Accro au café ? Comment savoir quand vous atteignez la dose de caféine mauvaise pour votre santé<!-- --> | Atlantico.fr
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Le ressenti dû au café est propre à chacun.
Le ressenti dû au café est propre à chacun.
©Reuters

Addict

Il n'y a pas de dose standard de caféine, mais un ressenti des effets du café ou du manque de café propre à chacun. Une certaine tonicité, rapidité ou éveil devrait servir de critère.

François Baumann

François Baumann

François Baumann est médecin généraliste, fondateur de la Société de Formation Thérapeutique du médecin Généraliste (SFTG). Intéressé par toutes les dimensions des Sciences Humaines et Sociales qui participent à une meilleure santé des hommes, il a publié de nombreux ouvrages sur ces thèmes. Il est également enseignant à l'Université Paris V et membre du comité Scientifique International de l'UNESCO (département de Bioéthique).

Il est auteur de Burn Out : quand le travail rend malade, L'après burn-out et Le Bore-out, quand l'ennui au travail rend malade aux éditions Josette Lyon. 

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Atlantico : Matthew Johnson, professeur agrégé au département de psychiatrie à l'Université Johns Hopkins, a étudié l'intoxication à la caféine et ses conséquences sur le corps humain. Pour lui, il serait possible de mourir d'un surdosage en consommant en une seule journée environ 140 tasses de cafés. Quand les amateurs de café doivent-ils s'inquiéter de leur prise de caféine quotidienne ?

François Baumann : Le surdosage en caféine ou la dose prise avant un effort sportif important peuvent avoir des effets sur le cœur et le système nerveux. Tremblements, agressivité, voire désorientation peuvent apparaître ; sur le plan cardiaque, tachycardie (accélération du rythme cardiaque) ou/et extrasystole (trouble dans le rythme cardiaque qui devient alors anarchique) ; des états d'anxiété ou d'angoisse inexpliqués peuvent également survenir.

Quels sont les effets du café sur le corps humain (humeur, physiques, physiologiques etc...) et pourquoi ne sommes nous tous pas égaux ?

Comme pour toute molécule chimique, la caféine est métabolisée différemment en fonction des organismes auxquels elle s'adresse ; si certains individus n'auront que des effets discrets, d'autres, au contraire et pour les mêmes doses, pourront présenter des signes d'excitation ou des troubles digestifs (estomac essentiellement). Nous ne sommes donc pas tous égaux face à la caféine. Ainsi un café fort pris le matin pour se réveiller aura des effets angoissants pour certains, d'autres ne le supporteront pas du tout...

Pour Matthew Johnson, un surdosage serait cependant difficile, à moins de consommer plusieurs comprimés de caféines ou de boire un volume conséquent de boissons énergétiques d'une traite. Dans quelle mesure doit-on se méfier d'autres boissons contenant de la caféine tel que le thé (avec la théine), les boissons énergétiques, ainsi que la caféine qui contient une faible dose de café ?

Difficile de se surdoser en café, mais on risque de glisser des deux ou trois tasses généralement anodines par jour à plus de dix tasses. A partir d'un certain seuil (plus de deux ou trois tasses) il y a danger pour la santé. D'autant plus que de nombreuses boissons dites "énergisantes" ( le Coca-Cola en fait partie) contiennent généralement de la caféine.

Mais il faut également citer les boissons auxquelles on pense moins : le thé , la théine et la caféine sont identiques. Différence : le thé est beaucoup plus dilué, donc moins chargé en substances excitantes. Il faut compter aussi sur le café décaféiné qui selon le mode d'extraction de la caféine en contient cependant parfois de petites quantités…

Selon l'étude du Docteur Johnson "Une tasse fait vous sentir bien et alerte, mais cinq tasses peuvent vous provoquer des crampes d'estomac". Les effets de la caféine sur le corps humain permettent-ils de limiter sa propre consommation ? A partir de quel moment le corps alerte-t-il le cerveau ?

Le café pris en excès (plus de quatre tasses par jour), déclanche parfois des troubles digestifs ou des troubles nerveux (insomnies etc …). Le corps doit donc réagir face à ces excès de substance toxique et limiter ainsi une consommation qui porterait atteinte à la santé. En ce qui concerne le café, les limites sont souvent claires et incitent à la modération.

Les effets de la caféine sont-ils comparablement toxiques à ceux de la cigarette ou de l'alcool ? Existe-t-il un phénomène addictologique dans le café comparable à la drogue ?

Non, les effets du café ne sont pas comparables par leur toxicité à ceux du tabac ou de l'alcool, qui cependant sont souvent consommés de façon conjointe. D'où la difficulté pour relativiser les effets de chacun. Il n'y a pas à proprement parler d'addiction dans le cas du café, mais plutôt une dépendance, à la fois gestuelle et gustative.

Le café n'est pas une drogue. On ne peut donc pas parler d'addiction au café. Par contre il existe un syndrome de sevrage lors de l'arrêt brutal du café qui peut réunir : maux de tête, fatigue, somnolence... Souvent soulagés par la reprise d'une ou deux tasses.

D'après le docteur Johnson, bien que les cliniciens observent les avantages et les risques de la consommation de caféine, ses effets font encore l'objet de débats dans les milieux universitaires. Pourquoi la communauté scientifique s'intéresse peu aux effets de la caféine alors qu'il existe des effets sur le système nerveux que l'on a encore du mal à expliquer ? 

Difficile d'expliquer pourquoi le café, qui est l'une des boissons les plus consommée au monde, ne justifie pas d'études approfondies et scientifiques sur ses effets bénéfiques et néfastes.

Peut-être est-ce alors la rançon de sa gloire. Et utilisée raisonnablement et sans excès, le café est bénéfique dans la plupart des cas, dangereux pour la santé quand il est consommé en quantité excessive ou sans tenir compte de sa tolérance personnelle. Ainsi certains supportent très bien de prendre du café le soir et soutiennent même que cela peut les aider à dormir, quand d'autres resteront insomniaques avec une simple tasse consommée après dix sept heures !

Propos recueilli par Sarah Pinard

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