, en s'emparant de cette initiative et en tentant de la transformer en no-fly zone comme les Turcs le souhaitaient, ainsi qu'en négligeant la nécessité d'alléger les souffrances du peuple syrien. La France actuelle souffre d'un manque d'influence pour pouvoir imposer ses vues, notamment après des années d'errements sur ce dossier où elle s'est comportée en pays activiste et en analysant de manière totalement irréaliste les rapports de force.

Qu'est-ce que cette attitude peut révéler de nos véritables intentions régionales ?

La France actuelle n'agit pas selon ses intérêts, mais plutôt selon l'amateurisme politique de certains politiques ou diplomates. Le résultat de cette politique peut engendrer des problèmes de sécurité intérieure en France ou en Europe. L'affaire syrienne est devenue une affaire personnelle pour certains politiques.

Existait-il vraiment d'autres alternatives que le soutien aux rebelles islamistes "modérés" ?

Par expérience, nous voyons que la solution militaire ne résout pas les problèmes sur le terrain mais les complexifie dramatiquement. Elle n'engendre que plus de destructions et de morts en Syrie. La seule voie possible est la voie politique en intégrant la Russie et l'Iran à cette démarche. Seuls les russes sont capables d'exercer quelques pressions sur le régime syrien. Nous devons démontrer, une fois pour toute, qui sont les pays hostiles à ce processus politique et les écarter de ce dossier. Nous devons aussi mettre ces pays hostiles devant leur responsabilités, y compris, la Turquie qui mène un double jeu en soutenant  et en facilitant le passage de jihadistes en Syrie.

Dans quelle mesure un nouveau gouvernement alaouite pourrait-il avoir la légitimité suffisante pour stabiliser la situation ?

Tout d'abord et il est raisonnablement impossible d'écarter brutalement les alaouites du pouvoir régalien, notamment l'armée et les services de sécurité, sous peine d'engendrer un chaos qui faciliterait l'émergence de forces radicales à la tête du pouvoir à Damas. Néanmoins, les responsables alaouites devront apprendre à partager le pouvoir à l'avenir.

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