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Affaire UBS : "Il ne faut pas croire 
que les traders sont fous" !
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Kerviel bis

Quand un trader travaillant pour la banque suisse UBS perd deux milliards de dollars en quelques heures... Retour sur le pourquoi de ces pertes astronomiques.

Franck Margain

Franck Margain

Franck Margain est vice-Président du Parti Chrétien Démocrate et conseiller régional UMP en Ile-de-France.

Après des études en finances, il est devenu cadre dans une grande banque internationale.

 

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Atlantico : Que s’est-il passé exactement pour qu'un trader travaillant pour UBS fasse perdre 2 milliards de dollars à sa banque en seulement quelques heures ?

Franck Margain : Il y a deux versions. Selon la version officielle que publie la banque : c’est une affaire de très grosse transaction qui a été mal opérée. La baisse terrible des marchés, leur volatilité, n’a pas permis de boucler la transaction comme le trader aurait dû le faire, ce qui a entrainé des pertes gigantesques (2 milliards de dollars).

L’autre version qui sortira peut-être d’ici quelques jours, c’est que le trader aurait en fait été dépassé lui-même par les montants des limites qu’on lui a accordées. Il aurait donc essayé, comme dans l’affaire Kerviel, de camoufler sa position. Et comme les systèmes de contrôle sont beaucoup plus fiables et opérants aujourd’hui que dans le passé, cela a été découvert plus rapidement. Ce qui n’a pas empêché de perdre 2 milliards. Cette deuxième version est, pour nous professionnels, tout à fait possible, voire probable.

Les grandes banques - et UBS fait partie des 10 premières banques du monde - réalisent de très grosses transactions. Ce qui s'est passé pour UBS peut se rapprocher en fait d'un accident atomique. Tous les modèles de contrôle sont en place, mais vous ne pouvez pas empêcher un déraillement dû à une intervention humaine. Comme on a une volatilité des marchés excessivement forte, que les cours de la bourse peuvent fluctuer de 15% en une journée, il existe toujours une possibilité qu’on ne repère pas tout de suite l’impasse d’une grosse transaction. C’est précis, contrôlé, on fait très attention, mais vous n’empêcherez jamais l’accident. Et l’accident se retrouve facilement dans une période de grande volatilité. Souvenez-vous : l’affaire Kerviel s’est produite à un moment où les marchés étaient le plus secoués par la crise économique. Il y a forcément un lien entre ces montants de perte colossaux et la volatilité extrême d’une crise financière. J'entends par le terme "volatilité" la rapidité avec laquelle les cours fluctuent. En gros, les cours de la bourse agissent comme un yoyo qui irait très vite, avec une très longue ficelle.

Comment expliquer qu'un tel événement puisse justement se produire après le précédent de l'affaire Kerviel ?

Malgré des systèmes de contrôle très efficaces, vous ne pouvez pas empêcher tous les accidents. Cette erreur devrait se reproduire un jour dans une autre banque, dans 2 ou 5 ans. Il faut bien comprendre que c’est la très grosse fluctuation des marchés qui amène de très grosses opérations à mal se terminer, ou à être camouflées parce que le trader a été pris de cours.

Ce sont des métiers de très gros flux, qui exigent une rapidité extrême avec l’intelligence adéquate pour gérer le risque. Soit les marchés ont empêché de boucler en bonne et due forme cette position, soit c’est le trader qui a dépassé les munitions qu’on lui avait donné. Dans les deux cas le résultat est le même ! Mais comprenez bien que cela ne correspond pas à un enrichissement personnel du trader.

Quelle est la responsabilité personnelle du trader ?

Une banque au quotidien va échanger plusieurs dizaines de milliards par jour. Un trader manipule plusieurs milliards par jour, dans les grosses banques. Il ne faut pas croire que les traders sont fous ! C’est la mondialisation qui a amené les banques à se trouver dans une situation de très grosses transactions.

La banque UBS avait emprunté à l’Etat suisse, qui l’avait sauvée. Elle avait promis de faire une restructuration de ses activités de manière à ne plus être une banque en position difficile. Or aujourd’hui cela remet en cause le modèle UBS, c’est-à-dire qu’aujourd’hui les Suisses disent : « Il n’est plus question d’avoir un modèle de banques d’investissement». Et que met-on dans ce type de banques ? Il existe deux types de banques d’investissements : celle qui est au service de ses clients et qui ne spécule pas, et celle qui en profite pour spéculer. Je pense que le bon système c’est celui qui est au service des clients.

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