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Rien de mieux que de maîtriser vos émotions pour résister aux tentations culinaires.
Rien de mieux que de maîtriser vos émotions pour résister aux tentations culinaires.
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La faim n'est pas une fin

Sous l’égide de l’ONU se tient, du 19 au 21 novembre, un sommet à Rome pour lutter contre la malnutrition. Une névrose des temps modernes, directement liée à notre organisation économique : l’hyper consommation est encouragée jusqu'à en devenir un acte physique.

Catherine Grangeard

Catherine Grangeard

Catherine Grangeard est psychanalyste. Elle est l'auteur du livre Comprendre l'obésité chez Albin Michel, et de Obésité, le poids des mots, les maux du poids chez Calmann-Lévy.

Elle est membre du Think Tank ObésitéS, premier groupe de réflexion français sur la question du surpoids. 

Co-auteur du livre "La femme qui voit de l'autre côté du miroir" chez Eyrolles. 

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Atlantico : Quelles sont les "névroses" contemporaines que nous avons à propos de la nourriture ? Sachant que nous n’avons jamais eu autant les moyens de bien manger et sommes particulièrement informés à ce sujet, comment expliquer que nous adoptions de mauvais comportemens alimentaires ?

Catherine Grangeard : Nous sommes abreuvés d’informations et de messages qui s’opposent. Certains donnent envie tandis que les autres messages de santé sont des conseils médicaux demandant à être très rationnel et modéré dans nos comportements alimentaires. Nous penchons plutôt vers le message publicitaire qui invite à une sur consommation, ce qui est d’ailleurs son seul message, mais qui ne s’occupe absolument pas de la santé. Il y a en vente libre une profusion de produits voués à se faire plaisir et le jour où nous avons un déficit de plaisir nous allons les utiliser. L’information de santé raisonnable va donc s’affronter avec une autre information, "publicitaire" cette fois, qui est pour sa part de l’ordre du plaisir. A ce sujet, le plus gros pourcentage de publicité dans le domaine télévisé provient du monde agroalimentaire. C’est donc que cela rapporte.

Nous n’avons pas trop d’informations mais le rapport de force est inégal lorsque l’on a envie de se faire plaisir. Cela vaut d’ailleurs dans tous les domaines, pas uniquement celui de l’alimentation. Selon les tournures d’esprit des uns et des autres nous allons osciller entre le respect du premier ou du deuxième message. Notre envie de surconsommer peut être ponctuelle et on se dit dans ce cas « aujourd’hui je ne vais pas bien et je vais manger plus » ou alors c’est structurel et c’est dans ce cas une façon de résoudre des conflits internes. C’est comme ça que certains prennent du poids. Comme nous ne sommes pas uniquement des êtres rationnels nous allons faire des choix en fonction de nos états d’âmes, ces derniers étant parfois plus prépondérant que ceux guidés par notre raison.

La "névrose alimentaire" n’est pas une catégorie psychique et on parle plutôt de troubles du comportement alimentaire. Si les gens mangent trop puis font des régimes en se restreignant de façon trop importante la prise de poids est assurée. Les troubles du comportement alimentaire reposent donc sur une coupure avec une sensation de faim. La "névrose" de notre société concerne l’utilisation de la nourriture mais tous les individus qui mangent trop ne sont pas forcément pour autant des névrosés, cela peut être ponctuel.

Cette "névrose" actuelle est liée à notre organisation économique. L’hyper consommation est en effet encouragée. C’est quasiment un acte physique : si l’individu achetait uniquement en fonction de ses besoins, l’activité économique serait encore moins importante. Nous jetons beaucoup de nourriture alors que cela pourrait nourrir un certain nombre individus. La "névrose" est finalement d’utiliser la nourriture pour d’autres fins que la faim. C’est une "névrose" individuelle mais également collective et sociale. Certaines personnes font des choses contraires à leurs besoins et cela va à l’encontre de leur santé mentale. Ajoutons par ailleurs un autre phénomène : l’idéal de minceur de notre société. Pour être désirable il faudrait donc être mince comme on le voit avec les femmes mannequins qui sont maigres. Mais comment être maigre quand on mange tout le temps ?

Quel comportement alimentaire adopter lorsque l’on souffre de troubles du comportement alimentaire ? Faut-il consulter ?

Il convient d’avoir une attitude pluridisciplinaire, c’est à dire de mieux et moins manger si on est dans l’excès. Il faut s’intéresser aux raisons de notre dérèglement et pas seulement au comment. Comprendre ce qui est la racine d’un comportement est donc indispensable quelle que soit la manifestation ultérieure du règlement. 

Il est judicieux de consulter des psychanalystes quand on estime être névrosé mais il faut également s’occuper de diététique, car nous ne pouvons pas régler la question sans s’intéresser à ce que l’on met dans son assiette.

Les maladies cardio-vasculaires sont la première cause de mortalité dans le monde. Plus globalement, quelles sont les conséquences d’une mauvaise alimentation ?

Un tiers de la population française est touchée par l’excès de poids. Ces derniers et les troubles du comportement alimentaire ont des conséquences physiques et psychiques graves puisque les gens sont mal dans leur peau. Ils se compliquent alors la vie à tous les niveaux : personnel, intime (sexuel amoureux) mais aussi au niveau de la vie sociale en pouvant être victime de discrimination dans l’emploi.

C’est donc aussi bien compliqué pour les adolescents et les adultes que pour les enfants qui sont la cible de nombreuses moqueries. Le système est pernicieux : il donne envie de manger via la publicité et en même temps c’est un problème de santé publique qui coûte des milliards aux Etats. Il y a en effet des maladies qui sont les conséquences d’une nourriture excédent nos besoins.

Propos recueillis par Julien Chabrout

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