Total : L’héritage de Margerie avec lequel Desmarest et Pouyanné vont devoir composer<!-- --> | Atlantico.fr
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Thierry Desmarest et Christophe de Margerie en 2007 lors d'une convention de Total.
Thierry Desmarest et Christophe de Margerie en 2007 lors d'une convention de Total.
©Reuters

L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

Total vient de nommer Thierry Desmarest à la président du groupe. Patrick Pouyanné, qui dirige la division Raffinage-Pétrochimie, est nommé directeur général. Le nouveau tandem devra composer avec l’héritage de Christophe de Margerie, un capitaine visionnaire, stratège et charismatique. Le patron tragiquement disparu restera un cas d’école et un modèle de management.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Le groupe pétrolier qu’il dirigeait n’est pas une épicerie de quartier. Total, c’est une énorme entreprise, 190 milliards d’euros de CA et un résultat net à 11 milliards. Un empire de 100.000 personnes présentes dans 130 pays. C’est, de loin, la première entreprise française mais aussi une importante capitalisation boursière, souvent à égalité avec Sanofi.

Total, entreprise privée, était au cœur du système énergétique français. Un système où gravitent EDF, GDF-Suez et Areva. Toutes ces entreprises qui vont, pour des raisons différentes, changer de dirigeants. Ce secteur était devenu au fil des années l’un des plus puissants du monde et surtout l’un de plus influents par sa modernité et son dynamisme.

Ce système doit beaucoup à Christophe de Margerie qui avait soutenu un équilibre bâti sur trois piliers : l’électricité nucléaire (avec Areva, EDF et GDF-Suez), le pétrole, le gaz et les énergies alternatives avec le solaire et l’éolien. Total investissait beaucoup sur ces marchés. Mais le modèle laissé par Christophe de Margerie avait trois autres particularités.

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Tout d’abord, il avait le sens de l’image. En arrivant à la présidence de Total, il reprit les dossiers sensibles de la maison comme l’affaire Erika ou la catastrophe de Toulouse. Dès le départ, il essaya de communiquer les faits et les chiffres. On ne lui reprochait pas de vendre du pétrole parfois très cher parce qu’il expliquait pourquoi. On lui reprochait à peine de ne pas payer des impôts en France parce qu’il faisait ses bénéfices ailleurs.

Ensuite, il disait la vérité. Il parlait au personnel, aux actionnaires et il défendait l’entreprise enlançant des investissements à long terme. Le temps de l’énergie n’était pas celui de la spéculation. Il fallait prospecter et puiser du pétrole dans des régions à risque et attendre que les conditions ou les prix soient favorables.

Enfin, Christophe de Margerie était habité par la fibre du capitalisme et de la concurrence. Il ne pouvait pas imaginer d’autre système dans le monde pour créer de la richesse. Ceci dit, il savait aussi qu’une entreprise ne peut pas fonctionner contre son environnement et son écosystème. Ce qui lui valait parfois des sarcasmes du patronat officiel, qui lui reprochait d’être un peu trop laxiste ou généreux. Patrons de gauche, il ne faut pas exagérer mais patron lucide et pragmatiques sans aucun doute. Tellement lucide qu’à 63 ans il avait déjà préparé sa succession. Tout était prévu. On va s’en apercevoir dès aujourd’hui.

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