Pour "Sens commun" c'est sûr, Nicolas Sarkozy réécrira la loi Taubira<!-- --> | Atlantico.fr
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Une association à caractère politique affiliée à l'UMP entend peser sur la ligne du parti sur les questions sociétales.
Une association à caractère politique affiliée à l'UMP entend peser sur la ligne du parti sur les questions sociétales.
©Reuters

Mariage pour tous

Les candidats à la présidence de l'UMP s'expriment samedi chacun leur tour au meeting du mouvement Sens commun, à Paris. Une association à caractère politique affiliée à l'UMP qui entend peser sur la ligne du parti, notamment sur les questions sociétales.

Madeleine de Jessey

Madeleine de Jessey

Porte-parole de Sens commun et co-fondatrice des Veilleurs.

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Atlantico : Vous organisez  samedi un meeting national à Paris où vous avez invité sur l'estrade les trois candidats à la présidence de l'UMP.  Comment analysez-vous la venue de Nicolas Sarkozy, Bruno Le Maire et Hervé Mariton au même moment alors qu'ils ne s'étaient jusqu'alors pas retrouvés ? Avec 5000 adhérents revendiqués en l'espace d'un an, votre association à caractère politique est-elle une étape incontournable avant l'élection à la présidence de l'UMP ?

Madeleine de Jessey : C'est une belle surprise. Nous les avons invités et nous n'avons pas eu à nous battre pour qu'ils viennent. Ils ont pris conscience qu'il y avait un mouvement qui suscitait pas mal adhésion et une force de mobilisation importante puisque nos deux réunions publiques faites à l'UMP ont réuni  plusieurs centaines de personnes. Les candidats à la présidence de l'UMP ont compris que Sens commun était une force non négligeable avec des gens parfois assez éloignés de la politique. Sens commun a aussi un capital sympathie qui n'est pour l'instant pas entamé. Nous ne sommes pas là pour jouer aux épouvantails ou pour réclamer des postes mais pour être une force de proposition.

Alors que les candidats seront invités à prendre position par rapport à votre manifeste "La droite que nous voulons", qu'attendez-vous de leur venue ?

Que ce soit pour eux l'occasion d'être challengés  sur leurs points faibles et leurs points forts mais aussi de pouvoir donner un premier contact avec la politique, car pour pas mal de personne ce sera l'expérience d'un premier meeting politique. Nous espérons que ce meeting permette de dépasser les guerres d'ego dont l'UMP a souffert pour recentrer le débat vers l'essentiel c'est-à-dire les idées et les propositions. Les questions que  nous allons poser aux candidats seront fondées sur le manifeste.

Plus généralement, en quoi les positions des responsables de la droite "ne sont pas claires, fermes et intelligibles" sur les questions sociétales comme vous le dites dans votre manifeste ? Pourquoi la droite a-t-elle laissé la gauche "s’emparer des sujets de société" et les a "abandonnés par faiblesse ou crainte de divisions" ?

Il y a eu beaucoup de cafouillages lors du Mariage pour tous. On a l'impression que la société s'était emparée  de cette question mais que la sphère politique ne suivait pas nécessairement et qu'elle était débordée par la société civile. La droite a un peu esquivé ces questions lors de ses conventions. Il y a un moment où il faut que la droite arrête d'esquiver et qu'on prenne le temps d'en parler ensemble pour essayer de trouver un compromis sans accepter la compromission. On a vécu une mobilisation un peu craintive de la part des élus UMP qui étaient un peu hésitants alors que ¾ des députés ont au final voté contre. C'est dommage qu'ils ne se soient pas retrouvés dans la rue même si beaucoup de parlementaires se sont courageusement emapré de ces sujets-là.

A l'époque, la droite craignait la division et elle était obnubilée par des guerres de personnes. Elle n'a pas été au rendez-vous sur ces questions-là mais en même temps elle ne s'attendait pas à cette mobilisation et elle a été prise de court. Ces questions sociétales ont été par ailleurs au cœur de l'actualité à gauche car elle ne parvenait pas à résoudre les questions économiques.

