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Les associations : 
arme secrète anti-chômage ?
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Engagez-vous, qu'ils disaient

A l'heure où l'insertion professionnelle est parfois un chemin de croix, pourquoi ne pas miser sur l'engagement associatif ?

Jean-Michel Crovesi

Jean-Michel Crovesi

Ancien membre du Conseil de direction de Sciences-Po Paris

Fondateur des Jeunes Populaires de l'International.

Coordinateur adjoint du collectif France à venir.

 

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La publication des chiffres du chômage nous rappelle la précarité dans laquelle vivent les jeunes de France, comme autant d’individus incapables de se réaliser dans un projet. Derrière sa moyenne, le couloir des 20 – 25% de chômage des jeunes cache encore des inégalités frappantes et révèle un pays en panne d’ « ascenseur social », une université sans idées pour activer efficacement l’insertion professionnelle, une société du jeunisme qui leur refuse un droit d’accès au marché de l’emploi.

Dans la lutte contre le chômage, une piste est pourtant encore sous-estimée : l’engagement associatif. Symptomatique de cet oubli, la contribution de Terra Nova, publiée le 23 août dernier, et consacrée à l’enseignement supérieur, n’évoque ni le rôle des associations, ni celui des syndicats. Aucune note n’a été publiée sur ce sujet par aucun think-tank ; aucun parti politique n’envisage la vie associative comme un trait d’union évident entre l’enseignement supérieur et le marché de l’emploi.

Pourtant, sur le plan national et collectif, les associations représentent plus d’1,6 million de personnes salariées en France. Depuis le rapport parlementaire du député Derosier (2000), elles sont devenues une voie puissante de professionnalisation. Ce peut être aussi un tremplin vers un emploi dans le secteur de l’économie sociale et solidaire. Ce secteur reste en effet très mal connu des jeunes : 12% des 16-30 ans seulement se disent en mesure de d’en donner une définition claire. (Sondage CSA – Jeun’ESS, Juin 2011).

Sur le plan individuel et personnel, les vertus de l’engagement associatif sont nombreuses : relations intergénérationnelles, apprentissage et responsabilisation. La vie associative représente aussi un moyen de réinsertion scolaire et de conquête de son autonomie. Le cadre associatif peut enfin  ouvrir les portes à un réseau, ressource précieuse pour tout jeune en quête de son premier emploi. Près de 16 millions de personnes adhèrent aujourd’hui à une association. Certaines associations sont parfois même entièrement dédiées à la constitution d’un réseau professionnel pour les jeunes les plus défavorisés. Ainsi, l’association Frateli propose à des étudiants d’être suivis par des jeunes actifs au cursus proche de celui qu’ils mènent afin de les accompagner jusqu’à l’insertion professionnelle.

Car oui, si les jeunes issus des milieux défavorisés sont les premiers exclus du marché du travail, ils sont aussi ceux qui ont le moins accès à la vie associative. L’adhésion en héritage, qui participe à la reproduction sociale, est trop souvent constitutive de l’engagement : le diplôme et la catégorie socioprofessionnelle des parents déterminent l’acte de s’engager. Selon une étude de l’INSEE parue en 2008, plus le niveau d’étude est avancé, plus on tend à adhérer à un syndicat, un groupement professionnel ou une association culturelle. Il existe une vraie corrélation entre le milieu social et la propension à développer un réseau professionnel.

Il faut mettre un terme à cette inégalité qui discrimine l’intégration sur le marché du travail et dans la vie publique. L’Etat doit intervenir pour offrir à sa jeunesse des chances égales de s’insérer durablement sur le marché du travail dès la fin des études. Le marché du travail s’apparente aujourd’hui à un « marché caché » où l’embauche se fait plus aisément par le relationnel et le réseau que par l’offre d’emploi. Or le chômage persistant s’explique le plus souvent par des difficultés à trouver un premier emploi (selon la contribution de Terra Nova, depuis 1980 la probabilité de perdre un CDI est de 1%). L’association est indéniablement l’un des tremplins qui permettront aux jeunes de se former aux responsabilités et de se créer un réseau indispensable pour leur devenir professionnel.

L’Etat et les présidents d’université doivent s’engager pour réduire cet écart. On peut songer à la reconnaissance de crédits obligatoires pour tout projet associatif mené par l’étudiant pendant sa scolarité. Il pourrait aussi être opportun de simplifier davantage les procédures de déclaration de l’association et les rendre moins coûteuses, plus accessible à notre jeunesse. Les associations de parrainage pourraient enfin se voir reconnaître le statut d’associations d’utilité publique pour le rôle important qu’elles sont susceptibles de jouer dans l’insertion des jeunes issus de milieux défavorisés.

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