Comment Sens commun compte-t-il réinvestir ces questions sociétales par le biais de l’engagement politique ?

Nous avons monté des équipes sur la famille et sur la question du mariage avec des juristes qui travaillent là-dessus. Ils feront au printemps un ensemble de propositions sur ces questions. Il y a par ailleurs des décisions qui se prennent au niveau local et nous avons des élus qui travaillent sur ces questions sociétales comme sur le mode de garde, le 100 % crèche ou non, la préparation au mariage civil pour des familles plus durables, etc.

Alors que votre mouvement n’est pas encore très connu et a été lancé récemment, le 19 décembre 2013, comment comptez-vous réussir à être un relais vis-à-vis des dirigeants UMP et peser à l'intérieur du parti ? Pensez-vous avoir suffisamment de poids pour influer sur la ligne ?

La présence des trois candidats samedi prouve que cette étape de reconnaissance de Sens commun est plutôt réussie car on se fixait cet objectif avant la fin de l'année. Sens commun est connu et reconnu par tout le monde à l'UMP. C'est un pari plutôt réussi même si la route est encore longue.

Concernant l'influence tout dépend de la réussite du meeting de samedi et des adhésions qui arrivent. On a franchi le cap des 5000 adhérents en juin qui est depuis dépassé. Nous sommes convaincus de pouvoir peser sur la ligne du prochain président de l'UMP mais Sens commun reste un pari et comme tout pari nous pouvons échouer.

Quelles garanties pensez-vous obtenir de la part de Nicolas Sarkozy concernant le mariage pour tous alors que le candidat à la présidence du parti a déclaré lors d'un meeting à Vélizy que "la réécriture de la loi Taubira sera obligatoire car la Cour de Cassation a pour la première fois fait le lien entre mariage et filiation"?

Nicolas Sarkozy est tout-à-fait capable de tenir sa parole sur ce sujet-là. Il y a tout intérêt et nous serons là pour l'accompagner dans cette persévérance. Cette prise de position va dans le bon sens. Nous en avions parlé avec lui lors d'un déjeuner rue de Miromesnil en septembre dernier. Il avait déjà un avis sur la question et à Vélizy il n'a fait que redire son point de vue sur le sujet.

Il y a chez des responsables UMP un désir de rassemblement et en même temps une crainte de pas être en mesure de rassembler si l'on prend des positions trop fermes sur ce sujet-là. Au contraire, les hommes politiques pourront rassembler lorsqu'ils auront des positions claires et qu'ils ne louvoieront plus.

Alors qu'une majorité de Français se prononcent en faveur du mariage pour les couples homosexuels (68%) et pour l'adoption (53%) selon notre sondage Ifop, l'abrogation de la loi Taubira passe-t-elle par un référendum ?

Lire à ce sujet : 68% des Français désormais favorables au mariage pour tous et 53% à l'adoption par les couples homosexuels

Au moment où cette loi a été votée une majorité de Français était largement contre l'adoption. Sens commun a un rôle à jouer pour faire mieux connaitre ces questions. Nous devons aussi montrer que les questions de mariage, d'adoption, de GPA et de PMA sont liées. La politique par sondage n'est pas toujours révélatrice du point de vue des Français. Je suis assez  réservée par rapport à cela. La position des Français évolue sans doute mais quand on vote une mauvaise loi, le temps aidant cette mauvaise loi se normalise petit à petit et semble acceptable.

Nous nous sommes prononcés pour remettre en vigueur la pratique  du référendum. Quand la loi a été adoptée une consultation nationale aurait été la bienvenue. Sur les questions économiques et sociales le référendum serait aussi utile car c'est l'un des moyens pour sortir du divorce entre les Français et leurs dirigeants. Nous serons amenés au printemps prochain à nous prononcer sur la question du référendum pour abroger la loi Taubira.

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